©Elisa Hemery

Dimanche 17 octobre, la ville d’Aix-en-Provence et l’ADAVA – l’association aixoise qui œuvre pour le développement du vélo, de la marche et des transports en commun – ont co-organisé la très attendue Fête du vélo. L’événement a, en effet, été décalé de 15 jours en raison de la météo.

Pour les festivités, le Cours Mirabeau est métamorphosé : une multitude de stands, des circuits et même un cinéma en plein air sont installés. Les familles aixoises n’ont que l’embarras du choix face aux nombreuses animations proposées de 10 heures à 18 heures. Pourquoi ne pas se remettre en selle et faire réparer son vélo ? Ou se laisser tenter par une balade dans la ville, accompagné d’un guide ? Ou encore enjamber un kart pour un tour, voire deux ? Chacun sur son bolide – à zéro émission, attention – ou à pied, les curieux à l’âme sportive déambulent, s’arrêtent, discutent … Et écoutent. Parce que cette fête est l’occasion parfaite pour en apprendre davantage sur les bienfaits de cette pratique, ou sur les volontés de la ville en matière d’aménagements.

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Un événement, une collaboration

« Le but, c’est d’arriver à faire cohabiter le cycliste, le piéton et l’automobiliste dans notre ville » affirme Éric Chevalier, adjoint au maire en charge des mobilités. Et la convention avec l’ADAVA, en place depuis trois ans, a pour objectif de travailler en synergie avec ces praticiens du vélo. Le problème principal dans notre territoire reste incontestablement la mobilité. La Métropole cherche donc à mettre l’accent sur ce point. L’élu, également président de la mission locale du pays d’Aix, estime que le premier frein à l’emploi est la mobilité. « Il faut investir sur tout le territoire, afin que les communes puissent bénéficier de ces évolutions ». Une volonté claire : permettre une liaison et une continuité entre les villages, les quartiers excentrés et le centre d’Aix. Et faciliter le stationnement dans la ville de l’art et des eaux. Ce qui n’est pas toujours évident, la ville ayant l’obligation de demander des autorisations à l’ABF (architecte des bâtiments de France), qu’elle n’est pas encore parvenue à obtenir.

Olivier Domenach est sur place depuis 7 heures du matin. Président de l’ADAVA Pays d’Aix et co-fondateur de l’association, il partage l’objectif du conseiller municipal. Développer plus efficacement tous les aménagements nécessaires au développement du réseau de pistes cyclables. « Nous entretenons de très bons rapports avec la Ville. Mais cette entente n’est pas forcément suivie d’effets ». Il regrette que la municipalité ne se contente que d’opérations éparses et il déplore l’absence d’un plan d’ensemble concret. « Il n’y a pour l’instant pas de planification dans la mise en œuvre. Ce n’est pas une vision que l’on pourrait qualifier de stratégique ».

Depuis 30 ans, l’ADAVA et ses 600 adhérents travaillent au développement des aménagements cyclables, avec la création de véritables pistes – pas de simples bandes sur les trottoirs – et de stationnements. Avec ses 11 antennes communales, elle souhaite faire pression sur les élus et créer un réseau intercommunal dans un délai de 10 ans. Elle aide également enfants et adultes à se mettre ou se remettre en selle avec des « écoles vélo ». Engagée, elle dispose d’une convention avec des associations d’insertion. Elle donne une seconde vie à des bicyclettes trouvées en déchetterie ou données à l’association. « Cette action permet de les vendre pour 40 ou 50 euros ». Après l’échec de la mise en libre-service, cette initiative semble plus que nécessaire. « Aucun élu ne se déplace à vélo. Il est temps que les choses bougent » soutient Olivier Domenach.

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Les enfants, au cœur des festivités

Sens interdit, limitation de vitesse, stop … Le casque enfoncé sur la tête, les plus jeunes apprennent à respecter avec un membre de l’ADAVA les règles assurant leur sécurité sur leurs deux roues. Ils se prêtent au jeu avec beaucoup de sérieux. Jusqu’à respecter un arrêt aux passages pour piétons instinctivement dès le deuxième tour de piste. « Le vélo, c’est le véhicule de l’avenir. L’idéal serait que tout le monde se mette en selle. Quand on apprend dès le plus jeune âge, on garde l’habitude une fois adulte » assure Isabelle, qui encadre une autre piste dédiée au kart, où les fontaines du Cours servent de ronds-points. Même les plus grands se mêlent à la course. « Maman, encore ! » s’exclame un enfant, émerveillé par le véhicule.

Leur donner goût au déplacement à deux roues, voilà l’un des objectifs principaux de cette fête aixoise. « Nous étions déjà très vélo, nous avons donc cherché à leur transmettre ce plaisir abordable et à moindre impact environnemental » confie Garance, accompagnée de toute sa famille. Une réussite : les deux garçons ne descendent plus de leur bicyclette. Lorsque le plus grand a enlevé les petites roues, il lui a très rapidement demandé de le laisser avancer seul, sans qu’elle le tienne. Gagner en assurance, accepter les chutes … Le vélo propose un véritable apprentissage aux jeunes générations.

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« Why we cycle ? » ou prendre exemple

Les visiteurs ont, durant cette journée placée sous le signe de la mobilité, la possibilité d’assister à trois projections du documentaire de Arne Gielen et Gertjan Hulster « Why we cycle ? ». Tourné au Pays-Bas, il nous éclaire sur l’importance du vélo à tous les âges, notamment auprès des plus jeunes. Une manière de mettre en avant tout le positif que peut nous apporter ce moyen de locomotion. Bon pour le moral et pour la santé, évidemment. Mais aussi et surtout capable de nous faire appréhender le monde qui nous entoure différemment. Les réalisateurs évoquent notamment une étude démontrant que les cyclistes s’aventurent souvent dans les rues encombrées et sinueuses. Loin des voies réservées, parfois plus ennuyeuses. Pour faire partie de la vie de la ville. Pour pouvoir l’observer de plus près. Pour ne rien manquer. Le vélo nous permettrait également d’être plus libre. Nous offrant la possibilité de faire ce que l’on veut, quand on le veut.

« Si toute une nation s’y est mise, pourquoi pas nous ? » questionne Stein van Oosteren, auteur de Pourquoi pas le vélo, au moment de débattre avec le public après le visionnage du documentaire. Il faut d’abord imaginer ce réseau cyclable, précise l’auteur. « J’ai remarqué qu’il fait toujours beau dans ce film ! » s’exclame un spectateur. Mais selon l’écrivain, la météo ne peut être une excuse. La pluie reste un sujet éminemment psychologique. Surtout en France et plus particulièrement dans le Sud, où le beau temps est quasiment toujours au rendez-vous. « Ce n’est pas de la science-fiction, ce modèle de déplacement peut devenir notre réalité ». Evidemment, d’autres moyens de transport disposent d’une grande légitimité, notamment le train. Aux Pays-Bas, un cycliste sur trois prend son vélo pour se rendre dans une gare, ou en revenir. L’objectif reste alors de rendre ce maillage efficace.

Elisa Hemery