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Le cannabis est la drogue illicite la plus consommée en France et une des plus faciles d’accès. Frédéric, 23 ans, y a gouté dès son jeune âge grâce à des camarades de son lycée. Erreur de jeunesse ou expérience d’une vie : il se bat aujourd’hui pour rompre avec sa dépendance.

« Je me disais que ce serait fun. » Frédéric se souvient parfaitement de la première fois qu’il a touché au cannabis. Il n’avait que 15 ans lorsque ses camarades du lycée apportent de la weed à l’école et lui proposent d’essayer tous ensemble. Un jour qui marque, selon lui, son premier pas vers l’abîme. Au début, Frédéric a l’impression de pouvoir gérer. Mais très vite, il ressent le besoin d’en consommer tous les jours avec ses copains. Aucun d’entre eux ne pouvait s’imaginer qu’ils deviendraient addicts aussi rapidement. « Tout est allé si vite ! »

À sa sortie du lycée, il espère mener une vie normale, comme ses amis. Il s’inscrit à la Faculté de lettres de l’université d’Aix-Marseille et s’installe dans la ville d’Aix-en-Provence. « Je voulais prendre un nouveau départ. » Cependant, il se heurte à des problèmes de concentration. Au bout de deux mois seulement, il plie bagages et retourne chez ses parents à Fuveau. Il admet aujourd’hui que sa démotivation dans les études est en grande partie liée à sa dépendance au cannabis.

Une démotivation qui le suivra même dans sa vie professionnelle. Il enchaine les petits boulots et ne parvient pas à trouver de stabilité. « Je suis toujours content quand je décroche un job. Mais je ne le garde jamais longtemps. » En effet, Frédéric n’a jamais travaillé plus de six mois au sein d’une entreprise. « Je finis toujours par craquer et mes relations avec mes patrons se terminent toujours mal. Je ne les préviens jamais de mon départ. »

Arrêter le cannabis pour retrouver sa liberté

Septembre dernier, Frédéric s’est fait contrôler par la police et a été conduit au poste. « C’est là que j’ai compris que je devais tout arrêter », explique le jeune homme, pour qui cette expérience a été particulièrement traumatisante. Il venait de se réapprovisionner en cannabis quand il s’est fait interpeller. « Je ne m’y attendais vraiment pas. »

De retour chez lui, Frédéric connait par moment des crises d’angoisse et de paranoïa. « Il s’est même rasé la tête car il ne voulait pas que les policiers le reconnaissent », confie l’un de ses proches. Le jeune homme peinait même à quitter sa chambre. Il ne se sentait plus en sécurité à l’extérieur. Un simple regard d’un passant dans la rue ou dans un parc le poussait à fuir.

Cependant, sa mésaventure présentait également de bons côtés. En fuyant certains quartiers d’Aix-en-Provence, Frédéric n’avait plus accès à sa dose quotidienne de cannabis. Si au début il voulait juste faire une pause et reprendre plus tard, aujourd’hui il ne souhaite plus du tout y toucher. « Ma vie est beaucoup mieux maintenant », se réjouit-il, après cinq mois de sevrage, même si le manque reste toujours présent et très fort. Le jeune homme n’a toujours qu’une seule envie : arrêter. Pour lui, il n’est pas question de baisser les bras.

C’est plus difficile de s’en sortir … seul

Aujourd’hui, Frédéric a pris la résolution de se faire accompagner. Il a repris contact avec sa famille. Son père est heureux de l’aider dans son combat contre la dépendance. « Il me fait voir un spécialiste et ensemble on fait beaucoup de sport également. On adore courir. » Selon lui, il est important d’avoir le soutien des siens dans ces circonstances. « Cela rend la tâche moins lourde. » Il n’hésite plus à parler de ses problèmes autour de lui. Aujourd’hui, il souhaite même sensibiliser les jeunes aux conséquences désastreuses de telles substances. « Je leur explique que même la curiosité a ses limites. »

Nerphalone Saint-Rival