Lucie Lanzon

Le géant provençal

Reconnaissable à son sommet de 1912 mètres de hauteur, classé réserve biosphère par l’UNESCO, le Mont Ventoux est caractérisé par sa grande diversité tant au niveau du climat que de sa faune et sa flore. Pour les passionnés de nature, le bonheur d’apercevoir un chamois, un sanglier ou encore de nombreuses espèces d’oiseaux en ravira certain. Pour les plus courageux, qui gravissent son sommet, un panorama exceptionnel donnant sur le Luberon, la Montagne Sainte-Victoire ou encore le littoral méditerranéen coupera le souffle. Mais sa réputation se fait surtout au niveau des sportifs. Son ascension en vélo est réputée pour être l’une des plus difficiles. C’est pour cette raison que c’est une étape assez récurrente du Tour de France. Sa montée est possible par deux petits villages : Malaucène et Bedoin, où le monde du vélo règne en maître. En plus de la randonnée ou de la course à pied, si l’hiver le permet, les pentes enneigées autorisent la pratique du ski. Enfin, pour les bons vivants, le Mont Ventoux abrite aussi une grande partie des terrasses viticoles de l’AOC Ventoux. En résumé, c’est une montagne où toutes ses activités préférées sont possibles. 

Grégoire Cherubini

Des hommes : un documentaire criant d’humanité

Les réalisateurs Alice Odiot et Jean-Robert Viallet ont passé 25 jours en immersion dans la prison des Baumettes, au sein de laquelle la moitié des 2000 détenus n’a pas 30 ans. Ils en ont fait un documentaire puissant qui dévoile avec pudeur les destins brisés de ces incarcérés. Le tout, sans voix off et sans autres commentaires que ceux des protagonistes, qu’ils soient prévenus ou membres du personnel.

En tendant un micro à ces hommes et en filmant leur quotidien, pocutué d’injustices et de violences mais aussi d’espoirs et de sourires, Des Hommes met en lumière un sujet de société majeur. En 2012, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) qualifiait d’« inhumaines » les conditions de vie aux Baumettes. Le spectateur fait face aux problèmes d’insalubrité et surpopulation du milieu carcéral. Des conditions qui sonnent comme une double peine pour des personnes condamnées à une privation de liberté et non de dignité humaine.

Déjà en salle depuis le 19 février, le cinéma Le Mazarin à Aix-en-Provence organise une projection du documentaire le vendredi 6 mars à 20h30, suivie d’un débat avec les réalisateurs et le visiteur de prison Alain Hennenfent.

Inès Ajbali

Un divan à Tunis

Dans une Tunisie post-révolution, Selma, une psychothérapeute de 35 ans, décide d’installer son divan dans une petite ville du pays. Immigrée en France depuis son plus jeune âge, son envie d’exercer dans son pays natal va s’avérer plus fastidieuse qu’il n’y parait. Le film retrace son combat pour que son métier soit reconnu comme tel. Pour son premier film, la réalisatrice Manèle Labidi a décidé de s’emparer des clichés en les poussant à l’extrême, rendant le tout caustique mais très drôle. En passant d’un imam déchu à une adolescente assoiffée d’occident, la réalisatrice décrit un panel de personnages représentant assez justement la schizophrénie dans laquelle baigne la Tunisie. Entre tradition, révolution et religion, elle pose par la même occasion un regard sur le rapport entre pays d’origine et immigrés. Et même si on peut aisément pointer la naïveté du scénario, qui finit par en faire un film un peu facile, il reste néanmoins agréable et drôle.

Gaspard Dareths


Huit et demi 

Huit et demi, c’est le film que j’évoque dans le podcast Les Magisteriens Au Calme de Simon. Coup de cœur éternel, j’avais envie de revenir plus en détails dessus. Je l’ai découvert il y a quelques mois et, pour moi, il illustre et symbolise à merveille ce qu’est le poids (oui) de faire un film. Réalisé par Federico Fellini en 1963, il n’hésite pas à plonger dans un certain nombrilisme pour mon plus grand plaisir. L’histoire, c’est celle d’un réalisateur, Guido, joué par Marcello Mastroianni, qui essaie de faire son film, hésite, veut abandonner, continuer, plaire, charmer, se détruire, vivre et rêver … alternativement. En quelques mots, Huit et demi montre ce paradoxe qui fait que la création est complétement perméable à la vie intime de l’artiste tout en lui échappant. Par exemple, les rêves du réalisateur (où il flotte dans les airs ou revoit ses parents morts) sont présentés comme des sources d’inspiration (ou de perturbation) dans son écriture. Pour autant, le film montre tout autant l’impossibilité de Guido à comprendre lui-même ce qu’il a voulu dire dans son film. Le film traite assez superbement de la condition de l’artiste pour en devenir un intemporel en noir et blanc.