De retour une semaine après les élections présidentielles des États-Unis, comment la scène internationale se positionne face à cette réélection de Donald Trump et plus particulièrement les femmes ? Milliardaire connu pour ses tendances extrémistes et ses convictions misogynes, sa victoire écrasante laisse présager un avenir inquiétant pour les droits de la femme. 

Depuis l’annulation de l’arrêt fédéral Roe vs Wade par la Cour suprême des États-Unis en 2022, un recul du droit à l’avortement s’est amorcé. Cet arrêt, qui garantissait depuis 1973 le droit à l’IVG sur l’ensemble du territoire, a été invalidé. Depuis, environ 20 États américains, comme l’Indiana, ont instauré des restrictions, partielles ou totales, sur l’interruption volontaire de grossesse. Ce recul significatif des droits des femmes sur leur propre corps n’a pourtant pas empêché une partie des Américaines de soutenir le candidat. Trump a recueilli 44 % des voix féminines, un chiffre en hausse par rapport à son précédent mandat. Se posant en « protecteur des femmes » avec son slogan « I will be your protector, » il a adopté une stratégie politique qui a trouvé un certain écho. Pourtant, difficile de tirer des conclusions générales sur le vote féminin face à cette figure controversée, souvent critiquée pour ses positions perçues comme phallocrates.

Les États-Unis sont-ils véritablement prêts pour une femme à la Maison Blanche ?

À chaque élection présidentielle, une constante semble se dessiner : lorsque Donald Trump se retrouve face à une femme, il sort vainqueur. Un succès qui démontre la victoire d’une vision misogyne de la société. Les supportrices de Kamala Harris sont très déçues et inquiètes. Mais ce résultat soulève une interrogation plus profonde sur la capacité des États-Unis à accepter une femme au pouvoir, indépendamment de ses qualifications ou de son origine : Hillary Clinton, femme blanche, et Kamala Harris, première femme noire et d’origine sud-asiatique à briguer le plus haut poste, ont toutes deux suscité espoir et enthousiasme notamment chez les jeunes et les femmes. Pourtant, leur échec face à Donald Trump semble indiquer que « le plafond de verre » aux États-Unis est plus rigide qu’il n’y paraît.

Les mentalités américaines sont-elles prêtes ? À mesure que les générations évoluent, on peut imaginer une prise de conscience grandissante et un engagement de plus en plus fort des femmes pour faire entendre leurs voix. Ce mouvement dépasse d’ailleurs largement les frontières des États-Unis : ce qui est en jeu dans cette bataille, c’est l’avenir de toutes les femmes à travers le monde. La route est encore longue, mais la détermination des femmes, que ce soit en Amérique ou ailleurs, porte en elle l’espoir d’un futur plus égalitaire. C’est en tout cas ce qu’espère Marie-Alice Devoille fondatrice de l’association Femmes en défense.  « Le 5 novembre a été une énorme défaite pour nous les femmes ». Fondée en 2017 à Marseille, l’association Femmes en défense lutte activement contre les violences faites aux femmes. La présidente, profondément engagée tant sur le plan personnel que professionnel dans la prévention, se spécialise dans l’enseignement de techniques simples de self-défense. « Il ne faut pas être dans la résignation, mais continuer à dénoncer et revendiquer notre place face à ceux qui cherchent à nous réduire au silence ». 

Elle souligne l’impact potentiel des résultats, notant que dans un pays aussi influent que les États-Unis, les idées se trouvent susceptibles d’inspirer d’autres nations. « Au-delà de l’effet immédiat de ce scrutin, l’urgence reste intacte, tant aux États-Unis qu’ici ». Dans ce contexte, elle appelle à un renforcement de la solidarité féminine et à une mobilisation des mouvements sociaux. Ce sera le cas samedi 23 novembre aux Réformés Canebière, avec un rassemblement en coalition avec la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des minorités de genre (25 novembre). « Aux États-Unis aussi, ce n’est pas la fin de la résistance. » conclut-elle. Pour Marie-Alice, chaque attaque contre les droits des femmes, qu’elle soit politique ou sociale, est un appel à la mobilisation, une occasion de renforcer le combat. Dans un contexte où des figures comme Donald Trump continuent de gagner du terrain, l’espoir et la lutte féministe demeurent vivants : la résistance n’étant jamais un acte ponctuel mais plutôt un engagement constant, chaque femme qui se bat pour son autonomie, sa sécurité et ses droits participe à un mouvement global. 

Julie Deichelbohrer