© Marie Scagni

 

Autrefois remisé dans les greniers et les caves, le disque noir redevient incontournable, même chez les plus jeunes. Qualité du son, bel objet ou tendance, les ventes de vinyles ont bondi ces dernières années.

C’est un air de Kiss qui détonne chez Music & Movies, disquaire indépendant à Aix-en-Provence. Minutieusement triées par genre musical, des centaines de pochettes colorées, datant des années 30 à nos jours, remplissent les rayons.

Sylvain, professionnel depuis 25 ans, a ouvert cette boutique il y a maintenant 12 ans. Entre temps, le marché du disque a bien évolué. « Les ventes de vinyles augmentent progressivement depuis environ 20 ans », constate-t-il. En effet, aujourd’hui, plus d’un disque vendu sur quatre est un vinyle : une part qui a plus que doublé en trois ans. Cette tendance a persisté même pendant la pandémie puisque selon le bilan du Snep, le nombre de ventes a augmenté de 10,2 % en 2021.

La clientèle s’est aussi diversifiée : les jeunes y prennent goût tandis que les plus anciens regrettent parfois d’avoir arrêté de s’en procurer et recommencent. « Avant, ceux qui achetaient des vinyles étaient essentiellement des gros collectionneurs ou des personnes qui n’avaient jamais vraiment arrêté d’en acheter. Depuis 3-4 ans, c’est devenu grand public », s’enthousiasme-t-il.

 

Un son différent et un bel objet en même temps

« Avec le MP3, c’est du numérique et avec le CD, c’est le même son que celui qu’on trouve sur les ordinateurs ». Selon Sylvain, le vinyle permet ainsi d’écouter la musique avec un son différent, non-compressé, ce qui plait à beaucoup de clients. C’est aussi le fait que « lorsqu’on aime un artiste, on a toujours envie de posséder un objet de lui ». En effet, pour ce passionné c’est surtout l’amour de l’objet qui explique cet engouement.

Sortir le disque de sa pochette, le placer sur la platine, déposer la tête de lecture délicatement et attendre quelques secondes. Puis enfin, entendre les crépitements annonçant le premier morceau… Des gestes autrefois familiers, qui le sont beaucoup moins aujourd’hui avec la digitalisation de la musique et l’avènement des plateformes de streaming. Selon Gaya, une cliente de 19 ans, « avec les vinyles, on prend plus le temps d’écouter les albums en entier ». En effet, ce type de disque oblige à se lever régulièrement pour changer de face et avec eux, il s’avère plus compliqué de sauter les musiques que l’on apprécie moins. L’occasion de profiter de tout ce que les artistes ont à nous proposer, sur un support mythique…

 

Marie Scagni