Forcées de renoncer aux activités de glisse, les vacanciers redécouvrent la montagne en temps de pandémie

C’est l’expérience des aficionados de ski et de montagne en hiver, alors que les remontées mécaniques sont fermées depuis plusieurs mois et que le couvre feu sévit chaque soir à 18h. L’enjeu : passer une semaine « au ski », alors que cette activité est quasiment impossible. Pour beaucoup, c’est difficile, voire insoutenable : « Mes deux enfants, de 18 et 20 ans, adorent la glisse. C’est leur principal plaisir lorsqu’ils viennent à la montagne. On y a passé une semaine à Noël, et ils ne sont pas sortis une seule fois du chalet », explique Nathalie, 49 ans. « On y retourne bientôt, et ça se fera sans eux, ils n’ont pas envie de venir dans ces conditions.  C’est sûr que la montagne en ce moment, c’est moins ludique, d’autant que les restaurants sont fermés », déplore-t-elle.

Grande amoureuse de la montagne en été, elle n’est pas pour autant déçue de son séjour. « On retrouve des activités plus estivales. J’ai découvert la randonnée en raquettes avec mon compagnon, j’ai aussi fait un peu de ski de fond. Ce sont des activités beaucoup plus physiques que personnellement j’aime beaucoup » détaille-t-elle. A Serre-Chevalier, où Nathalie va chaque année avec ses enfants, il y a aussi un lac. « On peut y faire du patin à glace, mais je n’ai pas tenté l’expérience ». Moins animés, les lieux retrouvent aussi un charme plus sauvage. « On a l’habitude d’une montagne hyperactive en hiver avec plein de monde, et là il y a vraiment une ambiance beaucoup plus sereine. Ça permet de redécouvrir les paysages ».

C’est aussi l’occasion pour de nombreuses familles de renouer le contact, à l’image de Vincent et ses proches : « On est partis une semaine entière, et on a fait plein d’activités », explique-t-il. Des classiques de la montagne : balade, luge, bataille de boule de neiges. Mais aussi des choses plus insolites, comme du « golf de neige » : « C’est comme un green », synthétise Vincent. L’occasion d’être interviewé puisque des étudiants en journalisme réalisaient un reportage sur ce sport hors du commun. « Ils ont demandé de nous filmer, puis ils m’ont posé plein de questions sur la semaine qu’on passait, c’était assez amusant ». Le soir était propice aux écrans pour les enfants, fatigués de leur journée, mais aussi à des jeux de société. « D’habitude, on n’arrive pas à en faire, que ce soit le week-end ou en vacances, parce qu’il y a toujours l’un de nous qui va s’énerver. Là, c’était zen, et on a pu faire quelques soirées de jeux en famille, en étant posés ».

Une atmosphère plus calme en montagne

Pour Victor, 22 ans, parti en montagne mi-février, ça a été l’occasion de se détendre un peu : « Je suis seulement resté un week-end, mais c’était un moment d’apaisement ». Pour lui, aller au ski est souvent synonyme d’une semaine intensive : « Quand je pars en famille, mes petites sœurs vont en école de ski le matin, on mange à midi, puis on skie en famille l’après-midi, c’est un programme très chargé », développe le jeune homme. « Pour une fois, je n’ai pas ressenti cette pression, et on a pu faire des activités plus calmes : un bonhomme de neige, des petites balades ». Une semaine en autarcie, avec des repas en famille le soir. Moins festif, mais plus reposant.

Pour ses petites sœurs, restées toute la semaine, c’était aussi l’occasion de découvrir de nouvelles activités. « Elles ont fait pas mal de luge, des promenades en raquette avec les parents », raconte Victor. « Les remontées mécaniques sont fermées, mais il y a encore des grands tapis roulants qui sont fonctionnels. Grâce à ça, les filles ont pu faire une journée d’initiation au snowboard ». Une semaine moins cadrée que d’habitude, mais un véritable moment d’amusement et de connexion avec la montagne. Un instant de respiration bienvenu dans cette période difficile.

Simon Ansart-Polychronopoulos