Sophie Joissains-Masini a été élue maire d’Aix-en-Provence après un vote sans grande surprise et la démission de sa mère, Maryse Joissains-Masini, à la tête de la ville depuis vingt ans.

La fin d’une époque. Ce vendredi 24 septembre s’est tenu à Aix-en-Provence un conseil municipal exceptionnel qui va marquer l’histoire politique de la ville. À la suite de la démission de Maryse Joissains-Masini, à la mi-septembre pour des problèmes de santé, les conseillers ont dû élire un nouveau maire. Sophie Joissains-Masini, la fille de l’ancienne maire et sa deuxième adjointe depuis 2020, a été élue au terme d’un vote sans surprise, mais fort en émotions et contestations. Cette élection marque la fin de vingt années de mandat pour Maryse Joissains-Masini.

« Je ferai tout pour mériter la confiance qui m’a été donnée »

Sophie Joissains-Masini, ex-sénatrice et unique candidate à la succession de sa mère, a obtenu 38 voix sur les 40 conseillers municipaux de la majorité. Un membre était absent et un autre a voté blanc. « C’est mérité pour Sophie dans la mesure où elle a un savoir-faire politique important. Elle était sénatrice, elle a exercé des responsabilités à la Métropole, au Conseil régional et à la Ville d’Aix. Donc elle connaît parfaitement les mécanismes politiques » souligne Renaud Muselier, président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (LR), présent pour l’occasion. « Je suis très émue. Les circonstances sont très particulières. C’est une immense responsabilité qui vient de m’être confiée. Je ferai tout pour la mériter » a déclaré la nouvelle maire d’Aix-en-Provence.

Pour manifester leur mécontentement les conseillers municipaux de l’opposition avaient préparé des pancartes avec des inscriptions anti-Joissains-Masini. (Photo : Marie Lagache)

La quinzaine d’élus de l’opposition n’a pas participé au vote et a quitté la séance. « Nous sommes sortis car nous contestons ce que nous n’appelons pas une élection, mais une passation de pouvoir », explique Anne-Laurence Petel, députée La République En Marche (LREM) de la quatorzième circonscription des Bouches-du-Rhône et conseillère municipale. « Pour moi on a assisté, je vais peser mes mots, soit à un tour de passe-passe, soit à une mascarade. Comme on veut. Ce n’est pas une élection. Elle a toutes les apparences d’une élection. Elle est légale, mais selon moi elle est inappropriée et illégitime », estime quant à lui Marc Pena, chef de file du groupe d’opposition divers gauches : Aix en partage.

Si Maryse Joissains-Masini était absente du conseil municipal, son ombre planait sur l’élection. « Je pense que cela va être la continuité de ce qui a été fait avant. De toute façon Sophie Joissains-Masini l’a dit, elle sera « l’ombre de sa mère ». J’ai peur qu’elle ne soit que ça », craint Anne-Laurence Petel. « Vous avez une maire d’Aix, élue, réélue et aimée qui est Maryse Joissains-Masini, qui pour des raisons de santé est obligée de lâcher. Je me mets à sa place, elle qui a tout fait pour sa ville, c’est quelque chose de difficile et de douloureux » s’émeut quant à lui Renaud Muselier.

Les élections municipales de 2026 déjà en ligne de mire

L’opposition n’en démord pas. Anne-Laurence Petel évoque déjà l’avenir. « Sophie Joissains-Masini a apparemment dit en conférence de presse qu’elle serait présente face à moi en 2026. Mais qui sait ce qui se passera en 2026 ? Qui sait qui sera présent en 2026 ? Moi ce que je lui propose c’est de le faire maintenant et de démissionner de son conseil municipal » propose la députée. Marc Pena partage cette opinion. « On aurait pu avoir un conseil municipale ordinaire qu’on ajourne, ne pas avoir directement l’élection du maire et attendre la décision de justice qui concerne Maryse Joissains-Masini » regrette l’élu.

La nouvelle maire a longuement remercié les conseillers municipaux de sa majorité et les nombreux Aixois venus assister au conseil municipal pour l’occasion. (Photo : Marie Lagache)

Cette situation n’est pas sans rappeler celle de la ville de Marseille. Les élus présents comparent cette élection à celle de Benoît Payan qui a succédé à Michèle Rubirola en fin d’année dernière. « C’est quand même extraordinaire, mais dans ce département les deux plus grandes villes n’auront pas les maires qui ont été élus. C’est problématique » s’attriste Anne-Laurence Petel. Renaud Muselier utilise le parallèle pour attaquer Marc Pena. « Je ne l’ai jamais entendu parler de la ville de Marseille. Si Monsieur Pena avait dit à ce moment-là « c’est légal mais illégitime » il aurait été crédible aujourd’hui. Or là-bas il a soutenu, ici il dit le contraire » déclare le président de Région. Une page se tourne pour Aix, mais pas pour les Joissains-Masini.

Marie Lagache