A Aix-en-Provence, difficile de trouver un logement pour moins de 400 euros par mois. Les étudiants subissent la concurrence des jeunes actifs, dont les capacités budgétaires font grimper les prix des petites surfaces dans le centre historique. Reste une alternative pour les moins fortunés : les résidences universitaires.
Le CROUS est un organisme public qui gère dans toute la France un important parc de logements, à l’état et au confort inégal. Ils sont destinés prioritairement aux boursiers, et proposés à des prix bien en-dessous du marché grâce à un système de subventions. Le CROUS proposait à l’origine à ses étudiants que des petites chambres, ressemblant à s’y méprendre à des cellules monastiques. Aujourd’hui, l’offre s’est élargie. On trouve des locations meublées de 9 à 25 m², pour des prix dépassant rarement les 350 euros, avec sanitaires et cuisines, en commun ou privatifs. Ces résidences parsèment tout le sud d’Aix, au plus près des facultés. Parmi les plus grandes, on peut citer Les « Fenouillères » ou « Les Gazelles », destinée aux étudiants étrangers.
La cité universitaire de Cuques, quant à elle, compte plus d’un millier de logements. Cette véritable ville dans la ville, avec ses cantines, bibliothèques et laveries, concentre le quart des biens du CROUS sur la métropole. La petite dizaine de bâtiments que compte le complexe date pour la plupart des années 90. L’intérieur laisse peu de place à l’imagination. Les murs sont d’un blanc légèrement défraîchi. Des couloirs étroits se déploient à l’infini comme dans un hôpital. Toutes les chambres sont identiques et pourvues en mobilier (lit, table et chaise à minima) et équipées au moins d’un frigo. Le CROUS met à disposition le strict minimum. Le locataire exigent devra investir dans des équipements supplémentaires pour gagner en confort. La cité est adjacente à un petit parc où des colonies d’étudiants viennent lézarder aux premiers rayons de soleil. Les plus studieux garnissent quant à eux les rangs de nombreuses salles de travail.
Une demande toujours aussi importante
Ce cadre de vie assez morose ne décourage pas les étudiants qui candidatent chaque année par milliers pour obtenir leur chambre de “Cité U”. Au premier rang des arguments des locataires, on trouve le prix : « On paye à peine plus de 100 euros pour une chambre décente à 10 minutes du centre-ville… C’est cadeau ! », annonce Elie, qui vit aux Fenouillères. Le prix au m² des locations est en effet jusqu’à 33% moins élevé que dans le privé. Vivre au CROUS, c’est aussi une forme de confort : pas besoin de sonder des douzaines d’agences immobilières, ou de se creuser la tête pour trouver un garant. Les places sont attribuées automatiquement en fonction des revenus des parents.
Des résidences pas toujours bien vues
Les logements du CROUS continuent malgré tout de souffrir d’une mauvaise image. Les parents les voient souvent comme des lieux plus propices à la fête qu’à l’étude. Le règlement intérieur bannit le bruit après 23 heures, mais les contrevenants sont nombreux et les murs pas toujours très épais. On ne saurait donc conseiller aux futurs locataires d’investir dans des bouchons d’oreille. L’autre incontournable de l’étudiant en « Cité U » est une paire de claquettes. Il la chaussera à chacun de ses passages dans les sanitaires, pour éviter de fouler un sol pas toujours propre, et éventuellement slalomer entre les divers rongeurs peuplant les vieux immeubles. Pour Yassine, locataire aux Gazelles, ces problèmes sont bien lointains. Moyennant 300 euros par mois, il a fait le choix d’un studio autonome, avec douches, toilettes et cuisine privatifs : « On a les avantages d’un appartement classique pour un prix bien moindre ». Quand on évoque cette solution, Elie est perplexe : « Partager des communs, ça permet de créer du lien. Il y a beaucoup de passages, on rencontre de nouvelles personnes qui ont toujours quelque chose à raconter. Si c’était à refaire, je ne me poserais aucune question. »
Simon Adolf