Du 2 au 12 octobre, Gamerz proposait la 10e édition de son festival des arts multimédia à Aix-en-Provence.
Rencontre avec Sylvain Huguet et Quentin Destieu, deux organisateurs de l’évènement, pour dresser un bilan de cette 10e édition.
Qu’est ce que c’est Gamerz ?
Sylvain : Gamerz est un festival d’art contemporain né en 2006, qui s’intéresse aux nouvelles technologies et au numérique. Le festival est composé d’un parcours d’expositions qui est le cœur de notre projet. Il y a aussi toute une série de performances, de concerts, de projections vidéo, et de projets qui alimentent ce festival.
Vous parlez de parcours d’expositions. Cette année, quelles étaient les différentes expositions proposées ?
Quentin : A la galerie Susini les visiteurs pouvaient découvrir une exposition monographique d’un artiste qui s’appelle Olivier Morvan. A l’école d’Art, plusieurs expositions étaient proposées : « La ferme à spiruline », une œuvre contrôlée par un jeu-vidéos, une exposition de gifs animés présentée par un artiste berlinois qui s’appelle Kim Asendorf, et une œuvre d’Adelin Schweitzer [Dichotomie #The Fisherman, une installation multimédia]. A la fondation Vasarely, deux œuvres étaient exposées : le CCC (pour copie copain club), un collectif d’artistes qui a fondé une plateforme internet basée sur la copie d’œuvres artistiques. L’intérêt pour nous c’était de matérialiser ces pièces qui sont disponibles uniquement sur le web, de leur donner vie dans un lieu d’exposition.
Qu’est ce que vous cherchez à montrer avec le festival Gamerz ?
Quentin : Il y a plusieurs objectifs mais à la base, le nom Gamerz vient d’une problématique : la place du spectateur face à une œuvre d’art. On ne veut pas que le spectateur soit face à l’œuvre, on souhaite que les œuvres l’intègrent plus ou moins. On défend un art qui met le spectateur en situation de jeu face à l’œuvre d’art. Il y a aussi cette volonté de s’ouvrir à toutes et à tous, on travaille donc avec différents centres sociaux, différents publics scolaires et étudiants. L’idée est de donner à voir un art contemporain qui soit ancré sur des cultures populaires, comme actuellement toutes les cultures numériques et le jeu vidéo.
Sylvain : Pour moi c’est vraiment amener le public à se poser des questions, justement par le biais de quelque chose de populaire et de ludique, et que le jeu soit un prétexte à s’interroger sur ce qui nous entoure et sur les technologies en général. L’idée est de toucher à différents types de publics, des publics aussi bien éloignés, avertis, que professionnels.
Quentin : Nous souhaitons également affirmer un courant d’art relativement récent, né dans les années 90 et qui est lié à la culture pop sur le support numérique. L’affirmer en tant qu’art contemporain et trouver certains circuits de distribution auprès de collectionneurs ou festivals. L’idée est aussi d’accompagner via notre laboratoire, des artistes que nous accueillons à l’année.
L’édition 2014 de Gamerz a-t-elle été un bon cru ?
Sylvain : On a eu de très bons retours aussi bien de la part du public, de la presse, que des professionnels. L’année dernière on a fait entre 8000 et 9000 visiteurs, et je pense qu’on a fait à peu près la même chose cette année, voire un peu plus.
Quentin : On n’a pas encore vraiment fait le bilan mais effectivement la 10e édition a été un bon cru : c’était une belle fête. Et le principe du festival c’est de créer des échanges entre le public et les artistes, mais aussi entre les artistes. Sur ce point là, on peut dire que c’est une belle réussite.
Quels sont les projets à venir pour Gamerz ?
Quentin : On va accueillir une série d’artistes en résidence entre le mois de novembre et le prochain festival. En plus de ça, on travaille avec différents partenaires sur Aix-en-Provence et à l’échelle de la Métropole de façon à réaliser un temps fort sur la création numérique qui s’appellerait « e-topie » et qui se déroulerait sous forme d’une biennale, sur plusieurs mois, entre octobre et décembre de l’année prochaine. « E-topie » a été mis en place l’année dernière dans le cadre de Marseille-Provence capitale de la culture européenne et regroupe toutes les structures qui travaillent autour de l’art numérique à Aix et à Marseille.
Jérémy Bouillard