Après avoir été adoubés il y a un mois par la Haute Autorité de Santé, les autotests sont enfin disponibles en pharmacie. Très demandés par une frange de la caste politique pour servir de point d’appui afin de sortir définitivement de la crise du Covid-19, leur rôle et leur utilisation restent encore flous.
Nous vous proposons une session de rattrapage pour tout savoir sur ce nouvel outil.

Dans les pharmacies de Marseille, ce n’est pas encore la ruée pour se les procurer. Et pour cause, si les autotests sont annoncés comme disponibles depuis lundi, toutes les pharmacies n’ont pas encore été livrées. Une situation qui n’étonne pas Camille Molina, étudiante en sixième année de pharmacie, qui travaille dans une officine des Catalans. Son établissement a reçu les premières boites dès lundi, mais les pharmacies sont confrontées à un problème de quantité.  « Pour l’instant, nous n’en avons reçu que 10, parce que nous ne pouvions pas en commander plus », explique la jeune femme. « Nous en avons vendu cinq », poursuit-elle. L’une des raisons de ce départ timoré est le prix de vente : « Ce n’est pas gratuit ! Ce sont des boîtes qui coûtent 30€, et il y a cinq tests à l’intérieur ».

Encore un prélèvement nasal

Si l’utilisation des prélèvements salivaires sont encore à l’étude, les autotests disponibles depuis lundi se font, eux, par prélèvement nasal. « Il y a un écouvillon dans la boîte, il faut le mettre dans les 2 narines. Il y a aussi des dessins, qui expliquent bien, ainsi qu’un QR code », détaille Camille. « Une fois qu’on a fait le prélèvement, il faut mettre l’écouvillon dans un tube contenant une solution. On laisse imprégner une minute. Ensuite, il y a une petite cassette où il faut déposer la solution, qui va migrer. C’est le même principe qu’un test de grossesse. Une barre va apparaître, ce qui signifie que le test est conforme. S’il y a deux barres, cela veut dire que le test est positif ».

Faire appel au bon sens

Lorsqu’on compare cette nouvelle solution avec les tests antigéniques, réalisables en pharmacie, l’autotest conserve un avantage, lié à sa fiabilité. « De l’ordre de 75-80% si l’on est asymptomatique, et d’autant plus fiable si l’on a des symptômes », affirme Camille. De son côté, le test antigénique n’aurait une sensibilité clinique que de 50 à 60%. Cependant, un autotest positif n’exempte pas d’un test PCR, pour confirmer le résultat. C’est en tout cas ce que préconisent les pharmaciens lorsqu’ils délivrent les boites. Mais alors quelle est vraiment la plus-value de ces autotests ? « C’est surtout pour ceux qui ont des parents en EHPAD, qui doivent se faire tester avant chaque visite, ou bien des gens qui font souvent des déplacements », expose l’étudiante en pharmacie.

Le président de la région PACA Renaud Muselier, n’en démord pas, il a commandé en mars 150 000 premiers tests, pour « préparer le retour à la vie ». Le médecin de formation affirme même avoir demandé au ministre de la Santé Olivier Véran l’homologation de ces tests depuis le mois de janvier. « Je pense que ces autotests vont être pratiques pour le retour à l’école. Les parents vont pouvoir tester leurs enfants plus facilement », pose Camille Molina. Cependant, la pharmacienne émet un doute sur la capacité de suivi de ces tests.  « Sans compter les gens qui peuvent mal le réaliser, est-ce que ceux qui vont ressortir positifs vont vraiment s’isoler, se déclarer seuls de leur propre chef à la sécurité sociale ? Il risque de ne pas y avoir de suivi de ces gens, qui ne seront pas accompagnés par un professionnel », s’inquiète l’étudiante. La réussite de ce dispositif passera donc inévitablement par les préconisations des pharmaciens au moment de la vente. 

Léo Khozian