© Damien Frossard
Nouvel an : La tradition du bain glacé résiste au Covid-19
« J’essaie de ne pas rester statique et après tout, c’est bon pour la santé ! ». Mathilde, 20 ans, est en pleine baignade, à Cannes. Comme la jeune femme, ils étaient nombreux à célébrer la tradition scandinave en ce 1er janvier 2022. En effet, bien que la crise du Covid-19 ne cesse de s’aggraver, elle n’a pas empêché les plus téméraires de participer au plongeon collectif.
C’est une première pour Mathilde. Passionnée de natation, elle n’avait pourtant jamais entendu parler de cette tradition complètement givrée. Sous l’élan de sa belle-famille, qui fait honneur à la coutume depuis déjà plusieurs années, elle s’est décidée à braver le froid. Il sonnait 11 heures lorsque la fine équipe s’est installée sur la Plage du Midi. En période hivernale, les températures font généralement froid dans le dos. Ce 1er janvier 2022, les thermomètres affichaient pourtant 14 degrés sur la plage, comme en mer, ce qui est relativement « plus chaud que les années précédentes » a indiqué Laurence, la belle-mère de Mathilde. « Elle est super bonne ! Ça devrait aller » s’est réjoui cette dernière, la main dans l’eau. Néanmoins, « Dommage que le soleil ne soit pas au rendez-vous ». Équipé d’une combinaison ou d’un simple maillot de bain, pour les plus courageux, chacun est libre d’établir les conditions de sa baignade. De nature frileuse, Mathilde s’est rapidement tournée vers le premier choix. Au même instant, une famille de Britanniques se préparait à effectuer le plongeon collectif mais pas de combinaison pour ces habitués aux basses températures.
Après un échauffement express, une grande bouffée d’oxygène et un élan de motivation, tout le monde s’est enfin jeté à l’eau. Le tout sous le regard curieux des quelques spectateurs bien couverts venus admirer la scène : une sorte d’accompagnement psychologique. Pour certains baigneurs, pas question de s’éterniser. « Elle est trop froide ! » s’est écrié le petit-ami de Mathilde d’une voix tremblante. En revanche, d’autres ont profité de l’occasion pour effectuer quelques longueurs avant le retour sur la plage. Un moment d’autant plus appréciable, si le corps est rapidement acclimaté. C’est le cas de Mathilde, qui, telle une fidèle nageuse, s’est livrée à quelques minutes de mouvements intensifs. Une vraie surprise pour le reste de l’équipe, qui semblait douter du potentiel de la jeune femme.
C’est finalement pour le plus grand bonheur du groupe, ou presque, que la baignade s’est achevée. Après un retour compliqué sur la plage, à cause du vent, place désormais au réconfort des serviettes et des boissons chaudes. L’occasion pour Mathilde d’échanger sur son expérience. « C’était une sorte de défi pour soi-même. J’ai franchement trouvé ça génial. Le meilleur moyen de commencer l’année » s’est-elle confiée. Pour beaucoup, le bain du Nouvel An est en effet, un rendez-vous à ne pas manquer. Au vu de l’actualité, il s’agit encore plus d’un moment de convivialité et de partage. C’est également un moyen de prolonger les festivités de la veille. Il est toutefois important de ne pas négliger les consignes sanitaires car le virus se transmet même dans l’eau.
Mathilde Sanchez Garcin
L’esprit de Noël n’est jamais confiné
Avec la montée du nombre des cas de contamination par la Covid-19 et l’arrivée du variant Omicron, les fêtes ont encore une fois été placées sous le signe de la pandémie. Si certains Français n’ont pas eu la chance de passer les fêtes en famille, d’autres ont tenu à partager un moment avec leurs proches, même contaminés.
Chez Sylvie et Fabrice, habitants de Seine-Saint-Denis, tout semble normal pour un réveillon de Noël. Une exception près : deux couverts manquent à table. Julia, la fille aînée de la famille et son compagnon Jean-Baptiste, ont attrapé la Covid-19 et doivent rester isolés pendant une semaine. « C’est triste, c’est la deuxième année où les fêtes sont perturbées par la pandémie et la première fois que nous ne pouvons pas les passer avec nos trois filles », déplore Sylvie.
C’est après un apéritif en visioconférence avec le couple de trentenaires, coupes de champagne à la main, que la mère de famille a une idée : aller leur rendre visite par surprise pour leur apporter leurs cadeaux. C’est ainsi que la famille monte dans la voiture direction le 17e arrondissement de Paris, « une balade qui change pour un soir de réveillon » se réjouit Laura, 27 ans, la fille cadette. Traversant la capitale illuminée, ils profitent par la même occasion pour faire quelques détours en voiture devant les plus beaux monuments parisiens. Entre l’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel éclairés aux couleurs de l’Union européenne, en passant par la plus belle avenue du monde et malgré les échafaudages autour de la colonne de la Concorde, les Scagni en ont plein les yeux.
Les jeunes enfants qui croisent la famille dans la rue ont tous les yeux rivés sur Fabrice, qui leur sourit, vêtu d’un costume de Père Noël. L’homme, corpulent et portant une fausse barbe ressemble en effet comme deux gouttes d’eau à Saint-Nicolas. Quant aux autres membres de la famille, ils ont tous sur la tête un chapeau rouge pour être aussi dans le thème. Masque sur le nez, distance de sécurité et gel hydroalcoolique, toutes les précautions sont également prises par la famille.
En arrivant chez Julia et Jean-Baptiste, il est 23 heures. Pour garder la surprise jusqu’à la fin, la famille s’efforce de ne faire aucun bruit dans l’entrée de l’immeuble et monte lentement les marches du vieil escalier en bois grinçant. On peut sentir dans le couloir les bonnes odeurs de plats festifs qui émanent de tous les appartements de l’immeuble. Une fois devant la porte, Marie, la benjamine de la famille, toque. « On a le Covid, on ne peut pas ouvrir ! » répond sa grande sœur derrière la porte, pensant d’abord à un démarcheur. Après quelques instants et remarquant l’incompréhension de sa fille, Fabrice, prenant une fausse voix de vieillard, déclare « C’est le Père Noël de Villepinte ! ». Comprenant alors le guet-apens, elle ouvre finalement la porte, très surprise par la présence de ses proches : « Quand on a entendu toquer à la porte, je me suis vraiment demandée qui pouvait nous rendre visite un soir de réveillon ! Je ne me suis pas doutée que ça pouvait être mes parents car je les avais eus en FaceTime à peine une heure plus tôt. ». Quant à Jean-Baptiste, il pensait que les visiteurs étaient « des cambrioleurs déguisés en Père Noël ».
Julia invite sa famille à entrer dans son appartement mais ces derniers refusent par prudence. Ce sera donc seulement des discussions de loin et des échanges de cadeaux depuis le palier, très étroit pour six personnes. Lancement d’entreprise, promotion, achat de maison et voyage à venir, malgré la situation, les bonnes nouvelles fusent et sont au cœur des échanges. « On fêtera ça dans de meilleures conditions la semaine prochaine », propose la jeune femme. Pas d’embrassades mais le plaisir est bien là : « Je suis très contente de les voir, même si c’est très rapide, que c’est sur le palier et que nous sommes derrière nos masques ! ».
Comme quoi, même en pleine pandémie, l’esprit de Noël, lui, n’est jamais confiné…
Marie Scagni
Quand les jeunes tentent d’oublier la crise sanitaire le temps des fêtes
Chaque année pour les jeunes, Nouvel an rime avec fête. Mais cette année, encore plongés dans la crise sanitaire, Nouvel an a rimé avec vaccin et autotests. Face à la flambée des cas liés au nouveau variant Omicron, 232 200 nouvelles infections en 24h le 30 décembre, un groupe de quinze étudiants n’a pas renoncé à se réunir pour cette fête annuelle mais a souhaité le faire en respectant les recommandations du Premier Ministre. En accord avec l’organisatrice de la soirée, les jeunes se sont imposés deux conditions d’entrée. Un schéma vaccinal complet et un autotest négatif se présentaient comme la clé d’une soirée « sans prise de tête pour pouvoir enfin laisser un peu de côté le covid ». Julie Hallope, 20 ans, a accueilli d’ailleurs ses amis chez elle pour la soirée. Les autres jeunes hochant la tête pour montrer leur approbation. Ces invités font partie des 25% des 18-24 ans qui ont choisi de passer le réveillon chez des amis pour célébrer la nouvelle année. Les autres, pour 25% d’entre eux, ont choisi d’accueillir des amis chez eux et la moitié des jeunes français n’ont pas bougé.
Cette soirée représente le moment des retrouvailles dans leur village natal. La maison toujours décorée avec les guirlandes et le sapin de Noël, l’ambiance est festive. Une petite table se trouvant dans le fond de la pièce de vie accueille un buffet et des cocktails fait maison. Pendant le repas, des petits groupes de discussions se forment en fonction des intérêts communs : les fans de Marvel bavardent sur le nouveau Spider-Man sorti la semaine dernière, les fins connaisseurs de la culture japonaise échangent sur leur dernier animé et enfin les plus férus de l’actualité débattent sur les prochaines élections présidentielles. Après quelques heures de discussion, une fois le son de l’enceinte poussé à son maximum et la lumière des projecteurs de couleur positionnée sur la piste, l’envie de danser est unanime.
Il est près de 23h30 quand le morceau le plus joué sur les plateformes de streaming en France en 2021 résonne dans la maison. Instinctivement, tous les jeunes se lèvent pour se rendre sur la piste et chanter le fameux refrain du titre du rappeur Naps : « C’est La Kiffance ! ». Après trente minutes de danse enflammée, le fameux moment du décompte jusqu’au « Bonne année » est arrivé. Les jeunes s’échangent leurs vœux. Là encore, difficile d’éviter l’embrassade. Les gestes de certains sont quelques peu hésitants mais après une soirée hors du temps, impossible pour les autres de respecter les gestes barrières.
« Et puis zut, on se dit pas bonne année tous les jours ! » s’exclame Julie. Son amie ne semble pas vraiment du même avis. Elle explique que le match contre le covid est loin d’être gagné et que son père est une personne fragile. « Il ne doit surtout pas attraper le virus, d’autant que le vaccin n’est plus vraiment efficace ! » confie Elisa Burgraff, 20 ans, à ses amis, même si elle ne peut se résigner à rester enfermer chez elle. Selon une étude scientifique relayée par la BBC, les vaccins sont efficaces entre 30 et 40% pour prévenir les infections au variant omicron. Quelques verres plus tard, les jeunes se défoulent sur la piste. Ils profitent des premières minutes de cette nouvelle année, en espérant que l’année prochaine, Nouvel an rimera enfin de nouveau avec fête sans prise de tête.