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Depuis le jeudi 24 février, la situation en Ukraine est au cœur des préoccupations de nombreux pays. Jeudi, Vladimir Poutine a annoncé la guerre à son irréconciliable voisin. Des habitants d’Allemagne, de Singapour, des Etats-Unis et du Canada ont accepté de nous livrer leur vision de cet événement que tout le monde redoutait.
En France, la guerre en Ukraine met entre parenthèse la campagne présidentielle qui jusque-là était au centre de tous les débats. Une preuve que l’Hexagone se sent particulièrement concernée par les récents événements. En Allemagne, le pays est également très impliqué dans la crise. Mathieu, expatrié français outre-Rhin raconte : « le rapport qu’entretient la population allemande avec à la crise est plus sensible que celui de la France. L’Allemagne a une position centrale au niveau géographique mais plus largement, au vu de leur histoire, tout obstacle à la démocratie ou aux libertés fondamentales les touche davantage ».
En dehors de l’Europe, la situation ne fait pas toujours les gros titres. A Singapour, Rémi, expatrié français, explique : « on parle très peu de la crise en Ukraine à Singapour, on a peu d’opinion sur le sujet. En revanche, les médias font des parallèles avec Taïwan car la problématique est la même : la défense occidentale vis-à-vis des super-puissances qui cherchent à gagner du territoire. Alors que la Chine déclare que Taïwan est Chinoise, on se demande si les Etats-Unis vont intervenir. C’est la même chose avec l’Ukraine ». Dans les écoles, la crise n’est pas davantage abordée. « J’en parle avec mes amis mais aucun de mes profs n’a évoqué le sujet » constate Yanis, élève dans un lycée français à Singapour. Au Canada, les médias ont commencé à parler de la crise au moment de la déclaration de guerre de Poutine. « Beaucoup de gens ne sont même pas au courant qu’il se passe quelque chose de grave en Europe » se désole Célina, expatriée française.
Des tentatives d’apaisement européennes qui n’ont pas fait grand bruit
En Europe, cela fait plusieurs semaines que la situation en Ukraine inquiète. Le 7 février dernier, Emmanuel Macron s’était rendu au Kremlin pour échanger avec son homologue russe afin d’apaiser les tensions. Sans succès. Mathieu, explique qu’en Allemagne, le gouvernement ne voit pas les choses de la même façon. « Le gouvernement ne cherche pas à être sous la lumière et à faire le coq pour de la diplomatie. Ils veulent faire de la vraie politique, ils sont très pragmatiques. Je pense que ce sont de vraies différences culturelles ». Après la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de provinces ukrainiennes pro-russes, le chancelier allemand avait déjà annoncé les premières sanctions économiques en suspendant l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie et son pays. « L’Allemagne privilégiera toujours les sanctions économiques plutôt qu’un interventionnisme militaire car ils n’ont pas spécialement les moyens mais, surtout, au vu de leur histoire, ils priorisent les solutions pacifiques ».
Toutefois, dans de nombreux pays, cette tentative a été passée sous silence. « Ils ont diffusé à la radio canadienne des extraits du discours de Macron s’adressant aux Français le jeudi 24 février mais avant ça, je n’ai pas entendu les médias parler du président français », se souvient Aymeric, expatrié français au Canada. « Je ne savais même pas que votre président s’était rendu en Russie alors que c’est quelque chose d’important ! s’étonne Maria, étudiante américaine. J’ai l’impression que, chez nous, les informations cachent ce qu’il se passe d’important en dehors des Etats-Unis ».
« Cette guerre durera » a annoncé Emmanuel Macron, le samedi 26 février au Salon de l’agriculture. L’Union Européenne se prépare au pire. Elle a annoncé dimanche qu’elle allait financer la livraison d’armes en Ukraine face à l’invasion russe, une première pour l’Union. Un conflit à long terme se dessine donc. Toutefois, une réponse militaire de l’Occident n’est pas encore d’actualité et les sanctions économiques sont priorisées. « Il est primordial d’aider toutes ces personnes mais j’ai peur qu’on finisse par se faire attaquer aussi » s’inquiète Maria.