@MathildeSanchezGarcin

« Justice et Environnement » étaient au cœur de cette 5ème édition du Festival du Film Judiciaire d’Aix-en-Provence, du 23 février au 2 mars 2022. Un événement organisé dans le cadre du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance. 

Réveil matinal pour les collégiens et lycéens aixois. Le cinéma Le Renoir ouvre ses portes à 8h30 pour accueillir l’événement. Cette année, les thématiques visaient à sensibiliser les jeunes et à interpeller leur conscience écologique. L’occasion de faire suite aux récentes lois votées sur le développement durable. Ce matin, c’est le film de Farid Bentoumi, ROUGE, qui a été sélectionné par le comité du FFJ, pour être diffusé. Une œuvre qui fait également partie de la sélection officielle des films du Festival de Cannes en 2020. C’est montrer l’importance du sujet qu’il aborde.

Les premières scènes du film sont percutantes et permettent d’entrer dans le vif du sujet. Farid Bentoumi nous dresse l’histoire de Nour, ancienne urgentiste embauchée dans l’usine chimique où travaille son père, délégué syndical et pivot de l’entreprise depuis plus de 30 ans. Mais alors que l’usine est en plein contrôle sanitaire, une journaliste mène l’enquête sur la gestion des déchets. Les deux jeunes femmes découvrent peu à peu que cette usine, pilier de l’économie locale, cache bien des secrets. Un thriller écologique qui répond aux thématiques « Justice et Environnement » en soulignant l’attachement à l’intérêt collectif plutôt qu’à l’intérêt individuel. Mais bien que l’histoire soit alarmante et soulève de vrais questionnements, tous les adolescents de la salle ne se sentent pas concernés. Au cours de la projection, les professeurs ne cessent de rappeler leurs élèves à l’ordre. Un constat révélateur d’un manque d’information et d’éducation de ces jeunes sur les enjeux climatiques actuels. L’objectif du programme étant de susciter des prises de conscience, la phase d’échange et de débat doit alors permettre aux élèves d’élargir leur réflexion. 

Échanger pour éduquer

Alors que les lumières éblouissent, le membre du rectorat, chargé d’encadrer la séance, ouvre les débats. Il interroge les élèves sur leurs premières impressions et leurs actions en tant que jeunes citoyens pour la protection de l’environnement. Par timidité ou alors manque d’investissement, les réactions tardent à venir et l’assemblée reste étonnement muette. « Tous les matins, je prends le bus donc je participe déjà à la protection de l’environnement. Et puis je suis éco-délégué à la Nativité » témoigne finalement Arthur avec beaucoup de courage. « Dans notre collège, on a un projet contre le plastique pour lutter pour l’environnement » ajoute un autre élève. Comme les réponses ne se bousculent pas, les organisateurs laissent place à l’intervention des différents professionnels. La représentante du Parquet d’Aix-en-Provence revient sur une affaire très similaire à celle évoquée dans ROUGE. « À la suite du film, une enquête a été menée sur cette entreprise qui est de notre ressort et se trouve à Gardanne. Aujourd’hui cette société continue de tourner, elle marche bien mais l’ensemble du processus a été revu pour le traitement des déchets » révèle-t-elle, à la surprise générale. De quoi donner à la fiction une tournure plus réaliste. Interpellés par cette déclaration, il semble d’ailleurs que les élèves retrouvent leur calme. « Ce type d’affaire nécessite des investigations très longues et lourdes avec les équipes scientifiques. Juridiquement, il faut un lien de subordination entre les infections des poumons, les cancers et la toxicité de l’usine » conclut-elle pour évoquer les difficultés procédurales soulevées dans le film. À la fierté de leurs professeurs, certains adolescents demandent à prendre la parole. Ils s’interrogent sur les mesures prises par la ville d’Aix-en-Provence pour lutter contre la pollution. Sylvain Dijon, adjoint au maire, au service Prévention de la Délinquance et Sécurité, leur répond : « au niveau des villes, on s’entraîne à gérer des incidents. Tout ce qui est pollution, on le maîtrise moins que les autres risques majeurs. Mais si ça arrive, on fera tout ce qui est possible ». Ces interventions semblent susciter l’attention des lycéens qui participent désormais au débat. Un constat qui souligne davantage l’importance de l’échange, sur de tels sujets, pour développer sa propre réflexion. Mais aussi parce que la résolution de telles problématiques passe avant tout par une éducation des esprits et ce, dès le plus jeune âge.

Mathilde Sanchez Garcin