Si vous avez suivi le Z Event 2021, vous avez peut-être remarqué qu’il y avait un peu plus de femmes que lors des précédentes éditions. Sur 51 streamers, on pouvait compter huit femmes, dont Maghla ou encore Ultia. Vous vous direz sans doute que ça ne représente même pas un quart des streamers présents et que ça ne fait pas beaucoup. Et bien, vous avez entièrement raison ! Et malheureusement, cela fait écho à un problème plus large : la discrimination des femmes dans le monde du gaming.

 

Évidemment, les femmes sont actuellement victimes de sexisme dans de très nombreux domaines, mais aujourd’hui c’est mon édito et j’ai décidé d’aborder cette question dans un sujet qui me touche. Les jeux vidéo font partie de mes loisirs et je ne m’en cache pas. Je pourrais d’ailleurs commencer par là : jouer aux jeux vidéo est censé être un moment de détente. Mais difficile d’accéder à cette dose d’endorphine promise quand on reçoit des commentaires sexistes ou des insultes parce qu’on est une femme ! Et même en dehors des temps de jeux, vous avez sûrement déjà entendu la fameuse “les jeux vidéos c’est pour les garçons” ou une autre phrase de ce genre. C’est tellement stéréotypé !

Et pourtant, à l’origine, les jeux vidéos n’ont pas été conçus uniquement pour les garçons, même s’ils en deviennent rapidement la cible privilégiée. Le public féminin n’étant pas suffisamment touché par le phénomène, on a estimé que “les femmes ne jouent pas aux jeux vidéo”. Et même quand j’étais petite fille, il y a une quinzaine d’années, je me faisais traiter de garçon manqué pour ce « crime ». Et aujourd’hui encore, beaucoup ont du mal à concevoir que les femmes puissent s’intéresser aux consoles. Mais alors, pourquoi cette stigmatisation ? Est-ce à cause de la représentation des femmes dans les jeux ? On peut au moins en partie la pointer du doigt. Les trois-quarts des protagonistes de jeux vidéo sont masculins. Quant aux personnages féminins, le bilan n’est pas très glorieux qu’ils soient protagonistes ou secondaires. Citez-moi des héroïnes qui ne sont ni des demoiselles en détresse, ni des potiches, ni hypersexualisées ? On pourra dire ce qu’on veut, si Lara Croft est un personnage féminin fort, elle reste grandement objetisée dans les jeux. Il n’y en a que très peu malheureusement. Difficile donc pour les femmes de s’identifier. 

 

Les joueuses ont la vie dure

Est-ce que cette mauvaise représentation féminine ne nuirait pas à l’expérience des joueuses ainsi qu’à leur traitement par la communauté ? On ne peut nier les nombreux comportements sexistes, immatures, déplacés et blessants dont sont victimes les femmes dès qu’elles s’approchent d’une console ou d’un clavier. Attention, je ne dis pas que c’est une situation systématique, mais récurrente. Finalement, cette ambiance provoque une certaine scission dans les types de jeux préférés par les hommes et les femmes. Je reconnais volontiers qu’il y a une part de personnalité qui nous attire tous vers tel ou tel type de jeu. Mais peut-être pourrions-nous avoir davantage de diversité si le respect était de mise dans la communauté. Essayez un peu de faire une partie de Call of Duty en multijoueur, vous m’en direz des nouvelles. Est-ce que la façon de représenter les femmes dans les jeux vidéo ne crée pas des attentes et des préjugés dans l’esprit des joueurs ? Je pense justement que c’est le cas, de la même manière que dans le cinéma ou la littérature, à ceci près que les jeux vidéo créent une interaction et ancrent donc davantage certains concepts. 

On peut en revanche saluer les progrès, bien qu’encore balbutiants, de ces dernières années. On peut notamment penser aux jeux des studios Bioware qui permettent souvent de choisir le genre de son personnage, il en va de même pour de nombreux MMORPG en ligne. Plus récemment, c’est Ubisoft qui s’est mis à la page en permettant au joueur d’incarner un ou une viking dans Assassin’s Creed Valhalla. Mention honorable pour ce studio qui avait déjà sorti un opus 100% féministe (Assassin’s Creed Liberation) en 2012 sur la méconnue PS Vita. J’en garde personnellement de très bons souvenirs et j’aime, aujourd’hui encore, m’y replonger à l’occasion. Après tout, n’est-ce-pas ça le plus important : que tout le monde y trouve son compte ? Il y a encore de grands pas à faire dans le monde du gaming pour que chacune puisse réellement s’y sentir à sa place. En attendant, je continuerai de m’évader sur une myriade de jeux, quitte à chasser les trolls et les ignorants.

 

Mathilde Gibillino