Pour rappel Ousmane Sonko a été la cible d’une plainte pour viol. Face à ces accusations, il crie au complot. Le tout serait orchestré par le président en place, Macky Sall. Alors qu’il se rend au tribunal pour répondre à ces accusations, il est arrêté pour trouble à l’ordre public. Le pays se soulève, et la jeunesse sort dans la rue. 

C’est dans ce contexte qu’Adji Sarr, la femme qui a accusé Ousmane Sonko (troisième aux dernières élections présidentielles) a brisé le silence. Les cernes creusées, elle s’est exprimée à la télévision sénégalaise ce mercredi 17 mars : « J’ai connu Ousmane Sonko au salon de massage où j’étais employée. Je l’ai reconnu sans rien dire. Lorsqu’il s’est déshabillé dans la cabine, j’ai vu qu’il portait deux armes dans leur gaine. J’ai pris peur mais il m’a dit que c’était pour sa protection ». À la fin de cette première séance, l’homme politique aurait déclaré qu’il connaissait l’identité, et le domicile de la masseuse. « Il m’a étranglée et m’a demandé de me mettre par terre pour faire tout ce dont il avait envie, avant de me laisser partir », a-t-elle poursuivi, la voix nouée. « Il n’a pas pointé ses armes sur moi mais m’a fait comprendre qu’il pouvait me faire tuer sans que personne ne le sache ». Depuis sa première déclaration, elle affirme avoir reçu de nombreuses menaces de mort. L’affaire divise profondément la nation. Les associations féministes supportant Adji Sarr se font rares. Un peu plus d’un an après l’adoption d’une loi criminalisant le viol, la parole des victimes n’est encore que peu écoutée.

Scandale politique ou décrédibilisation des femmes ? La question se pose pour celui qui, depuis sa libération, a terminé troisième aux dernières élections présidentielles et encourage les jeunes à retourner manifester. Le problème ? Ces manifestations tournent presque systématiquement en émeute. De nouvelles scènes violentes se sont déroulées ce jeudi 18 mars dans le pays. 10 supermarchés Auchan ont été pillés à Dakar. Un jeune manifestant a perdu la vie dans le sud du pays. Sonko a été replacé en garde à vue cette semaine dans le cadre d’une procédure pour trouble à l’ordre public. Les jeunes se sentent incompris, le gouvernement perd le contrôle, le pays est plus que jamais plongé dans une crise générationnelle. 

Vincent Pic