Jeune par l’âge, grand par les rêves. Pierre-Louis Milon n’a que 22 ans, un âge où tant de jeunes se cherchent encore et se posent tant de questions. Lui a choisi son cap : la course au large. Son objectif ? Être le premier strasbourgeois à participer à la Mini-Transat, en 2023.
Soleil tapant, pas un nuage mais plein de copains à l’horizon. C’est ainsi que le jeune skipper Pierre-Louis aime imaginer son arrivée. « Je remplacerai les bouteilles de champagnes par des bouteilles de bière alsacienne » dit-il en rigolant. Car tout est possible à ceux qui osent, c’est ce que lui a appris son expérience scout. Tout comme la débrouillardise, l’envie d’être au contact de la nature et l’envie de se projeter. Une expérience fondatrice pour le jeune marin qui se remémore le sourire aux lèvres les projets qu’il a pu mener en étant plus jeune. Il se remémore sa participation à un rassemblement nommé Vis tes rêves qui l’a profondément marqué depuis ces 12 ans. « On m’a appris à rêver et à me lancer mais je ne pensais pas que mon rêve de grand large deviendrait réalité ». Car il n’y a pas si longtemps encore il n’osait pas s’imaginer une ligne d’arrivée. Mais aujourd’hui il est bien décidé à y arriver. C’est LA course. Enfin, la course idéale pour se lancer. Car bien sûr le Vendée Globe, le mythique tour du monde à la voile en solitaire trône dans ses pensées. Mais les plus grands marins ont fait d’abord leurs preuves sur la Mini-Transat, cette traversée de l’Atlantique en solitaire et sans assistance. « C’est un projet hyper formateur, je suis sûr que c’est ce dont j’ai besoin pour le moment ». Cette transatlantique, organisée toutes les années impaires, est une course de 4 050 miles nautiques ralliant les Sables-d’Olonne à la Guadeloupe avec une étape aux Canaries. Tenez-vous bien, c’est l’une des rares courses où, encore aujourd’hui, il n’y ni routage météo par satellite ni de contact avec la terre. « Ça fait un peu peur dit comme ça, mais c’est ce qui rend la course incroyable, c’est une véritable aventure ». C’est exactement pour cette raison qu’elle a été créée en 1977 par Bob Salmon. Renouer avec l’esprit d’aventure alors que les technologies se développent sans cesse.
Pierre-Louis découvre le bateau assez jeune, lors de ces vacances chez ses grands-parents à la Grande-Motte où il fait des stages d’optimiste. Puis vers 12/13 ans il découvre les Glénan, une école de voile située sur l’archipel du même nom, en Bretagne. C’est le coup de foudre, « une révélation ». Dès lors il sait qu’il voit son avenir sur un bateau ou du moins pas très loin. Il est séduit par le côté sauvage des îles, l’horizon à perte de vue, la vie en communauté et l’entraide, « tout semble si simple sur l’île ». Chaque séjour représente une bulle d’air, une réelle déconnexion et petit à petit il comprend que c’est ce qu’il recherche. Il est frappé de constater que le 14 juillet 2016, lors de l’attentat de Nice, il profitait paisiblement de la vie aux Glénan. Ce n’est qu’en rentrant chez lui, une semaine plus tard, qu’il découvre ce qu’il s’était passé. De là il prend conscience du côté très anxiogène de sa vie, à Strasbourg, rythmée par l’actualité. Il se rend compte qu’il est bien mieux sur son île ou sur un bateau.
« Je n’ai pas baigné dans le milieu marin et c’est ce qui représente une de mes forces » est fier d’indiquer ce Strasbourgeois. Effectivement, sa ville natale se situe même géographiquement à l’opposé du berceau des marins français. Pierre-Louis a appris à connaître la Bretagne ces dernières années. « J’aime cette région comme nous les Alsaciens, les Bretons sont des bons vivants, fiers de leur région » dit-il en rigolant. Cela fait maintenant un moment que Pierre-Louis parle de course au large et du métier de skipper qui l’inspire tant. Très souvent, on a ri de ces projets. Trop souvent. Car oui, la mer la plus proche est à plus de 500 kilomètres de chez lui. Et lui-même en rigole, mais aujourd’hui il prouve qu’il en est capable. « J’aimerais être le premier Strasbourgeois à participer à la Mini Transat, et prouver à tous ceux qui m’ont dit que je n’y arriverai pas que c’est simplement une question de détermination ». Car, quand on veut, on peut. C’est ce que lui ont prouvé les personnes qui l’ont inspiré – et continuent de le faire. « J’ai toujours été intéressé par les choses hors du commun, je m’inspire de ceux qui osent pousser les limites, comme l’aventurier Mike Horn. « Cet homme est vu comme complètement fou, car il tente des choses que tout le monde pense impossibles, et pourtant il y arrive ! ». Pierre-Louis aussi, compte expérimenter : « Je ne veux pas refaire ce qui a déjà été fait. Je rêve de faire quelque chose que personne n’a jamais fait, de réaliser des premières mondiales ». Evidemment dans un premier temps, il lui faudra marcher sur les pas des plus grands.
En attendant, le jeune-homme se voit aller d’étape en étape. Il considère que le plus gros pas est passé. Le pas qui consiste à se lancer, même si le projet ne vient que de commencer. Le jeune marin est actuellement à la recherche de 125 000 €, le budget nécessaire dans les deux prochaines années pour participer à sa course. Pour ce faire il toque à la porte d’entreprises à la recherche de celle qui donnera son nom à son bateau. Dans le même temps, il rencontre des anciens et futurs participants de la Mini Transat pour discuter projets, bateaux, solutions. Il est sur le point d’acheter son bateau, un Mini 6.50. « J’ai hâte de pouvoir commencer à travailler dessus » confie-t-il les yeux pleins d’envie. En attendant, il navigue sur les bateaux des autres participants, à qui il donne un coup de main en échange, « une belle preuve de solidarité entre marin ». De quoi bien se préparer pour les courses de qualification qui auront lieu d’avril à septembre 2022. En attendant, Pierre-Louis Milon s’investit scrupuleusement dans la mise en place du projet, la rédaction de dossier de partenariat, la mise en place d’une stratégie de communication digitale, les rencontres. Une fois encore il se rappelle cet événement scout qui l’a tant marqué. Vis tes rêves. « C’est là que j’ai compris que rien n’est impossible dans la vie. Il suffit de se fixer un cap. Aujourd’hui, mon cap c’est la Mini transat et je suis bien parti ! ».
Lenna GWISS