©Aliénor Lefèvre

« Les Aixois ont fait preuve d’une telle générosité envers le peuple ukrainien que les collectes sont pour le moment suspendues ». Voilà ce qu’on peut lire actuellement sur le site de la Mairie d’Aix-en-Provence qui privilégie désormais les dons en espèce.

Les Aixois se sont montrés très généreux et n’ont pas hésité à donner des vêtements, couches et différents produits de première nécessité pour aider les réfugiés ukrainiens qui fuient la guerre. « Le Français est une personne très solidaire qui a toujours aidé dans ce genre de circonstance » témoigne un membre de la Croix-Rouge aixoise. « Le profil type est la femme de 50 ans. Également, les convictions religieuses poussent à donner », explique Jean-Philippe Reverdy, titulaire d’un doctorat en psychologie du comportement.

Une générosité particulièrement importante en temps de guerre

Cet élan de solidarité survient au moment où le pouvoir d’achat est menacé. Alors que la hausse du carburant pèse sur les foyers, les Français se mobilisent pour aider les réfugiés de guerre. Jean-Philippe Reverdy explique que ce phénomène peut s’analyser par trois biais. Le premier est attentionnel. « C’est notre sensibilité qui parle. Il y a une forme d’identification. La guerre est en Europe alors qu’on pensait que c’était de l’Histoire ancienne. Maintenant c’est de l’actualité. Ça effraie car la guerre ça reste une boucherie, d’autant qu’on sait que les armes ont beaucoup évolué. Le Français est donc davantage généreux avec les réfugiés ukrainiens qu’il n’a pu l’être pour les Afghans, Syriens ou Irakiens ».

Le docteur en psychologie explique ensuite que le second biais est mnésique. « C’est le fait d’avoir des souvenirs en commun et donc de jouer sur notre état affectif. Ça nous rappelle ce que nos parents et nos grands-parents ont pu vivre en 39-45. C’est un socle d’Histoire présent dans toutes les familles ». Selon M. Reverdy, le biais de jugement pousse également les Français à donner en ces temps difficiles. « Nous sommes perclus d’informations diverses et variées à longueur de journée. Les médias ne parlent que de la guerre, notre attention est captée par cet événement. On est dans l’ère de l’image, du sensationnel permanent. Notre jugement peut donc en être altéré ».

Alors que les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Européenne sont réunis à Versailles, une solution pour arrêter le Kremlin semble difficile à trouver. Emmanuel Macron a déclaré jeudi 10 mars qu’il ne voyait « pas de solution diplomatique dans les prochains jours ». Tant que la guerre continue de frapper chacun continue donc d’aider à sa manière. « Donner est un réflexe identitaire. On pense qu’il faut sauver l’Europe des griffes du méchant Russe. Chacun à son niveau agit en offrant quelque chose », conclut Jean-Philippe Reverdy.

Aliénor Lefèvre