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Les futurs journalistes du magistère DJC ont évidemment modifié leur programme pour suivre l’actualité du conflit russo-ukrainien.

Volodymyr Zelenski, un président laissé aux portes de l’OTAN

Le soir des premières attaques russes en Ukraine, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, annonce un renforcement des capacités de défense et de dissuasion de l’organisation internationale. Des mesures jugées insuffisantes par le président ukrainien Volodymyr Zelenski, qui se sent délaissé.

Le visage serré, les yeux cernés, les cheveux ébouriffés, le président ukrainien affirme être envahi sur ses réseaux sociaux.

Depuis, il répète ses appels à l’aide en direction de l’alliance : “j'ai demandé à 27 dirigeants européens si l'Ukraine fait partie de l'Otan. Tout le monde a peur !”

Volodymyr Zelinsky en est là. Il se sent acculé et prit par la peur : “L’ennemi m’a désigné comme cible numéro 1”. Le président met la pression sur l’organisation pour qu’elle apporte une aide militaire à son pays. Mais elle a déjà affirmé ne pas envoyer de troupes avant le début des bombardements russes. Désemparé, il espère faire prendre un virage à l’OTAN. Cependant, les rations otano-ukrainiennes n’ont jamais abouti malgré les velléités d’intégration du président.

Depuis son élection en 2019, Volodymyr Zelensky n’a jamais cessé ses tentatives de rapprochement avec l’OTAN. En juin 2019, l’ancien comédien choisit Bruxelles pour son premier déplacement officiel. Sourire aux lèvres, cravate bien affûtée, il rencontre Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission Européenne. Son objectif, faire entrer son pays dans l’organisation pour bénéficier de sa protection diplomatique et militaire. Après de longues heures de discussion, Zelensky obtient un rapprochement diplomatique important : l’OTAN “soutient totalement la souveraineté territoriale de l’Ukraine” et “condamne les actions agressives de la Russie” dans le sud du pays.

Malgré ces premières avancées, les tensions diplomatiques entre les États-Unis et l’Ukraine noircissent le tableau. En 2021, Joe Biden signe un accord avec l’Allemagne pour lever les sanctions sur le gazoduc russe Nord Stream 2. Les conséquences sont importantes pour l’Ukraine qui se retrouve privée d’une source d’approvisionnement en gaz, et d’au moins 3 milliards de dollars par an. Les relations entre Zelensky et Biden sont au point mort. Lors de sa visite en Europe, le président américain décide de ne pas rencontrer son homologue ukrainien.

L’enthousiasme de Volodymyr Zelensky lors de sa première venue en Europe est désormais lointain. Malgré les nombreuses tentatives d’intégration, c’est aujourd’hui le visage lourd que le président ukrainien se sent délaissé par ses voisins de l’OTAN.

Arthur Jégou et Aurélien Bourneuf

Vladimir Poutine : principal metteur en scène dans le théâtre international

Depuis maintenant 48 heures, le chef d’Etat russe est au-devant de la scène internationale. Sa déclaration de guerre à l’Ukraine fait courir un risque de conflit majeur en Europe. Autocrate cynique ou patriote sincère : le maitre du Kremlin défie l’Occident.

Ce 24 février, à l’aube, Vladimir Poutine réveille le monde avec fracas. Assis dans un bureau en bois sombre, il annonce son « opération militaire spéciale » en Ukraine. « [Le fait est que] les trente dernières années nous avons essayé patiemment de trouver un accord avec l’OTAN au regard des principes de l'égale et indivisible sécurité de l’Europe », affirme-t-il, l’air grave. Peu après, une série d’explosions retentit dans Kiev, Kramatorsk, Kharkiv et Odessa. Sous les feux des critiques occidentales, la Russie envahit son irréconciliable voisin.

Les risques sont énormes mais le président russe reste serein. Il n’a rien modifié de son agenda. Après s’être rendu sur la tombe du Soldat inconnu, il reçoit, en fin d’après-midi, le Premier ministre pakistanais. Les deux hommes s’entretiennent sur des thématiques internationales, comme si de rien n’était. Poignées de main, sourires… Une scène d’apparence amicale qui détonne avec la récente venue d’Emmanuel Macron au Kremlin. Une géante table blanche de hêtre de six mètres de long, témoin du savoir-faire italien, séparait les deux hommes. Un climat délétère, mais loin d’être étonnant. Le maitre du Kremlin a l’habitude de jouer avec ses invités.

Mona Philippe et Agathe Smondack Salvador