Gwin Zegal à Plouha, Côtes-d’Armor
Jusqu’ici la Bretagne est l’une des régions les moins touchées par la violence de l’épidémie. Voulant profiter de cette exception, Loïg Chesnais-Girard, président de la Région, propose de faire de ce territoire un « laboratoire du déconfinement ».
Jeudi 1er avril 2021, au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron mettant en place un troisième confinement national, Loïg Chesnais-Girard se porte volontaire pour faire de sa région le « laboratoire du déconfinement ». Alors invité par franceinfo, le président PS de la Région a même affirmé que « cela fait des mois » qu’il soumet cette idée. En ayant des taux plus faibles qu’ailleurs en France, « on peut profiter de ces quatre semaines de confinement pour continuer à vacciner. Mais il faut en parallèle réfléchir à la stratégie de déconfinement et, pourquoi pas, être légèrement en avance ». Il souhaite profiter de cette « situation un peu meilleure » pour anticiper les stratégies de réouvertures progressives à l’échelle nationale. « Si on prend les quatre semaines pour travailler sur les sujets du spectacle vivant, du sport, du cinéma, on peut sans doute être prêts dès le 2 mai. Tester les choses, les analyser avec toute la responsabilité qui va bien pour revenir en arrière et doser, pour préparer ensuite la mi-mai qui a été annoncée par le président de la République ».
Avec l’annonce de ce nouveau confinement et la règle du télétravail qui s’impose, Loïg Chesnais-Girard est pleinement conscient de l’attractivité que représente la Bretagne, pour beaucoup de Parisiens notamment. « Nous savons que nous avons un certain nombre de Franciliens qui ont des attaches chez nous, qui sont eux-mêmes Bretons ou enfants de Bretons et ils ont envie de vivre les semaines à venir dans de meilleures conditions ». Il en appelle donc à la responsabilité, au civisme et à la rigueur de chacun. Le président de la Région se veut tout de même prudent. « Il y a des cas où l’on peut » ouvrir les vannes » et des cas où on ne le peut pas. On peut tester des choses. On peut tester des petits formats, des petites manières de réorganiser la vie sociale et culturelle. Ça doit pouvoir se concevoir mais pas forcément partout en Bretagne. Et le corollaire, c’est d’être responsable et de reculer si cela dérape. Mais il faut tester des choses tout en continuant à vacciner ».
Cet élan de volonté expérimentale a été suivi par Ronan Loas, maire de Ploemeur, commune du Morbihan. Invité sur LCI, il s’est dit prêt à servir de « cobaye », regrettant que les mesures de freinage de l’épidémie soient étendues à l’ensemble du pays, sans épargner les régions les moins touchées. Dans la lignée de Loïg Chesnais-Girard, Ronan Loas essaye de « vendre l’expérimentation sur les territoires où cela se passe bien. Pourquoi ne pas ouvrir les terrasses ? La vente à emporter est autorisée, mais les terrasses sont fermées (…) et tout le monde se réunit sur la plage. Pourquoi ne pas tester avec la distanciation ? Les commerçants de ma ville ne comprennent pas et ont l’impression d’être pénalisés pour des mauvais comportements qu’on a pu voir dans certaines régions ». La territorialisation est le mot d’ordre de ces élus qui plaident pour des solutions alternatives mais qui, pour l’instant, ne semblent pas être écoutées par le gouvernement. Une semaine après les déclarations d’Emmanuel Macron, les élus bretons n’ont reçu aucune réponse officielle. La région semble moins touchée que les autres grâce à sa situation géographique comme péninsule de l’Europe, exposée à peu de flux de populations, et à son climat océanique, moins favorable à la propagation du virus. Les métropoles bretonnes sont plus petites et le reste du territoire largement rural. Un dernier élément est parfois rapporté : le « civisme et la discipline » de cette population. Autant d’arguments qui pourraient jouer en la faveur d’un laboratoire du déconfinement. Pour autant, la Bretagne n’échappe pas à la règle et se retrouve soumise aux mêmes restrictions que l’ensemble du pays.
Lara Dubois