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Encore plus que ces dernières années, les vignerons de Provence ont dû faire face à la sécheresse cet été. Pour survivre, les viticulteurs se sont adaptés coûte que coûte. C’est notamment le cas de Roger Boyé, rencontré dans le pays d’Aix.
Les saisons se suivent… Et se ressemblent pour les vignerons. Déjà très fortement touchés par le réchauffement climatique en 2003, en 2019 ou encore l’an dernier, « les jardiniers de la vigne » ont subi une nouvelle couche de sécheresse historique pendant la période estivale. « On a battu tous les records de chaleurs cette année, et nous viticulteurs, on en paye le prix fort », se désole Roger Boyé, 67 ans, viticulteur non loin d’Aix-en-Provence.
À l’instar de ces dernières années, les vendanges 2022 s’annoncent donc une nouvelle fois précoces. 2021 s’était déjà révélée désastreuse. Une vague de chaleur, suivie d’un épisode de gel important, avait détruit la quasi-totalité des productions. Un an auparavant, pendant la crise sanitaire, la saison avait été grandement marquée par des records de chaleur précoce, avec un printemps historiquement chaud. « On a franchi encore un palier cette année. C’est l’été le plus chaud depuis 2003. Nous n’avons jamais connu une sécheresse d’une telle force. Le manque d’eau a commencé dès le mois de mars.»
L’Organisation internationale de la vigne et du vin a confirmé cette tendance en avril dernier avec la baisse de la production viticole mondiale en 2021 et pour la troisième année consécutive. En France, les rendements ont ainsi baissé de 19 % par rapport à ceux de 2020 toujours selon la même étude. « Ce qui inquiète le plus les producteurs, c’est l’absence de pluie pendant plusieurs mois. Avant, nos vignes pouvaient atteindre 5 à 8 kg par pied. Aujourd’hui, on est plutôt à 2 à 3 kg. La vigne souffre. Le raisin ne s’est pas développé complètement. »
« On ne se laisse pas abattre »
Dans cette course contre la montre avec le dérèglement climatique, les vignerons essayent tant bien que mal de trouver des solutions . « On ne se laisse pas abattre. On essaie de ne pratiquement plus écimer, de ne plus labourer, de tailler tard pour le gel, d’investir dans du goutte-à-goutte, ect… Mais malgré ça, il nous arrive toujours un imprévu qui nous fait repartir de zéro ».
Pour les viticulteurs comme Roger Boyé, qui ont connu une époque totalement différente où le secteur était en plein essor, la pilule est plus dure à avaler. « Les récoltes, il y a 35 ans, elles pouvaient finir début novembre. Aujourd’hui, c’est début octobre, soit trois semaines plus tôt. Cela change complètement notre mode de fonctionnement. »
Pour préserver les utilisations prioritaires de l’eau notamment pour le domaine agricole, la préfecture des Bouches-du-Rhône a déclenché des restrictions d’eau graduelles et temporaires. Quid maintenant de l’avenir des vignobles en Provence ? Le temps presse pour une profession en voie d’extinction si des mesures radicales ne sont pas mises en place.