La crise économique provoquée par le Covid-19 a paralysé la France. Malgré cela, les activités économiques tournant autour de la mort connaissent une évolution particulière.
« En un an, les souscriptions aux contrats d’assurance vie ont été multipliées par quatre » explique la compagnie d’assurance Placement Direct. Le coronavirus a plongé le monde dans la plus grande crise du 21° siècle. D’un point de vue sanitaire, la France a perdu depuis le début de la pandémie plus de 88 000 citoyens, et tous les secteurs économiques sont en récession. Face à cette situation, le business de la mort est touché, mais de manière différente. Placement Direct est une boîte en ligne « Nous sommes une assurance digitale. Ça a été un vrai plus dans une économie où les réseaux traditionnels ont été bloqués. Cela explique en partie notre fulgurante ascension ».
Les pompes funèbres défigurées
Les pompes funèbres sont sans doute l’un des domaines les plus concernés par la pandémie et le métier en est dénaturé. « Ça n’a plus rien à voir ! Pendant le premier confinement, tout était déshumanisé. Les familles n’avaient pas le droit de voir leurs proches en fin de vie, et une fois décédé, ils n’avaient pas accès au corps » déplore Caroline Hatil conseillère chez Aix funéraire. Face aux nouvelles obligations, l’entreprise a dû s’adapter. « Quand quelqu’un mourait du covid, nous n’avions que quelques heures pour intervenir et sceller immédiatement le cercueil, avant de l’emmener au crématorium. On a donc commandé plus de cercueils ». En janvier, un décret a modifié ces instructions, qui commençaient à écœurer Caroline. « Je fais ce métier pour rendre hommage à des personnes, on organise des convois pour les familles, mais là ça n’avait plus de sens. »
Les viagers aussi impactés
Le secteur de l’immobilier a également connu une évolution. Les viagers représentent 1% des ventes immobilières en France. C’est un système où les personnes (souvent âgées) vendent leurs maisons en ne touchant qu’une partie de la valeur du bien, et une rente jusqu’à leur décès. Cela permet aux retraités de s’offrir un meilleur cadre de vie pour leurs dernières années, et aux acheteurs de parfois payer des maisons à moindre coût. Les personnes à risques sont les premières victimes du Covid-19 et cela attise une clientèle aux idées mal placées. « J’ai eu un coup de fil d’un acheteur qui m’a dit être intéressé car « les vieux vont mourir plus vite » mais j’ai vite coupé court à la conversation» dénonce Louis Dansereau dirigeant de Quebecois Immobilier. Cette crise sanitaire lui a tout de même permis de conclure des contrats qui s’éternisaient. « Un couple de retraités voulait vendre en viager. Nous étions perdus au milieu des travaux et des rénovations quand le covid est arrivé. Il a eu peur de laisser sa femme seule avec sa maigre retraite, alors il est revenu vers moi et on a conclu le deal ! » Louis est très proche de ses vendeurs qui deviennent un peu « ses papis et mamies ». Avec son accent québécois il rigole « un vieil homme de 90 ans m’a appelé, il avait vécu toute sa vie dans la Vaucluse et quand il a vu la pandémie, il est parti à Rome en voiture parce qu’il avait toujours eu envie de voir la ville ». Les viagers offrent une deuxième jeunesse aux vendeurs. « J’ai conclu un contrat avec une mamie, qui semblait très faible pendant toute la procédure. Je devais l’aider à monter dans ma voiture, elle avait du mal à parler. Mais une fois le contrat signé elle a sauté dans mon 4×4 et elle m’a dit « je pense que je vais partir en croisière, j’ai toujours rêvé de faire ça ! » Les gens qui vendent en viager n’ont pas peur de mourir, ils ont peur de s’ennuyer trop longtemps ».
Vincent Pic