Sormiou : une histoire de famille
4 mai 2021
Guillaume Nouel de Tourville de Buzonnière, membre de la famille propriétaire de la calanque de Sormiou explique comment celle-ci fonctionne. Ce jeune directeur du magasin Marrou traiteur, place de l’Opéra à Marseille, dépeint « la plus belle calanque du monde ». 

Comment débute l’histoire entre la calanque de Sormiou et votre famille ? 

Mon ancêtre, Marie de Sormiou, s’est mariée en 1885 avec Alfred de Ferry et la dote n’était autre que Sormiou ! On a connu pire comme cadeau de mariage (rires). Cent trente six années plus tard, c’est notre famille, les de Buzonnière, qui la détient et l’association des calanquais de Sormiou la dirige. André Pacito en est le président. Cet endroit représente pour nous beaucoup de souvenirs. Nous avons un attachement particulier à ce lieu mythique qui nous rappelle sans cesse notre histoire familiale. 

Pourquoi Sormiou est-elle « unique » à vos yeux ? La considérez-vous comme la plus belle des calanques ?

Sormiou est unique pour moi car déjà, c’est la plus grande des calanques entre Cassis et Marseille. La pureté de l’eau y est également exceptionnelle, elle est plus claire qu’ailleurs. Les cabanoniers vivant ici à l’année donnent un charme fou à ce repère. 

En parlant de cabanoniers, qui sont-ils ? 

Il s’agit surtout de retraités qui ont toujours vécu dans leurs cabanons. Ce sont de vrais cabanoniers qui ne quitteraient Sormiou pour rien au monde. Tous leurs souvenirs et toute leur vie sont ici. En général, les cabanons se transmettent de génération en génération. Il est impossible d’acheter un cabanon, sauf exception. En revanche, la location se fait depuis quelques temps. J’ai avec eux une entente très cordiale. Quand je leur rends visite, je peux entendre « Le petit de Buzonnière arrive… ». Je les côtoie chaque année pendant plusieurs semaines dès l’arrivée des beaux jours. Ils m’ont vu naitre. 

Depuis 2012, Sormiou fait partie du Parc national des Calanques. Que cela a-t-il changé ?  

La vie des cabanoniers a été chamboulée du jour au lendemain ; ce qui a été plutôt compliqué. Les règles y sont désormais plus strictes. Les barbecues sont par exemple interdits, et je peux vous dire qu’à l’époque ça a « gueulé », comme on dit chez nous. Certains cabanoniers ont eu l’impression qu’on leur ôtait leur liberté d’agir. A l’inverse, les réserves naturelles font beaucoup de biens à l’écosystème de Sormiou. On retrouve depuis peu des mérous qu’on n’avait plus aperçus depuis un bon moment ! 

Comment avez-vous vécu la surpopulation de la calanque l’été dernier ? Cette période Covid est-elle une promesse de « retour à la normale » ? 

L’été dernier la calanque était sur-fréquentée, c’est vrai. La vie des cabanoniers n’était plus trop la même. C’est un endroit magnifique et je comprends que de nombreuses personnes souhaitent le visiter ou s’y balader. Mais cet afflux massif de personnes nuit très nettement au charme de cette calanque qui est à l’accoutumée d’un calme olympien. Pour moi, l’accès doit être restreint car c’est une route sensible par rapport au risque d’incendie principalement. Je suis sûr que tout rentrera dans l’ordre et que nous allons une nouvelle fois pouvoir flâner dans la plus belle calanque du monde ! 

 

César Ivaldi