Comme prévu, les fêtes de fin d’année ont été perturbées par le coronavirus. Tout comme Noël, la célébration du jour de l’an s’est avérée timide. Certains jeunes ont cependant fait abstraction du contexte. C’était le cas boulevard du Montparnasse (Paris 14) où une trentaine d’étudiants se sont retrouvés pour fêter la nouvelle année. Et oublier le virus le temps d’une soirée.
 
 
 
Deux voitures, un passant promenant son chien, des rues mal éclairées… Voilà ce qu’un cycliste peut observer entre 5h15 et 5h30. A priori rien d’anormal à cette heure-là. Sauf qu’il s’agit du premier janvier. Les rues du quatorzième arrondissement de Paris ont rarement paru aussi vides et silencieuses pendant un réveillon. A vélo, les quinze minutes de trajet semblent particulièrement longues. La peur de prendre une amende demeure réelle. Faut-il s’engouffrer dans les petites rues pour éviter de croiser la police ? Ou au contraire rester sur les grands axes pour ne pas rallonger la durée du trajet ? 135 euros pour une soirée, c’est cher payé. Même si cette dernière s’est avérée plaisante.
 
L’ambiance de la fête forme un contraste saisissant avec l’environnement extérieur que l’on vient de décrire. Une trentaine de jeunes sont entassés dans soixante mètres carrés. Le volume de la musique est poussé au maximum depuis plusieurs heures. Vous l’aurez compris, la fête est particulièrement longue. Elle s’étale de 20h à 6h, le temps du couvre-feu. Pour les participants, elle constitue une parenthèse enchantée après des mois compliqués pour les étudiants. « Ça fait du bien de voir du monde » s’enthousiasme Oscar. Pour lui, il semblait inenvisageable de ne pas célébrer le nouvel an. Après de longues semaines enfermé dans son studio, il voit cette soirée « comme une libération » et « comme l’occasion de fêter la fin des partiels ».
 
Au cœur de la soirée, la musique du rappeur Jul intitulée J’oublie tout retentit. Le morceau correspond à l’atmosphère générale. En effet, à minuit, quand vient le moment de souhaiter les meilleurs vœux, les embrassades se multiplient et les gestes barrières sont oubliés. On pourrait dénoncer une irresponsabilité et une forme d’égoïsme. Mais ces jeunes gens, âgés d’une vingtaine d’année, profitent du moment. Certains prennent part à plusieurs fêtes et rejoignent vers deux heures du matin une autre soirée organisée à proximité. Ils déclarent ne pas trop craindre l’amende. Paul fait partie de ceux-là. Il a trouvé une astuce pour éviter cette dernière : « j’ai pris le sac de mon frère qui, habituellement, livre de la nourriture pour une application ; j’ai une excuse toute trouvée en cas de contrôle ». D’autres, plus raisonnables, ont pris un sac de couchage pour dormir sur place. Comme quoi, l’attitude des jeunes vis-à-vis du couvre-feu et des restrictions ne semble pas homogène.
 
Preuve qu’ils ne sont pas si irresponsables, la majorité des participants a prévu de s’isoler ou de se faire tester dans les prochains jours. Tous se retrouvent sur un point : cette fête constitue une parenthèse. Parenthèse justifiée par la saint-Sylvestre, rendez-vous qu’ils estiment incontournable. Au final, près de 60% des 18-24 ans en France ont fêté le Nouvel An. En espérant que, le 31 décembre 2021, ce pourcentage se rapproche de 90%, son niveau habituel avant la pandémie.
 
 
Raphael Hazan