Djellaba basket : un documentaire sur l’Islam à Marseille
Après avoir dévoré La fabrique du monstre et La chute du monstre, après avoir été touchée par Péril sur la ville, Philippe Pujol a une fois de plus attiré mon attention. Gros plan sur son documentaire Djellaba Basket, qu’il a réalisé avec Jean-Christophe Gaudry. A priori dubitative quant à l’idée du sujet -délicat, de nos jours, j’ai été intéressée par les témoignages qui répondent à la question que se sont posée les réalisateurs : « pourquoi cette envie de montrer qu’on est musulman est ainsi omniprésente ?». Ils auraient pu signer un énième documentaire sur l’islamisation en France, mais ils ont simplement choisi de faire parler des jeunes musulmans et des imams sur leur vision de l’Islam. Une façon de superposer deux Islam « différents », celui des anciens et celui de la nouvelle génération. Le documentaire s’intéresse à un phénomène de société, et non pas à la religion, ou à la politique. Et je trouve que c’est plutôt réussi car il reste assez neutre. La voix-off de Philippe Pujol apparaît comme une valeur ajoutée et explique les propos approximatifs de certains jeunes. Le parti pris assumé de ne pas faire parler de femmes est assez regrettable et, je reste sur ma faim. J’aurais souhaité en savoir plus et espère donc une suite.
Le chef d’œuvre Beloved, de Toni Morrison
Quatre siècles d’esclavage. Plus de 60 millions de victimes. Pourquoi cette haine de l’autre ? Voilà la question fondamentale que Toni Morrison pose dans toute son œuvre. Cette immense écrivaine s’est éteinte l’an dernier. Descendante d’esclaves, elle consacre sa vie à la question de la mémoire : « Sans la mémoire, nous ne sommes rien » disait-elle.
Pour écrire Beloved, elle s’est inspirée d’un fait divers tragique de la moitié du XIXème siècle. Un fait divers qui la hante : en 1856, une esclave avait fui le Kentucky pour rejoindre le nord abolitionniste. Rattrapée par son propriétaire, elle avait choisi de tuer sa fille. Pour qu’elle échappe à l’esclavage. Pour qu’elle reste libre.
Beloved est l’histoire d’un destin personnel et d’un passé collectif. En effet, Toni Morrison se consacre ici à cette bien terrible réalité qu’est l’esclavage. Dans un devoir de mémoire. Ce grand pan de l’histoire américaine est toujours passé sous silence dans les années 1980. Mais elle développe également avec rigueur la vie intérieure de personnages singuliers et inoubliables. Avec cette œuvre, elle donne ainsi le pouvoir aux esclaves plutôt qu’à leurs maîtres. L’écrivaine y mêle à la perfection les thèmes du pardon, du deuil et de la rédemption, tout en usant de touches surnaturelles.
Les sociétés se divisent, les tensions montent et des mouvements comme le Black Lives Matter voient le jour. Entendre la voix de celle qui n’a jamais cessé de raconter ce qu’être noir aux Etats-Unis veut dire semble plus que bienvenu. Surtout en ces temps troublés.
Kaamelott, le bijou d’Alexandre Astier
Le 19 octobre dernier, Alexandre Astier annonçait un deuxième report pour la sortie de son film Kaamelott, volet I. L’attente, qui dure depuis déjà onze ans, est prolongée pour une durée indéterminée à cause de la crise sanitaire. Un véritable coup dur pour les amateurs de la série qui revisite avec humour la légende arthurienne. Il faut dire que les personnages de Kaamelott ont considérablement marqué les fans, notamment grâce à leurs répliques cultes, mais pas que. Tous les protagonistes possèdent un trait de caractère particulier différent mais ils sont tous drôles et touchants à leur manière. La force d’Alexandre Astier, à la fois scénariste, metteur en scène, réalisateur et compositeur, c’est d’être parvenu à faire cohabiter des éléments contradictoires entre eux, tout en gardant une unité narrative claire. Le thème principal, la quête du Graal, devrait a priori mettre en lumière la noblesse et le courage de chevaliers. Au lieu de ça, ces derniers composent une cour stupide et couarde. Ils ramènent sans cesse le roi Arthur, un souverain éclairé, à la réalité de la vie médiévale. Si l’histoire se déroule il y a plusieurs siècles, les dialogues sonnent terriblement contemporains. Alexandre Astier mêle astucieusement des expressions et du vocabulaire moyenâgeux avec un franc-parler populaire et un argot très imaginatif d’aujourd’hui. Bien qu’âgé d’à peine 20 ans, l’auteur de ces lignes est totalement fan de Kaamelott, une série intemporelle qui se transmet -et j’espère se transmettra- de générations en générations.
Clara Goddet
Le tricot pour vous occuper pendant le confinement
Dans un contexte anxiogène, la « tricothérapie » (oui, oui) pourrait être une réponse à tous vos maux. Ses vertus apaisantes sont notamment dues à l’attention et à la patience qu’on lui accorde. Quand l’ouvrage est terminé, la satisfaction n’est pas des moindres : avoir confectionner son propre pull. Loriane le dit elle-même, sans avoir même jamais entendu parler du concept de « tricothérapie » : « ça occupe les mains et ça vide la tête ». En plus de cela, le monde hyper digitalisé qui nous entoure ne laisse que peu de place aux travaux manuels. Ce sera également l’occasion de renouer avec vos mains. A travers cette occupation, vous pourrez allier plaisir et conviction. En ce (re)confinement automnal, le tricot serait l’occasion de confectionner vous-même vos cadeaux de Noël. Un passe-temps qui pourrait donc non seulement palier votre morosité, mais aussi combler vos proches de cadeaux cousus-mains. Alors, au boulot ! Il suffit d’acheter des aiguilles et une pelote de grosse laine. Bonne nouvelle : les merceries demeurent ouvertes en ce moment.