Les pelouses synthétiques essaiment partout en France. Ces substituts au gazon, fabriqués le plus souvent à l’aide de caoutchouc et de plastique recyclés, sont plébiscités par les clubs de sport pour leur faible coût et facilité d’entretien. Au point de faire oublier certains points noirs.
Que cela soit sur les pelouses du stade Carcassonne de la Torse ou celle du stade Ruocco, nombreux sont les Aixois à pratiquer un sport sur un terrain dit « synthétique ». Au premier abord, ces pelouses sont semblables aux gazons classiques. Pourtant, les sportifs les plus réguliers remarquent vite qu’elles peuvent avoir un impact négatif sur la santé. Ces surfaces sont utilisées dans tous les sports se jouant sur du gazon (le football et le rugby essentiellement, mais également le hockey sur gazon). Nombreux sont ceux qui ressentent des douleurs chroniques, ou observent une augmentation anormale du nombre de blessures musculaires. En effet, ces surfaces sont faites à partir de plastique, qui absorbe beaucoup moins bien les chocs que les pelouses classiques. Une étude parue dans le British Journal of Sport affirme que les footballeurs voient leur risque de souffrir d’entorses accru sur ce type de pelouses.
C’est une intuition partagée par Thibault Reyne. Le joueur de l’équipe universitaire de la Faculté de droit s’entraîne de façon hebdomadaire sur la pelouse synthétique du stade Ruocco : « Après les entrainements, il m’arrive d’avoir mal au dos, ou de ressentir des douleurs aux jambes. Les appuis sont plus difficiles, ce qui augmente également le risque de chute ». Justin Carrette, ancien membre du XV d’AMU, pointe quant à lui des « douleurs aux articulations et des ampoules chroniques ».
192 substances nocives
Pour atténuer les impacts lors des courses, par exemple, les fabricants de gazons synthétiques noient leurs pelouses de petites billes noires de caoutchouc. Si elles rendent le terrain plus meuble, elles ne sont pas exemptes de défaut. Ces billes sont fabriquées à partir de pneus recyclés. En juillet 2017, le magazine So Foot à fourni des échantillons de pelouses synthétiques à un laboratoire afin de tester leur toxicité. Les résultats pointent la présence de 192 substances nocives, dont certaines comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, sont cancérigènes. Les risques de contaminations sont accrus dans le cadre de sports qui mettent des plaies ouvertes en contact avec les billes de caoutchouc, comme le rugby.
Aujourd’hui, on compte 2800 stades synthétiques à travers la France, et 200 nouveaux sont construits chaque année. L’Agence nationale de sécurité sanitaire, estime que les éléments scientifiques ne permettent pas encore de cibler une toxicité avec certitude, mais que « des incertitudes demeurent ».
Simon Adolf