© Chantal et Jean-Paul Allard

 

Le 16 juin 2021, Chantal et Jean-Paul, un couple de septuagénaires se sont mis en selle pour parcourir 4 517 kilomètres en 3 mois.

Deux vélos, 1 remorque arrière, 6 sacoches, 1 tipi, 2 matelas autogonflants, 1 carte IGN, quelques cuissards … Jean-Paul, 74 ans, s’est mis en tête de faire un nouveau périple. Il a voulu une fois encore repousser les limites même si cette fois, selon lui ce sera certainement le dernier long défi. Après s’être engagé avec Chantal, son épouse, dans la remontée et retour de la Loire à Vélo en 2009 (2000 km) et dans un périple reliant la Vendée à Djerba (2500 km) en 2018, la nouvelle aventure toute tracée : un tour de France de plus de 4000 kilomètres. Fidèle téléspectateur de la Grande Boucle tous les étés depuis son enfance, c’est à présent sur la selle que les paysages défileront sous ses yeux, dans ses yeux que les larmes couleront à l’arrivée. C’était décidé. Il ne restait plus qu’à convaincre Chantal qui, depuis 53 ans l’a accompagné dans les épreuves de la vie comme dans les récents périples à vélo. Une fois de plus, elle a accepté. Elle ne l’a d’ailleurs (presque) jamais regretté. 

Un entraînement de 50 km tous les deux jours un mois avant le départ et des tentatives concluantes de montage de tipi quelques jours avant ont suffis pour prendre le départ de Vendée plutôt confiants.

Des descentes et des montées … pas qu’à vélo

« Il n’y a pas qu’à vélo qu’on a connu des montées et des descentes », il faut dire que les contraintes et les difficultés peuvent être nombreuses lors d’une telle aventure. Entre la chute de Chantal, qui a eu raison de son coccyx, mais pas de son engagement et les intempéries ô combien nombreuses, ce tour de France a été un vrai challenge. Heureusement que tous les 1 000 kilomètres ont créé une belle occasion de joie et de fête. Heureusement aussi, que chacun de ces kilomètres symbolise un souvenir heureux et sensationnel. La faune et la flore différentes selon les régions, les odeurs de la nature que l’on ne retrouve ni en voiture ni à moto, la sensation du déplacement d’air que l’on ne ressent pas autant dans la marche, la beauté des paysages fleuris, la douce et vivifiante rosée du matin … « Heureusement aussi que nous avons vécu ce périple à deux » confie le couple. 

« Il y a aussi des circonstances qui ne nous ont pas fait rire sur le moment mais qui créent de belles anecdotes à raconter maintenant.» Jean-Paul explique par exemple qu’un matin, en pliant la tente, un casque de moustiques lui entouraient la tête, pratique pour un cycliste, mais quelque peu inquiétant. Finalement, des piqûres mais rien de grave. Chantal relate aussi le moment où ils se sont retrouvés sur une voie sur berge non balisée et inondée avec de l’eau jusqu’aux genoux ou encore ce soir où Jean-Paul s’est mis dans la peau d’un coursier à vélo avec sa sacoche verte réfrigérée pour apporter le repas des 4 000 kilomètres !

Complémentarité et persévérance jusqu’à la fin

« Le sens de l’orientation de Jean-Paul et mon sens de l’organisation formaient un beau ballet sans parole tous les matins lorsque l’on devait ranger le tipi et repartir sur les sentiers. » Chantal ne se lasse pas de ces moments de complémentarité. Telles deux danseuses synchronisées avant même d’être à vélo. Si ce voyage a renforcé les liens du couple déjà forts depuis 53 ans, pour d’autres, il les a forgés. C’est le cas de ce jeune couple rencontré sur un terrain de camping : eux, à la fin de leur périple, ils ont décidé de se marier.

Pour Jean-Paul et Chantal, l’arrivée a été cependant l’occasion de s’offrir deux jolies bagues. Ils ne les ont jamais quittées depuis. « Dans quelle galère je l’ai emmenée », confie Jean-Paul avant d’enchaîner : « je suis fier d’elle ». Cette aventure leur a permis de regarder vers l’arrière en ayant la chance de comprendre que le chemin ensemble était le bon. « On ne peut comprendre la vie qu’en regardant en arrière ; on ne peut la vivre qu’en regardant en avant. » disait Kierkegaard.

 

Clarisse Athimon