Les restaurateurs ont été contraints de fermer leurs établissements le 29 octobre 2020. Depuis, ils tentent comme ils peuvent de conserver un semblant d’activité en attendant une date de réouverture qui paraît s’éloigner sans cesse. Leur situation est d’autant plus difficile que le ministre de l’économie a fait de nouvelles annonces quant aux sanctions en cas de non-respect des règles en vigueur. 

 

Les mesures sanitaires se durcissent et se multiplient : couvre-feu à 18h, fermeture des centres commerciaux non-alimentaires… Le gouvernement fait tout pour éviter un confinement total. A ce titre, les restaurants sont fermés depuis l’automne. Lassés d’attendre une date de réouverture qui semble s’éloigner toujours un peu plus, certains ont bravé l’interdit en ouvrant malgré tout. Pour éviter que ces cas isolés ne deviennent une généralité, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire a décidé de renforcer les sanctions en cas d’infractions des règles sanitaires. Il a donc annoncé lors d’une intervention sur RTL, lundi 1er février, que l’accès au fonds de solidarité serait suspendu pour les contrevenants. « Tous ceux qui restent ouvert seront suspendus pendant un mois de l’accès au fonds de solidarité » déclare Bruno Le Maire au micro d’Alba Ventura. Il ajoute également qu’en cas de récidive, l’accès à ce même fonds sera définitivement coupé.

Cette déclaration du ministre n’est pas très bien accueillie par les restaurateurs. Ces derniers s’efforcent déjà tant bien que mal de maintenir leur activité tout en respectant les consignes sanitaires. Jean-Pierre tient un restaurant dans le 16ème arrondissement de Marseille, il s’est mis à la vente à emporter le midi pour conserver un minimum de clientèle. Il explique que la majorité de ses clients sont des travailleurs : « Ils ont besoin qu’on continue nos services, mais ça ne représente que 40% du chiffre d’affaires habituel ». A Langogne, en Lozère, Krystel s’est également adaptée avec la vente en drive. Mais ce n’est pas suffisant car, même en comptant les aides de l’Etat, il lui reste toujours les charges, le loyer et les factures. « Rien ne compense la perte de clients qui constituent notre chiffre d’affaires » se plaint-elle.

« C’est toujours un sentiment d’injustice d’être fermé et de voir les gens s’entasser dans les transports en commun et les supermarchés, là où les consignes ne sont pas toujours respectées ».

Pour Jean-Pierre, les sanctions annoncées par Bruno Le Maire manquent de logique. Même s’il se résigne : « il y a une loi, il faut la respecter ». Il éprouve toujours de l’incompréhension face au traitement des restaurateurs. « On respecte les consignes et les protocoles qui nous ont été donnés et une fois qu’on a tout mis en place on nous dit de fermer » s’insurge-t-il. Selon lui, fermer les restaurants n’empêche pas les gens de se retrouver et ne diminue donc pas le risque de contamination, « la seule différence c’est que les restaurateurs sont verbalisables ». Krystel se retrouve elle aussi très touchée par ces annonces qui la désespèrent plus qu’autre chose : « Je ne pense plus, je subis ».

En guise de réponse, le ministre de l’économie a rappelé que le soutien aux commerces et entreprises durera tant qu’il y aura des restrictions sanitaires. Les restaurateurs en bénéficieront aussi, même si pour eux le plus important est de rouvrir le plus tôt possible. Pourquoi pas en avril?

Mathilde Gibillino