Alors que certains restaurants et bars commençaient à entrevoir le bout du tunnel après une longue période d’inactivité, la fermeture imposée à partir du dimanche 27 septembre a fait ressurgir la colère, l’inquiétude et le dépit des professionnels.
« On n’est pas des criminels, au final, c’est nous qui sommes sacrifiés ». Jean, patron du pub O’Shannon situé rue de la Verrerie à Aix-en-Provence, est remonté contre le gouvernement. A l’image de ce barman, des centaines de restaurateurs se sont rassemblés devant le tribunal de commerce de Marseille. Accompagnés de Renaud Muselier et Martine Vassal, respectivement présidents de la région PACA et de la métropole Aix-Marseille, ils ont fait part de leur mécontentement.
Pour répondre à cette inquiétude, le ministre de l’économie Bruno Lemaire a présenté ce vendredi 25 septembre un dispositif d’aides. Les commerces frappés par les nouvelles mesures de restriction peuvent bénéficier d’une exonération des cotisations sociales pendant la période de fermeture. Par ailleurs, l’accès au fonds de solidarité leur est facilité. L’Etat s’est également engagé à rembourser totalement les sommes versées au personnel en chômage partiel.
Malgré ce dispositif d’aide, la colère des restaurateurs ne disparaît pas. Il faut dire que les bars et restaurants commencent à peine à retrouver le sourire après trois mois d’arrêt forcé. Le confinement s’est avéré particulièrement dommageable pour un domaine représentant près de huit pour cent du PIB national (en incluant l’hôtellerie). Si les pertes en termes de chiffres d’affaires paraissent difficiles à évaluer du fait de l’absence de bilan comptable, elles vont lourdement peser. Cette période s’est transformée en cauchemar.
Pour les gérants du Cay Tam, restaurant asiatique situé dans le centre d’Aix, le report autorisé de certains paiements (loyers, cotisations sociales, factures d’électricité) et le recours au chômage partiel paraissent faibles à côté des pertes subies : « avec 7000 euros de loyer et un chiffre d’affaire presque nul, nous avons été contraints d’effectuer des licenciements ». Pour eux, la restauration rapide a généré quelques revenus et a surtout permis d’alléger les stocks dont une importante partie a été jetée. Le problème d’écoulement des provisions ne s’est pas posé pour les bars et pubs. Mais la vente à emporter leur étant proscrite, aucune stratégie d’adaptation n’a été possible. Jean, lui, n’a même pas bénéficié d’un quelconque accompagnement étatique. Les « lourdes démarches administratives » nécessaires pour l’obtention d’un prêt garanti par l’Etat l’ont découragé. Lui aussi s’est tourné vers le licenciement : « mes charges mensuelles s’élèvent à près de 15 000 euros, je n’ai pas le choix ».
Le secteur de la restauration est le sixième employeur en France. Avec la nouvelle fermeture administrative, ces licenciements devraient se poursuivre. A côté de ça, le maintien du télétravail ne fait pas les affaires des restaurateurs. Les derniers espoirs sont placés dans les élus locaux, prêts à tout pour faire annuler une décision considérée comme injuste pour beaucoup.