À seulement 20 ans, Clément Boudet est titulaire du prix du public au 39e Festival international de mode, de photographie et d’accessoires à Hyères. Un parcours atypique entre quête personnelle et passion pour la photographie.
D’où venez-vous, quel est votre parcours universitaire ?
« Je viens de Montpellier, j’y suis né et j’y ai toujours vécu. Après le lycée, j’ai fais une école de photographie à Montpellier pendant deux ans. J’ai obtenu le diplôme de photographe praticien cette année. »
D’où vient votre passion pour la photographie, quelle est votre évolution concernant cette activité ?
« J’ai toujours photographié autour de moi, avec mon téléphone. J’aimais capturer des instants de ma vie, des détails, des éléments, sans vraiment définir cette activité comme de la photographie. J’ai commencé à photographier à 16 ans, avec un appareil photo qui appartenait aux grands parents de ma meilleure amie. J’ai pu utiliser cette caméra à Paris, ou plutôt m’en servir comme je pouvais car je n’y connaissais rien.
J’aimais aborder les gens dans la rue pour les photographier. Je voulais capturer leur beauté, des détails de leurs vêtements. J’ai compris à ce moment que je voulais faire de la photographie : la caméra était un pouvoir, une manière de m’affirmer et de parler plus librement. C’était aussi une manière pour moi, étant de nature assez timide, d’aborder les gens plus facilement. J’ai toujours aimé la photographie, depuis petit mon œil était attiré par des choses que les gens ne remarquaient pas ou que moi seul voyait d’une manière différente. »
Quels appareils photo utilisez-vous ?
« J’utilise un Sony A7IV (c’est un numérique). J’aime l’argentique mais ça reste tout de même plus compliqué. »
Avez-vous un style de photographie particulier ?
« J’adorais et j’adore toujours la mode, j’ai commencé par photographier à travers ce prisme en faisant de la street photographie (des photos de rues). Mon œil était attiré par les vêtements, la beauté des gens qui les portaient. Le vêtement était quelque chose d’unique pour moi, l’habit permet de se créer une identité forte, de montrer une image de soi. Plus qu’un simple textile, c’est une identité, une armure qui nous rend fort, invisible. Il permet de cacher nos fragilités, nos cicatrices que nous voulons masquer à tout prix. J’ai ensuite découvert la photographie documentaire, la photographie de voyage, et j’ai tout de suite accroché. J’aime photographier des gens, des paysages. Je ne suis pas difficile : j’aime simplement photographier ce qui m’attire. »
Préférez-vous travailler seul ?
« Je travaille toujours seul, je pense que c’est la meilleure manière de se découvrir et de découvrir le monde. Seul, on est livré à soi-même, on n’a personne sur qui s’épauler en cas de problème et j’aime cette liberté. »
Comment s’est déroulé le festival à la Villa Noailles ? Avez-vous été soutenu dans ce projet ?
« J’ai candidaté grâce à un ami, qui m’avait parlé de ce festival. Je connaissais déjà la Villa Noailles mais je ne m’étais jamais penché sur ce concours qui m’était encore inconnu. J’ai postulé parmi de nombreuses personnes : le festival est international, il rassemble des milliers de gens dans le secteur de la mode, de l’accessoire et de la photographie. La sélection se fait en trois étapes : il faut candidater avec un projet, puis cinquante candidats sont sélectionnés. Enfin, le jury retient dix finalistes pour participer au concours.
J’ai eu du soutien mais c’était assez flou pour mes proches, qui ne connaissaient pas ce festival.»
Quelle série de photos avez-vous présenté au concours ?
« La série « Miroir » était un assemblage de huit tirages : sept en noir et blanc et une en couleur. J’ai photographié l’Inde pendant deux mois avec mon sac à dos. J’ai travaillé tout l’été dans un glacier pour financer un voyage, et une semaine avant la fin de l’été, j’ai pris mes billets pour Bombay sans vraiment réfléchir. C’est pour le moment le plus beau voyage de ma vie. »
Pouvez-vous me parler de votre voyage en Inde et de ce que vous en retenez ?
« À cet instant, j’ai 19 ans, l’envie de m’évader et découvrir le monde s’intensifie. Je suis seul, avec mon appareil photographique dans une terre qui m’a toujours émerveillé : l’Inde. C’est une quête, une exploration personnelle où les images sont des fragments de mon monde intérieur. L’appareil devient un outil d’échange, capturant les images, et à travers elles, les connexions et les moments de partage avec les sujets photographiés. Il s’agit d’une expérience visuelle de la complicité entre le photographe et l’inconnu, où l’objectif devient le vecteur d’une communication silencieuse, faisant disparaître la barrière de la langue. Je contemple un miroir de ma personne à travers des enfants et adolescents téméraires, sautant dans l’inconnu. Les sauts fixés dans les images deviennent les symboles de la liberté, du lâcher prise, les fantasmes de mon esprit. Leur force enfantine est douce, amicale, offrant une lueur d’innocence et d’espoir au milieu des défis auxquels le monde est confronté. »
Quelle a été votre réaction face au prix du public ?
« Je n’avais jamais participé à un concours ni exposé mes photos, hormis dans mon école. J’ai été choqué, très heureux, ce prix était pour moi le plus beau pour une première exposition. Gagner grâce au public était la plus belle reconnaissance pour un début. »
Clara Le Grand
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