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Aujourd’hui, vendredi 11 mars, le prix d’un litre de carburant (essence ou gazole) continue à dépasser les 2 euros. C’est le cas depuis trois jours. Depuis un mois, on constate une augmentation moyenne de 20% des prix à la pompe. Même s’ils étaient déjà élevés avant le conflit, la guerre menée par la Russie en Ukraine n’a fait qu’accélérer la hausse. 

C’est une flambée historique à laquelle nous sommes en train d’assister. Selon Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, la hausse actuelle des prix de l’énergie est « comparable au choc pétrolier de 1973 ». En une semaine seulement, le gazole a gagné 14 centimes, contre 7 centimes pour l’essence. C’est du jamais-vu dans l’histoire. Le baril de pétrole, quant à lui, est passé de 98 à 122 dollars, frôlant son record absolu.

La reprise économique d’après Covid constitue l’une des raisons de cette augmentation spectaculaire. En effet, après des mois d’arrêt à cause de l’épidémie, la production repart en flèche. Pour le président de l'Union française des industries pétrolière, Olivier Gantois, cette forte augmentation des prix est « logique ». Selon lui, plus il y a de demande, plus le prix augmente. Mais ce n’est pas la seule raison qui explique cette flambée affolante. Sachant que le prix du carburant augmente notamment en fonction des fluctuations du prix du baril de pétrole, le conflit ukraino-russe a un fort impact. En effet, la Russie étant le deuxième plus gros producteur de pétrole mondial, les tensions actuelles ont fait tout bonnement bondir le montant du baril qui a dépassé les 100 dollars. Olivier Gantois explique que « L’Europe importe une grande partie de son gazole depuis la Russie. Sur les 6 millions de tonnes importées en 2020, un quart venait de Russie ». Alors, la crainte d’un embargo de l’Union Européenne fait grimper en flèche les prix.

Selon Michel-Edouard Leclerc, patron des hypermarchés éponymes, on pourrait s’attendre très prochainement à une baisse de « 14 à 15 centimes au litre ». Une bonne nouvelle, au moins à court terme. 

La composition du prix du carburant

Pour un prix à la pompe de 1.89 € le litre, 1.006 € va directement dans les caisses de l’Etat selon l’Union Française des Industries Pétrolières. Pour le reste, le coût du pétrole brut représente 0.683 centimes. La distribution vaut 0.199 €. La valeur de la TVA sur le produit s’élève à 0.177 €, contre 0.691 € pour la TICPE et 0.138 € pour la TVA sur la TICPE. 

La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), qui représente 40% du prix à la pompe, est une taxe sur les différents produits pétroliers. Elle est fixée par l'État. Cet impôt représente 5.9%  des recettes de l'État soit 18.4 milliards d’euros pour l’année 2022 (prévision Loi de Finances 2022). Cependant, une partie de ces recettes est reversée aux collectivités territoriales. 

3 QUESTIONS À :

« Avec notre nouveau véhicule, le plein nous coûte 3,50 euros »

Alain Solves, fraîchement retraité, et son épouse Isabelle, enseignante, ont fait le choix de l’électrique. 

Pourquoi avoir décidé d’acheter une voiture électrique ?

“C’est une question d’économies. Faire le plein d’une voiture électrique à la maison coûte 3,50 euros, pour une autonomie de 180 km. Alors, quand on a vu que c’était presque le prix du litre d’essence en ce moment, on n'a pas hésité longtemps”.

Vous y pensiez depuis longtemps ?

“Non pas du tout ! La semaine dernière, nous sommes allé faire le plein d’essence avec ma femme, et on a été surpris de voir le prix de l’essence à plus de 2 euros. On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose. En plus, comme j’arrête mon activité professionnelle, le garage a repris ma camionnette pour 2.500 euros alors qu’elle date de 2007. Avec tout ça, on s’est dit que c’était l’occasion”.

L’État vous a aussi aidé pour acheter cette voiture ?

“Oui, nous avons reçu une prime de 4.000 euros. En plus de la reprise de la camionnette, nous avons donc payé notre voiture électrique près de deux fois moins cher. Nous pouvons également bénéficier du crédit d’impôt qui nous permettrait de payer une borne électrique 600 euros au lieu de 900. Mais pour le moment, on préfère la recharger directement à la maison. C’est plus long, 11 heures de recharge pour un plein contre 3 heures avec la borne, mais on la rechargera la nuit, ça coûte deux fois moins cher qu’en journée”.

Quelles conséquences l’augmentation des prix des carburants a-t-elle sur votre quotidien ?

Manon Alias, 29 ans, Aix-en-Provence

« Tous les jours je dois me rendre à Marseille. C'est très compliqué pour moi, là où je vais faire mes études c'est très mal desservi. Le covoiturage n'est pas envisageable. A part dépenser plus d'argent je ne peux rien faire ». 

Yanick, 48 ans, Vernègues

« La hausse du prix du carburant va changer mes habitudes. Je songe même à faire un arrêt maladie. Je fais tous les jours 100 bornes pour venir travailler. Pour moi ce n'est plus rentable ». 

Marina Guillou, 19 ans, Aix en Provence. 

« Le covoiturage et les transports en commun sont des alternatives que j’exploite. Cependant, avec mon job étudiant à Martigues, je n’ai pas d’autres choix que de prendre la voiture. Je vais donc piocher dans mes économies ». 

Soulina, 36 ans,          Aix-en-Provence 

« Sincèrement, ça a complètement fait exploser mon budget, et ça a fortement impacté mon pouvoir d’achat, je pense que nous ne partirons peut-être pas en vacances cette année à cause de cette situation ».

Quelle est l’évolution des prix du SP95 depuis 2010 en France ?

  • 2010 : un litre de SP95 est vendu en moyenne à 1,26€ selon les relevés hebdomadaires du ministère de la Transition écologique qui publie les données sur son site internet. 
  • 2012 : les prix augmentent jusqu’à provoquer des tensions et l’intervention du Gouvernement qui décide de baisser temporairement la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Le SP95 bat son record le 9 avril 2012 avec un prix moyen de 1,698€ par litre. Sur l’année, le prix moyen du SP95 est fixé à 1,583€ par litre. 
  • 2016 : après quatre années de légère baisse, les prix repartent à la hausse. Le prix du SP95 passe d’environ 1,29€ par litre à plus de 1,51€ en octobre 2018, ce qui participe d’ailleurs au déclenchement du mouvement des gilets jaunes. 
  • 2020 : une chute des prix survient avec la crise économique liée à la pandémie du Covid-19. Entre janvier et mai 2020, le litre de SP95 passe d’un peu moins de 1,55€ à 1,23€
  • La situation aujourd’hui : un nouveau record est atteint selon les derniers chiffres officiels publiés par le ministère de la Transition écologique.  Au vendredi 4 mars 2022, dernière publication officielle du ministère, le litre de SP95 atteint en moyenne les 1,87€ par litre. Sachant que depuis une semaine, le prix a dépassé les 2€.

Récapitulatif des propositions des candidats à la présidentielle

  • Fabien Roussel, (PCF), propose de réduire la TVA sur les consommations de 20% à 5,5% - Programme de campagne
  • Jean Lassalle, (Résistons !), souhaite faire passer la TVA des hydrocarbures de 20% à 5,5% - Programme de campagne
  • Emmanuel Macron, (LREM) annonce une indexation de l'indemnité kilométrique sur la hausse des carburants, et la création d'une indemnité inflation.
  • Marine Le Pen (RN), en plus de baisser la TVA de 20% à 5,5%, propose la suppression des hausses de taxes sur les carburants. Elle souhaite taxer les pétroliers. - France Bleu Nord
  • Éric Zemmour, (Reconquête !) veut bloquer les prix de l’essence à la pompe à 1,80€/L et propose également le remboursement de la moitié des frais kilométriques des employés pour leur trajet domicile-travail - Twitter 
  • Jean-Luc Mélenchon (LFI) propose d'étendre le système réunionnais de blocage des prix au reste du pays afin de faire payer les pétroliers. - Twitter
  • Anne Hidalgo (PS) veut baisser temporairement la TVA sur les carburants à 5,5 %. - Instagram
  • Yannick Jadot (EELV) souhaite délivrer un chèque énergie de 400€ à 6 millions de ménages français. Il pourra être utilisé  notamment pour le carburant. - jadot2022.fr
  • Valérie Pécresse (LR) souhaite indexer de manière automatique les indemnités de frais kilométriques sur les prix des carburants tout en supprimant le plafond de distance entre le domicile et le travail (actuellement 40 km). - (valeriepecresse.fr)
  • Philippe Poutou (NPA), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) n’ont pas exprimé clairement de mesures concernant les prix des carburants.

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