A l’occasion de la venue de chargés de communication de laboratoires de recherche européens, quatre étudiants du Magistère Droit Journalisme et Communication se sont déplacés à Cadarache pour participer à une simulation de pression médiatique.
Vendredi 22 mars, quatre chaises sont vides au cours de 8 heures. En effet, deux duos d’étudiants du Magistère Droit, Journalisme et Communication ont pris la route, direction Cadarache, à Saint-Paul-lez-Durance. Objectif : participer à leur première simulation de pression médiatique. Organisée par la société SI2C, pour le réseau européen Fusecom *, elle a pour ambition de donner des clefs de communication et des stratégies novatrices à mettre en place, en cas de scénario catastrophe. Le projet est de taille puisqu’il entend enseigner ces rudiments à une trentaine de scientifiques européens.
“Les cordonniers sont les plus mal chaussés”, dit l’adage populaire. Ainsi, bien qu’experts dans leur domaine, les scientifiques ne sont pas forcément à même de répondre aux défis communicationnels posés par un tel projet, notamment lorsqu’un fait imprévu vient bousculer l’ambiance quotidienne feutrée. Damien Frossard, journaliste, professeur associé au MDJC et instigateur de cette simulation avait donc, pour l’occasion, imaginé deux scénarios particulièrement déroutants.
Un exercice de mise sous pression
10 h : après une brève explication du déroulé de la matinée, le départ est donné. Par groupe de quinze, les scientifiques prennent connaissance des événements fictifs… incendie sur le réacteur Toka ; séisme de magnitude supérieure à 6 du côté de chez “Mak device”.
Lena et Gabriel, les deux étudiants du Magistère affectés à ce second événement, ne devaient pas avoir la main tremblante pour rentrer dans l’exercice. “Au début, on a été peut-être trop gentils”, sourit Lena, “on n’a pas suffisamment été insistants sur les premiers appels”. Pourtant, bien vite, le rythme s’intensifie et le duo de journalistes, tour à tour mandaté par l’AFP, La Provence ou bien encore le National Geographic, se coordonnent pour ne pas relâcher la pression sur les scientifiques. Quelque peu bousculés au début, ces derniers s’en sortent finalement plutôt bien.
Entre productions d’articles et de dépêches, ou mise en place de points presse, il est primordial de ne pas perdre son calme au bout du fil (quand bien même les appels s’enchaînent). Car les scientifiques ont été mis à rude épreuve par les Magistériens. Ainsi, Sixte et Camille ont fermement insisté pour réussir à soutirer des informations à leur groupe. “En conférence de presse, ils nous ont prévenus : 3 questions, pas une de plus”, raconte Sixte. “Leurs réponses n’étaient pas particulièrement satisfaisantes et très redondantes”, abonde Camille, “on était un peu confronter à un mur, alors on les a poussés et la situation s’est décantée. Nous avons réussi à obtenir d’autres questions et une interview bonus”.
La coordination : maître-mot d’une communication de crise
L’exercice imposait une certaine coordination entre les équipes, tiraillées entre la nécessité de répondre aux questions des journalistes avec franchise, et la volonté de se montrer rassurants et sereins, malgré le tragique de la situation. Ainsi, chez le groupe représentant les installations Mak, le séisme avait causé deux morts. “Ce n’était pas évident de communiquer sur ces sujets sensibles”, confiait un scientifique allemand. A ces situations de tension, s’ajoutait également le problème de la barrière de la langue. “Il est vrai que s’exprimer en anglais n’est pas toujours naturel pour nous”, admet Léna “néanmoins, nous nous sommes bien débrouillés pour finir. Une fois passé le temps d’adaptation, on se rend en réalité compte que lorsque l’on n’a pas le choix, les mots arrivent spontanément.” “C’était très formateur”, conclut Gabriel avec enthousiasme.
Après deux conférences de presse plutôt réussies par l’ensemble des deux groupes, l’heure du bilan est arrivée. A 12h, Damien Frossard, accompagné de sa collaboratrice Sèverine Battesti-Pardini, sonnent la fin de l’exercice. S’ensuit un échange où les différentes équipes sont amenées à se prononcer sur leur prestation. Une autocritique est formalisée par les deux groupes et un élément fait consensus : “l’exercice était difficile et très stressant”. Néanmoins, “les deux challenges ont été atteints”, estime Camille : “le fait de se faire comprendre en anglais et de trouver les bonnes questions pour obtenir le maximum d’informations”. Même son de cloche du côté de M. Frossard qui a estimé que la mission avait été remplie.
“Le bon communicant est celui qui communique en s’adaptant aux situations qu’il rencontre et qui ne recule pas face à la pression”, résume Sixte. Les participants à cette journée acquiesceront, en toute connaissance de cause.
* le réseau FuseCOM rassemble les chargés de communication des laboratoires européens qui participent au projet ITER.
Camille MATTERN et Gabriel MOSER