@MathildeSanchezGarcin

Partout en France, les étudiants ukrainiens vivent la guerre à travers leurs écrans et tentent de soutenir leur pays à distance. Né à Odessa, grande ville portuaire au sud de l’Ukraine, Vadym Perekrestenko, 26 ans, étudie à Aix-en-Provence depuis 2019. Il nous livre son témoignage.

Comment as-tu appris le début de l’invasion russe ?

« Comme d’habitude j’ai pris mon téléphone et j’ai commencé à scroller sur Instagram. J’ai vu qu’il y avait plein de messages d’amis à moi qui habitent à Kiev et qui cherchaient à fuir la ville. Puis j’ai décidé de regarder les infos et j’ai compris que depuis 5h du matin, les russes avaient envahi l’Ukraine. Donc c’est surtout grâce aux réseaux sociaux que je l’ai appris ».

Quelle a été ta première réaction ?  

« Dans ma famille, nous sommes tous de Odessa. Au début c’était très stressant parce que les bombardements sont arrivés d’un coup, un peu partout en Ukraine. Personne ne comprenait et on se demandait « comment Poutine a osé faire ça ? » J’ai beaucoup entendu parler du fait qu’il allait y avoir la guerre mais je ne pensais pas que ça allait vraiment arriver et que ça prendrait cette ampleur. Nous étions en guerre depuis 2013 et quand tu vis avec ça pendant des années, tu t’habitues un peu à ce qui est dit, sans qu’il se passe quoi que ce soit ». 

Comment tes proches vivent-ils la situation ? 

« Ma mère était dans la cuisine et m’a raconté qu’elle a entendu un bruit de bombe pas loin de chez nous, ce qui lui a directement fait peur. Mon cousin habite près de la base militaire d’Odessa et s’est réveillé à 5h du matin parce qu’il a aussi entendu une bombe. Quand tu entends cela de tes proches, tu te sens vraiment concerné par la guerre. 

Avec un peu de temps, quand tu vois comment le conflit se développe, tu te rends compte qu’il y a une certaine logique dans tout ce qui se passe. Pour le moment, Odessa n’est pas aussi concernée que Kiev ou Kharkiv, donc je me suis calmé par rapport à mes proches. Ils se sont rendus dans un village tous ensemble pour se cacher dans la cave d’une maison. Mais on ne sait jamais ce qui va arriver ». 

De quelle façon le conflit est-il perçu dans ton entourage et plus globalement par la population ukrainienne ?

« En ce qui concerne les jeunes, la plupart sont contre Poutine et sa politique. Ils recherchent plutôt un mode de vie proche de l’Europe, au niveau des valeurs et de la liberté. Nous savons très bien ce qu’il se passe en Russie au niveau de la manière de vivre. 

En ce qui concerne les personnes plus âgées, à partir de 45-50 ans, c’est plus compliqué. Elles ont vécu la dissolution de l’URSS et donc se souviennent de cette époque. Depuis le début de la crise que nous traversons en Ukraine, la qualité de vie a baissé, ces gens ont donc une certaine nostalgie de ce qu’ils avaient au temps de l’URSS. Par exemple, mon grand-père vient de la ville de Grozny donc il est assez pro-russe et pense vraiment que Poutine vient pour nous sauver ». 

As-tu eu l’occasion de participer aux aides mises en place pour l’Ukraine, en France, ou alors t’es-tu rendu à un mouvement ? 

« J’ai des amis à Odessa et Kiev qui récoltent de l’argent pour aider les militaires donc je leur en ai envoyé. Malheureusement, je n’ai pas participé aux manifestations organisées à Aix-en-Provence ou ailleurs car j’ai beaucoup de travail et des projets à rendre pour les études ».

Mathilde Sanchez Garcin