© Magistère DJC

Il est 16 heures à l’entrée du Mazarin. Mehdi, responsable du cinéma aixois scanne les passes des spectateurs venus voir Une jeune fille qui va bien pour s’assurer que leur schéma vaccinal est complet. Dépité, un homme rebrousse chemin, son passe n’est plus valable depuis le 15 janvier. « Faire la police c’est contraignant, ce n’est pas notre métier » soupire Mehdi.

Depuis le lundi 24 janvier, il faut être muni d’un passe vaccinal ou d’un certificat de rétablissement Covid pour se rendre dans les salles obscures. « Le passe vaccinal n’est pas pire que le passe sanitaire, la plupart des gens étaient déjà vaccinés. Ça n’a pas accentué la baisse à laquelle on faisait déjà face. En ce moment c’est une période difficile » constate amèrement Franck Roulet, le directeur. Mais Mehdi reste optimiste puisque « depuis cet été on constate plutôt une recrudescence des spectateurs malgré les mesures, grâce à la sortie de tous les films qui avaient été repoussés l’année dernière ». Selon le CNC, les cinémas français ont retrouvé une fréquentation proche de la normale au mois de décembre avec 20,43 millions d’entrées en 2021 contre 22,68 millions en 2019.

En plus de leurs tâches habituelles, Mehdi et Yoann, tous deux responsables au Mazarin sont obligés de contrôler les passes avant de laisser entrer les spectateurs. « Les gens sont rassurés car ils se retrouvent qu’entre vaccinés mais ils deviennent moins rigoureux sur les gestes barrières. A ce moment, on doit intervenir pour faire la police ».

La séance commence. On n’entend que les murmures des spectateurs qui s’installent tranquillement. Aucun pop-corn ne craque sous les dents. Depuis le lundi 3 janvier 2022, il n’est plus possible de manger dans les salles. C’est un gros manque à gagner pour les cinémas qui gonflent leurs recettes grâce à la vente de sucreries. « La recette générée en confiserie par le Cézanne est supérieure aux recettes générées par la vente de places au Mazarin et au Renoir réunis. C’est une véritable machine à bonbons ».

Manon, 16 ans, n’a pas pu aller voir un film qu’elle attendait avec impatience. A partir de 16 ans, pour aller au cinéma il faut être en mesure de présenter un passe vaccinal. « C’est injuste, pourquoi quelqu’un de 15 ans non-vacciné peut se rendre au ciné et pas moi, ça devrait être la même règle pour tous ! s’indigne-t-elle. C’est mon choix de ne pas être vaccinée mais ça me fait de la peine car je voulais absolument voir My hero academia : world hero mission avec les fans en avant-première et je ne peux pas. Même si je sais que je le regarderai plus tard, ce n’est pas pareil. »

Depuis la réouverture des cinémas, les différentes mesures dissuadent certains spectateurs frileux de revenir. « Ces mesures ont entrainé des changements de comportement. Il y a eu une cassure avec la culture en général, les gens sont beaucoup plus chez eux, on a du mal à faire revenir toute une partie du public » avoue Franck Roulet.

A la fin de la séance, Sandrine sort de la salle satisfaite, le film lui a plu et elle réfléchit déjà au prochain qu’elle ira voir. « Je me suis clairement faite vacciner pour pouvoir continuer à aller partout, surtout au cinéma. Si j’avais pu je m’en serais bien passé ».

Alors que la salle se vide progressivement, Mehdi se prépare déjà à accueillir les spectateurs de la prochaine séance, téléphone à la main, prêt à scanner leur passe. « C’est contraignant mais c’est le seul moyen de rester ouvert ».

Aliénor Lefèvre