Le nouveau gouvernement composé par Michel Barnier a été dévoilé samedi 21 septembre par Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée. Éric Dupond-Moretti laisse sa place de garde des Sceaux à Didier Migaud.  

 

À 72 ans, Didier Migaud possède déjà une longue carrière politique à son actif. Ancien membre du Parti socialiste, il est député de la quatrième circonscription de l’Isère de 1988 à 2010. En 2002, il est élu président de la Commission des Finances à l’Assemblée nationale, à l’unanimité des votants. À la suite de son dernier mandat au sein de l’institution, il est nommé président de la Cour des comptes par Nicolas Sarkozy en 2010. Ces deux derniers postes en lien avec le budget lui valent la réputation « d’homme des finances » dans l’échiquier politique.
Depuis 2020, il occupe la fonction de président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATPV). Cette autorité administrative est notamment chargée de contrôler les déclarations patrimoniales et d’intérêts des ministres.

Une première fois au sein du gouvernement

Malgré cette présence au sein de l’Assemblée nationale, Didier Migaud n’a jamais été membre d’un gouvernement. C’est une première qui risque de ne pas être de tout repos, puisque le service public de la justice est engorgé depuis des années et affronte de nombreux défis, notamment financiers. Sa connaissance des finances publiques s’annonce alors plus qu’utile dans ce nouveau rôle majeur. L’union syndicale des magistrats (USM) a d’ailleurs accueilli favorablement cette nomination, rassurée par ces compétences budgétaires.
Le Syndicat de la magistrature (SM), quant à lui, se dit prudent puisque le gouvernement composé quasi exclusivement de membres de droite et de centre droit « laisse peu de place à une vision progressiste de la justice ». En effet, le nouveau garde des Sceaux est la seule personnalité classée à gauche, choisie par Michel Barnier.

Cette couleur politique n’empêche pourtant pas le Premier ministre de mettre l’ancien député à la première place dans son ordre protocolaire, soit deux rangs avant Bruno Retailleau ministre de l’Intérieur. L’ancien garde des Sceaux occupait, quant à lui, la dixième place de cet ordre sous le gouvernement de Jean Castex.
Ce choix laisse alors penser que la politique menée par la tête de l’exécutif tend à accorder une importance toute particulière au système judiciaire. Des dossiers brûlants, mis en pause depuis plusieurs semaines, devraient occuper prioritairement Didier Migaud. On pense notamment à la réforme de la justice des mineurs ou encore à la crise de la protection judiciaire de la jeunesse.
Le ministre de la Justice devra donc composer avec ces nombreux éléments afin de mettre en place une politique efficace au sein de ce service public en tension.

Marianne COURBON