Sept candidats se sont présentés à la primaire de la gauche pour être le candidat à la prochaine présidentielle. Dimanche soir, Benoît Hamon est arrivé en tête au premier tour en distançant Manuel Valls. L’actualité de l’entre-deux-tours a été riche en évènements, entre polémique sur le nombre de participants à la primaire, et remarque acerbe de l’ancien Premier ministre. Retour sur une semaine qui a marqué le paysage médiatique.
Les résultats de la primaire de la Belle Alliance Populaire sont tombés. Benoît Hamon avec 36% des suffrages, devance l’ancien Premier ministre Manuel Valls (31 %) et Arnaud Montebourg (17 %). Pour ce dernier, c’est un véritable camouflet, le candidat porteur du “Projet France” espérait encore figurer au second tour il y a tout juste un mois.
Du coté des quatre outsiders, aucun n’est arrivé à atteindre des scores à deux chiffres. Vincent Peillon a oscillé autour des 7%, l’écologiste François de Rugy a terminé à 4%, la seule femme de cette primaire Sylvia Pinel a obtenu 2%. Enfin Jean-Luc Bennahmias a terminé bon dernier avec 1%.
En arrivant deuxième, à 5 points de Benoît Hamon, il sera très difficile pour Manuel Valls de gagner au second tour avec les reports de voix. En effet, dans son discours de défaite, Arnaud Montebourg a violemment attaqué le natif de la Catalogne et a appelé à voter pour Benoît Hamon au second tour. L’influente maire de Lille, Martine Aubry, a également annoncé que, elle aussi, voterait pour celui qui incarne “l’aile gauche du parti”.
La candidate du Parti radical de gauche Sylvia Pinel s’est ralliée à Manuel Valls, “il est le plus proche de mes convitions” a-t-elle annoncée.
De son coté, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, a décidé de ne pas choisir entre les deux candidats arrivés en tête.
Manuel Valls, le changement dans la continuité ?
Les électeurs de gauche ont un choix extrêmement clivant : voter Manuel Valls pour rester dans une lignée social-démocrate, ou choisir Benoit Hamon pour ses idées plus ancrées à gauche (revenu universel, 49.3 citoyen, passage à une VIe République).
Mais ce qui a réellement marqué cette primaire, c’est l’imbroglio autour de la participation, tournant à la polémique. Lundi à 11h, on annonçait un peu plus de 1,6 millions de votants pour 95% des bureaux de vote. 350 000 voix ont été rajoutées sans que cela n’affecte le pourcentage des candidats. En effet, chaque prétendant à la victoire aurait été augmenté de la même proportion.
La direction du PS a annoncé un bug informatique sous la voix de de Christophe Borgel. Le président de l’organisation de la primaire s’est exprimé dans la journée de lundi, “Il y a eu un bug, rien de plus. Et c’est un peu de ma faute. Il y avait beaucoup de pression autour du niveau de participation, j’ai demandé à ce que les résultats soient actualisés au plus vite. Et effectivement, on a appliqué au nouveau total de votants les pourcentages de la veille.”
“Il y a des ambiguïtés et des risques d’accommodement”
Dans l’entre deux-tours, Manuel Valls s’est montré très offensif à l’égard de son adversaire, en critiquant sa position sur la laïcité. En pointant du doigt l’islam radical, l’ancien Premier ministre dénonçait “des ambiguïtés, et des risques d’accommodement” de la part de Benoît Hamon. L’ancien Premier ministre faisait écho aux propos de son concurrent, qui n’avait pas hésité à minimiser un reportage de France 2, dans lequel un café parisien avait interdit la présence de femmes.
Benoît Hamon a réagi avec véhémence à ces propos. « C’est délibérément injurieux. Je combat l’islamisme radical contrairement à ceux qui donnent des leçons en restant tranquillement installés dans leurs fauteuils en velours, tous ceux qui confondent tout, à droite ou ailleurs, et qui ont décidé de faire de l’islam une religion incompatible avec la République » a-t-il confié à un journaliste du Parisien.
Mercredi, les échanges pendant le rituel débat d’entre-deux-tours n’ont pas permis d’apaiser la relation entre les deux hommes. Etonnement, c’est Benoît Hamon qui s’est montré rapidement le plus offensif en attaquant Manuel Valls, l’accusant de ne pas anticiper la raréfaction du travail. Le député des Yvelines s’est ainsi immédiatement positionné sur son thème phare de campagne, le revenu universel. De surcroit Manuel Valls lui a répondu en exprimant son souhait d’être “le candidat de la feuille de paie”, et en substance, pas celui de la feuille d’impôt. Sur la vision de la laïcité, c’est sans grande surprise que les deux candidats ont également montré des divergences.
Si Manuel Valls a parfois essayé de mettre en exergue sa stature d’homme d’état, il n’a pas semblé réussir à inverser la tendance. Verdict dimanche.
Jordan Piol-Speranza