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Jeudi 19 octobre, Mahsa Amini et le mouvement iranien « Femme, Vie, Liberté » ont reçu l’illustre prix Sakharov. Créé en 1988 par le Parlement européen, cette distinction récompense chaque année une personne ou association engagée dans la défense des droits humains. Pour l’édition 2023, l’institution a mis à l’honneur une cause plus que jamais défendue : celle de la lutte pour la liberté des Femmes. Rencontre avec la cofondatrice de Light4Women. 

Son nom est inscrit dans les mémoires. Le 16 septembre 2022, Mahsa Amini, étudiante de 22 ans, succombe aux coups de la police des mœurs iranienne, pour avoir “porté des vêtements inappropriés”. À l’annonce de ce drame, les foules se déchaînent, et les voix de milliers de manifestants s’élèvent, dénonçant l’horreur. Parmi elles, certaines scandent un slogan, qui deviendra le symbole de la lutte pour les droits des femmes dans ce pays : « Femme, Vie, Liberté ». Le mouvement iranien, chef de file dans la lutte pour la liberté des femmes, ne veut plus rien laisser passer.

Un an plus tard, l’heure est au bilan : que s’est-il passé depuis ce jour de septembre ? Si les cris de rage se sont calmés, l’indignation a-t-elle pour autant laissé place à l’indifférence ? Certainement pas. A l’instar de « Femme, Vie, Liberté », de nombreux mouvements ont vu le jour, dénonçant les crimes vécus par des millions de femmes dans le monde. Light4Women, réseau engagé à l’international dans la solidarité et le soutien aux femmes, en est le parfait exemple. Né en novembre 2022 de la collaboration de deux amies, ce mouvement a un souhait : libérer la parole des femmes. A ce sujet, la cofondatrice Anne-Dominique Chauvin ne mâche pas ses mots : « des millions de femmes ne peuvent pas s’exprimer, soumises à une culture ou une religion qui les brident. Elles sont enfermées ». Face à cet isolement causé par les régimes iraniens ou afghans, les deux amies n’ont pas pu rester les bras croisés, et ont vécu la mort de Mahsa Amini comme « un véritable élément déclencheur dans leur lutte pour la libération des femmes ». 

 

Toutes concernées par le débat vers l’émancipation

Aujourd’hui, les co-fondatrices désirent sensibiliser le grand public, souvent désemparé : « quand on veut s’engager, on ne sait pas par où commencer, ni vers qui se tourner. Nous avons l’espoir de réunir de plus en plus de monde autour de ce combat ». Un combat pour lequel l’Europe s’inscrit facilement aux abonnés absents : « Il y a de tels enjeux économiques que les politiques ne veulent pas affirmer leur point de vue ». En somme, l’attribution du prix Sakharov 2023 laisse la cofondatrice dubitative : « c’est merveilleux pour notre cause, mais cela renforce l’idée que les institutions ne prennent position que quand ça ne leur coûte pas grand-chose ».

Le chemin à parcourir est encore long. Et l’actualité ne peut dire le contraire : dimanche 22 octobre, deux journalistes iraniennes emprisonnées à Téhéran ont été condamnées à des peines de six et sept ans de prison, pour avoir couvert la mort de Mahsa Amini l’an passé. Une décision faisant tristement écho au cas de Narges Mohammadi, qui, bien que lauréate du prix Nobel de la Paix 2023, est toujours retenue prisonnière en Iran.

Mais, admirative de l’engagement de ces militantes « tellement courageuses », Light4Women ne compte pas baisser les bras. Entre actions et sensibilisation, le jeune mouvement espère une chose : gagner le combat.

 

Hortense Stock