Acte simple et néanmoins crucial pour des milliers de malades, le don sanguin demeure encore trop méconnu. Les Français montrent toujours certaines réticences, mais les campagnes d’incitation se développent dans le pays.
« Je donne mon sang, je sauve des vies », « En 1 heure, j’ai sauvé 3 vies ». L’Établissement Français du Sang (EFS) tente de développer depuis 2020 de nombreux slogans incitant les personnes à s’aventurer dans la fameuse Maison du don de leurs villes. Cette action totalement bénévole et gratuite vient compenser certains manques de matières (plasma, globules rouges, plaquettes) pour des opérations médicales. Pourtant, 2020 a été une année en demi-teinte pour l’EFS, qui déplore une grosse pénurie de donneurs.
Une carence nationale accentuée en PACA
En PACA, tout comme en Corse, ces besoins se font d’autant plus urgents. Guillaume Graillon, développeur de territoire chargé de communication pour l’EFS explique que la région n’est pas un terreau fertile. « Nous sommes les seuls à ne pas être auto-suffisants en produits sanguins. Nous disposons de gros hôpitaux comme la Timone à Marseille ou Pasteur à Nice, et on ne reçoit que peu de poches, environ 800 dons par jour ». Pour ce trentenaire, la raison parait limpide « la population de donateurs est vieillissante. Le don peut se faire de 18 jusqu’à la veille du 71ème anniversaire. La plupart des Sudistes sont retraités, ce qui bloque les apports automatiquement ».
À ce facteur démographique s’ajoute un facteur sociologique. Les personnes résidant dans le Sud-Est de l’Hexagone affichent parfois un manque d’informations sur le sujet. La conséquence se traduit par un manque d’envie de faire le déplacement et de prendre le temps. « Souvent l’EFS (Établissement Français du Sang) est confondu avec l’École Française de Ski (ESF) », s’amuse Guillaume, tout en regrettant cette faible sensibilisation.
Enfin, le communicant souligne une dernière problématique. À l’échelle locale, l’EFS bénéficiait d’un recrutement de primo-donneurs efficaces. En effet, grâce aux entreprises et établissements scolaires, des collectes mobiles permettaient d’aller toucher ce public. À la clef, une fidélisation de jeunes actifs, pouvant donner pendant plusieurs années. Mais la pandémie actuelle a stoppé les activités, et beaucoup d’entreprises ont opté pour le télétravail. « Cette force est devenue une faiblesse, nous remettant face au problème de population âgée » reconnait malheureusement le chargé de communication.
Seul point positif dans cet océan de mauvaises nouvelles : la Covid. Aussi improbable que cela puisse paraitre, les prélèvements n’ont pas cessé, surtout lors la première vague de l’épidémie « Pendant le premier confinement, beaucoup de personnes ont senti le besoin de donner leur sang. Nous avons des donneurs fidèles et qui le sont restés ». Les baisses s’observent en fait en terme de fréquentation, car une nouvelle stratégie a été proposée. Mais en réalité, cela a offert plus de fluidité et de facilité aux donneurs. Comme dans les commerces, des mesures ont été prises. « Avec un système de rendez-vous, on assure une meilleure gestion de l’affluence. Il y a eu une réorganisation du parcours dans les salles, pour qu’aucune personne ne se croise. La sécurité des donneurs comme celle des équipes est préservée » raconte Guillaume Graillon. Plus récemment, la période de couvre-feu a même été adaptée pour favoriser les dons, puisque ces derniers sont autorisés après 18 heures, en cochant simplement la case « assistance aux personnes vulnérables ».
Rassurer les individus et être proche des citoyens
Pour éviter une catastrophe due à l’absence de réserves de produits sanguins, une campagne est en vigueur depuis quelques années. L’EFS a d’abord formé et institué des équipes de communication, marketing, et développement dans chaque région.
L’objectif numéro un consiste à aller à la rencontre du donneur. Dans ce sens, Guillaume affirme que des collectes mobiles se multiplient, ce qui « s’adapte aux horaires de travail de tous ». En prenant l’exemple de Nice, préfecture des Alpes-Maritimes, on apprécie largement le travail effectué. Cette grande ville, pas encore énormément collectée malgré son importance, est analysée en ce moment. « Avant tout on cherche à savoir quel quartier choisir, quelle population, etc. S’en suit une période de promotion autour de la collecte, pour inciter à participer » nous informe le développeur.
Quand on demande quel serait le meilleur des conseils pour rasséréner la population, Guillaume répond « C’est avant tout faire preuve de générosité. Nos équipes se composent de professionnels de santé, habilités contre toute sorte d’accidents potentiels. Il ne faut surtout pas s’inquiéter. C’est un geste citoyen, de solidarité ».
Un avis que semblent partager les donneurs rencontrés ce jour là. « Ça me semble nécessaire, c’est une utilité sociale » affirme fièrement Marc, qui donne depuis une quarantaine d’années. Ce jeune retraité confie avoir commencé par obligation, lors de son service militaire, mais que depuis ce jour « c’est devenu une habitude. Je viens donner tous les 2/3 mois ».
Assise à deux mètres de distance, Marina, mère de famille de 40 ans, ne donne pas depuis aussi longtemps. Mais également pour elle « à la fin du don, on se sent mieux, en pensant qu’on a fait une bonne action ». Elle admet qu’il est primordial de sauver des vies avec ce geste efficace, à la portée de tous, mais comprend les réticents « j’ai une fille de 20 ans inscrite, mais nerveuse à l’idée de venir. Le premier pas est le plus compliqué ».
Rappelons que le don du sang s’est présenté, se présente, et se présentera comme utile dans tous les cas. Il fait figure de soutien de taille dans la lutte contre des cas d’hémorragies graves, d’accouchements à risque, ou de grands brûlés. Il aide aussi et surtout à combattre des cancers, leucémies, ou encore des maladies héréditaires.
Hugo Messina