Après la Palme d’or à Cannes pour Parasite en 2019, la Corée du Sud rayonne un peu plus en obtenant le prix Nobel de littérature 2024. 

L’annonce de cette distinction a immédiatement entraîné une forte demande auprès des maisons d’édition et de leurs imprimeurs. Jusque-là connue essentiellement  d’un  public de spécialistes, le prix Nobel amène Han Kang à un autre niveau de notoriété. Selon 20minutes.fr, plus d’un million de ses livres de Han Kang ont été vendus quelques jours après la remise de ce titre jeudi 10 octobre. Les œuvres de l’autrice sont en rupture de stock dans toutes les librairies, en attente de réédition. Charlotte Saulay, libraire au rayon Littérature à la librairie Goulard située à Aix-en-Provence, affirme que le dernier ouvrage de l’écrivaine était « le coup de cœur de la librairie ». Elle souligne également l’augmentation des traductions et la mise en avant des ouvrages asiatiques, témoignant de l’essor de cette culture orientale « Tout le monde en lit de plus en plus et aucun public en particulier n’est visé. Toutes les tranches d’âges et tous les genres lisent des œuvres asiatiques ». Le public est séduit par cette écriture venue d’ailleurs aux accents poétiques et symboliques, laissant une libre interprétation au lecteur. « Ce qui fait la différence avec les livres occidentaux est la poésie des textes. C’est très agréable à lire car le lecteur est plongé dans les émotions du personnage qu’il suit » confie un client de la librairie. 

Le développement de la popularité des ouvrages venus d’Asie est tel, que certains passionnés de lecture s’attendaient à voir un écrivain ou une écrivaine asiatique la récompense, mais personne ne pensait à Han Kang. « C’est une bonne chose qu’elle l’ait obtenu. Elle a déjoué les pronostics par son âge et sa nationalité. Bien souvent il faut attendre d’avoir un certain âge pour recevoir une distinction aussi prestigieuse et ce sont des auteurs francophones, anglophones ou russes qui en obtiennent » confie, ravie, Aquilina Tanous du rayon Sciences humaines. « Son écriture donne un nouvel horizon sur ce que peut être la littérature. Cela permet de donner sa chance à des styles plus méconnus du grand public ». 

Une poésie qui a su séduire le jury

Han Kang, écrivaine et poétesse de 53 ans, n’est en effet que le second lauréat sud-coréen à recevoir un prix Nobel. Mais, il s’agit bien de la première femme asiatique à se voir remettre cette récompense dans la catégorie « Littérature ». La romancière se fait connaitre sur la scène internationale après l’obtention du prix Booker en 2016 pour son roman La Végétarienne paru en 2007.  Il s’agit d’une œuvre introspective sur la résistance au conformisme et les luttes internes d’une femme qui décide de devenir végétarienne au sein d’une société rigide. Sa notoriété dans le milieu littéraire mondial s’accroit après la publication de son roman Impossibles Adieux en 2021, où elle aborde les conflits du XXème siècle et l’angoisse qu’ils génèrent chez ses personnages. Elle obtient grâce à lui le prix Médicis étranger 2023 en France. 

Célèbre pour ses œuvres littéraires poignantes qui explorent des thèmes complexes, Han Kang aborde la violence, la douleur et la résistance psychologique avec poésie. C’est ce style inhabituel et rafraichissant qui a séduit le jury de la prestigieuse académie. Il lui remet cette distinction « pour sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine ». L’autrice n’hésite aucunement à pousser ses lecteurs dans des situations inconfortables. « Elle nous invite à se questionner sur la nature des relations et la manière dont nous faisons face à la perte que ce soit des proches ou des souvenirs » confie une fidèle lectrice rencontrée dans le rayon dédié à la littérature internationale. 

Le récent succès de Han Kang renforce son statut de voix littéraire incontournable, non seulement en Asie mais à travers le monde. Elle a effectivement marqué l’univers littéraire international grâce à sa plume unique. L’autrice est une figure marquante de la représentation féminine dans le monde littéraire : une victoire en tant qu’artiste, mais également en tant que femme.

Marianne Courbon et Julie Deichelbohrer