© Camille Dessendier

Le GR20, Aix en foulées, Marseille-Cassis (ce dimanche 31 octobre) … Camille enchaîne les défis sportifs. Et elle ne semble pas prête d’abandonner ses baskets de sitôt. Malgré les difficultés, les incertitudes et les blessures.

Camille, chargée de communication et intervenante universitaire, a une vie professionnelle très remplie. Cependant, le sport dispose d’une place conséquente dans son quotidien, surtout ces dernières années. Peut-être parce que son père était champion d’athlétisme en Corse autrefois. Peut-être parce que cette activité est un merveilleux exutoire. Surtout deux sports : la course et la randonnée. Elle a très vite le mal des sentiers plus ou moins escarpés, des paysages plus ou moins sages et du grand air, si nécessaire. Ce besoin s’est intensifié depuis le GR20, réalisé en 11 jours au lieu de 12, au mois de juin. Elle a partagé cette expérience hors du commun avec Charlotte, amie et soutien sportif depuis désormais trois années.

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« Enfant, je rêvais déjà de faire le GR20 »

Camille a toujours plus ou moins couru. Sans véritablement planifier ses séances ou ses footings. L’ENSS, les Cross, … Elle participe à bon nombre d’événements sportifs, avec beaucoup de plaisir. Puis tout s’accélère lorsqu’elle décide de s’inscrire au club d’athlétisme d’Aix en septembre 2020. Deux mois plus tard la crise du Covid sonne l’arrêt des entraînements. Et l’annulation d’Aix en foulées, course du mois d’octobre, partenaire des associations Point Rose et Mécénat chirurgie cardiaque.

Cependant, Camille n’abandonne pas. Elle a un rêve, le GR20, et elle compte bien le réaliser. 180 kilomètres à parcourir. En octobre dernier, Charlotte lui dit oui. Elles se retrouvent soudées – non pas par les liens du mariage – mais par un même objectif, peut-être tout aussi fort : cette randonnée en pleine nature corse. Ce qui accroît sa motivation. « Ce n’était pas la première fois que quelqu’un adhérait à l’idée, mais jamais le projet n’avait abouti ». Avec Charlotte, tout a été différent. Les maîtres mots ont été planification, organisation et préparation. Six mois de réflexion logistique et de renforcement physique. Au départ, elles n’ont aucun matériel : ni tente, ni sac de couchage, ni sac à dos adaptés pour cette folle aventure. Aucun équipement pour se protéger de la tête au pied. Et tout cela nécessite un certain budget. C’est à coup de tutos, de vidéos Youtube, de livres et de conseils qu’elles sont parvenues à discerner ce qui leur faut faire et savoir. Le poids du sac est notamment au cœur de la performance et donc de la réussite. « Combien de personnes avons-nous vu faire demi-tour, baissant les bras, à cause de sacs trop lourds ? » Finalement, elles portent 12 kilos, dont 3 litres d’eau. A cela s’ajoute la séance de coaching chaque semaine à partir de février (dédoublée fin avril), les runs hebdomadaires et les deux randonnées par mois, prévues dès décembre. Un entraînement très intense, trop intense … Qui lui vaut une blessure. Mais pas un abandon, malgré le stress. Deux séances de kiné ont été placées dans un emploi du temps bien chargé.

© Camille Dessendier

« Je pourrais quasiment parler d’un parcours initiatique »

Le mois de juin arrive, sonnant le départ vers l’île de beauté dont les sommets sont encore enneigés. « Je souhaite à tout le monde de vivre une telle expérience ». Voilà comment Camille résume ces onze jours, avec beaucoup d’émotion dans la voix et d’étoiles dans les yeux. Déconnexion dans un monde ultra-connecté, rencontres inoubliables dans une société parfois si individualiste, découverte de l’immensité et éloignement de nos villes, quelque peu étouffantes. Repousser ses limites, avant tout, évidemment. Se lever à 4h30 du matin, remballer, avancer – jusqu’à 15 heures par jour. « J’ai pris conscience de la force de nos cerveaux. Chaque soir, épuisée, je me demandais comment j’allais pouvoir continuer. Et chaque matin, j’étais sur le sentier ». Elles sont parties à deux, ils ont fini l’aventure à six. Elles ont donné rendez-vous aux quatre randonneurs à Aix-en-Provence à la fin de l’expérience. Tous incapables de se séparer si brusquement. « Nous étions ici pour la même chose, atteindre la ligne d’arrivée, quoi qu’il en coûte en sueurs et en larmes. Nous avons tout partagé. Nous nous sommes entraidés ». S’émerveiller, pleurer et se ressourcer ensemble, finalement.

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« Aix en foulées, c’était une évidence »

En octobre, les deux amies se retrouvent à nouveau, pour une nouvelle épreuve : Aix en foulées. Peu d’inquiétude quant à la difficulté physique après le parcours corse. Cette fois, 10 kilomètres les attendent. Camille y avait déjà participé en 2018. Mais aujourd’hui, elle court deux fois par semaine. Elle se sent bien plus préparée. « Dix kilomètres, c’est ce que je fais au minimum lorsque je m’entraîne ». Son frère lui promet un restaurant si elle bat son précédent temps. Elle ne peut pas passer à côté d’une telle récompense. Résultat : 47 minutes. Trois minutes de moins. Elle finit 6ème de sa catégorie et 14ème femme. « Je ne m’y attendais pas ». Quant à Charlotte, elle gagne la ligne d’arrivée en seulement 1h02. Deux acolytes. Deux réussites.

Cette course ne marque pas la fin de leur cohésion sportive. Après une dernière randonnée dans les Calanques, elles ont déjà de nouveaux projets, de nouveaux rêves à concrétiser. Elles comptent prochainement faire le tour du Mont-Blanc et pourquoi pas, plus tard, se confronter au GR10, la grande traversée des Pyrénées. « Il faut compter un à deux mois pour le réaliser en entier. Je sais que nous serons frustrées si nous ne le faisons pas dans son intégralité alors nous préférons attendre d’être parfaitement disponibles ». Camille se passionne également pour l’ultra-trail, permettant d’exercer la course à pied dans un milieu naturel. Depuis le GR20, elle arrive moins à courir en ville. Un besoin de nature. « Et j’ai beaucoup moins peur des descentes, j’ai pris confiance en mes appuis ». Mais avant, Camille a un nouveau défi : le fameux Marseille-Cassis. Pas moins de 13 000 coureurs sont attendus ce dimanche, prêts à affronter 10 kilomètres de montée, 10 kilomètres de descente. La sportive est impatiente, malgré une nouvelle blessure. La ligne d’arrivée encore et toujours l’attend.

Elisa Hemery