© Aliénor Lefèvre
« La rivière sortirait-elle de son lit ? » Fabien Roussel a créé la surprise dimanche 6 février au parc Chanot à Marseille en rassemblant plus de 4 000 personnes à son premier grand meeting national. Alors que les élections présidentielles françaises débutent dans moins de 70 jours, les traditionnels meetings politiques s’enchaînent. Du côté de l’extrême droite, les deux candidats ont choisi le même jour pour s’affronter par meetings interposés ce weekend. Le candidat du Parti communiste Français, lui est allé à la rencontre des Marseillais. Ce rassemblement diffusé sur quatre chaînes en simultané signe le lancement officiel de la campagne du candidat « proche du peuple » qui compte sur cet après-midi pour dévoiler son programme.

Aux portes du hall 8 du parc Chanot, l’ambiance est festive. Alors que des tambours résonnent, les adhérents du PCF sont à pied d’œuvre pour accueillir le public. Avant d’entrer dans la salle, distribution de tracts et de pin’s, mais aussi de masques FFP2 et de gel, crise oblige.

La jeunesse ne s’est pas bousculée pour aller voir le candidat du PCF. Pourtant, quelques membres du mouvement des jeunes communistes français sont présents pour manifester leur soutien. « Nous sommes près de 2000 jeunes communistes en France et ce chiffre est en hausse » se réjouit un membre du mouvement. « Nous avons beaucoup d’espoirs sur le résultat de Roussel au premier tour, c’est le seul candidat qui ne fait qu’augmenter dans les sondages ».

Il est 15 heures. Un décompte s’affiche sur les grands écrans. Lorsque le 0 apparaît, son staff de campagne commence à se présenter. De nombreuses personnalités montent sur scène pour soutenir le candidat à l’instar de François Cocq. « Moi qui ne suis pas communiste, j’estime que la candidature de Roussel est désormais utile et indispensable », confie l’ex porte-parole de campagne d’Arnaud Montebourg. Le président du journal La Marseillaise, Léo Purguette prend également la parole. Le ministre de la Consommation espagnol, Alberto Garzon, marque son soutien à distance. Enfin, Eliane Assassi, la représentante du PCF à l’Assemblée nationale, ainsi que le député André Chassaigne, ont le droit à une standing ovation de la part de la foule alors  survoltée.

Il est 15h30. Celui que les plus de 4000 présents attendaient avec impatience arrive enfin. Fabien Roussel traverse la salle en serrant la main de ses sympathisants, émus de le rencontrer. Tous en chœur crient et répètent « Roussel Président ! ». Lorsque la foule se calme enfin, le candidat lance avec sarcasme « On dirait qu’il y a un petit peu plus de monde que prévu ! Ça déborde ! La rivière sortirait-elle de son lit ? ».

Fabien Roussel débute son discours par un éloge de la ville qui l’accueille. « Marseille est unique, jeune et populaire, à l’image de notre campagne ». La foule applaudit et acclame le candidat. Les traditionnels remerciements effectués, Fabien Roussel entame la litanie des mesures qu’il souhaiterait mettre en place si les Français décident de le placer à la tête de l’Elysée en avril prochain. « Nous voulons des réformes populaires, heureuses, qui redonnent le sourire ! » commence-t-il à l’image de son slogan « La France des jours heureux ». Au cœur de son discours, sa vision du travail est largement explicitée « la plus belle richesse de la France c’est le travail ». Semaine de 32h, retraite à 60 ans, suppression des lois El Khomri, Smic à 1 500€ nets par mois. « Je veux des bons salaires » martèle-t-il. Son auditoire applaudit à chacune des annonces propres au PCF. Pour montrer son opposition, Roussel n’hésite pas à critiquer certaines mesures prises par Emmanuel Macron lors de son quinquennat. Le candidat souhaite réinstaurer l’ISF (l’impôt sur la fortune) supprimé par le Président en 2017. « Le ruissellement Macron, c’est terminé ; nous ce qu’on veut en 2022 c’est le Roussellement ». Ses adhérents se lèvent et agitent les drapeaux à l’effigie du parti en signe de d’approbation.

Après plus d’une heure à exposer sa vision de l’école, l’écologie ou encore la jeunesse, Roussel conclut son discours en affirmant son espoir de réaliser « une percée spectaculaire ». Il est 16h45, « Vive la France des jours heureux » crie une dernière fois le candidat. La foule est en délire, les drapeaux s’agitent et la Marseillaise est entonnée. Une fois l’hymne national terminé, sans transition, l’International communiste débute, les adhérents lèvent leur poing et chantent en chœur. « C’est toujours comme ça dans les meetings communistes, après la Marseillaise nous chantons l’International » s’enthousiasme avec fierté Cyril, membre du mouvement des jeunes communistes français depuis 2016. 

Aliénor Lefèvre