Samedi 21 octobre 2023 à 14 heures, une marche blanche a été organisée en l’honneur de Soucayna. L’étudiante de 24 ans à la faculté de Droit et de science politique d’Aix-en-Provence a été la victime indirecte d’un règlement de comptes à Marseille. Le 10 septembre dernier, vers 23 heures, Soucayna a reçu une balle perdue alors qu’elle révisait dans l’intimité sa chambre à Saint-Thys. Touchée à la tête, la jeune fille est décédée le lendemain. Sa famille, ses amis et plus d’un millier de personnes se sont rassemblés en sa mémoire. De la Porte d’Aix à la préfecture, le cortège a rendu hommage à l’étudiante et à toutes les autres victimes du trafic de stupéfiants dans la cité phocéenne. Retour sur un moment hors du temps.

 

Vêtue d’un tee-shirt blanc avec une photo de Soucayna et de sa petite sœur, la famille de la victime est la première à arriver Porte d’Aix. Des câlins sont échangés et les premières larmes apparaissent. Les yeux se lèvent vers le ciel avec une seule pensée : Soucayna. Paradoxalement, les sourires reviennent au fur et à mesure que la place se remplit. « Cela fait chaud au cœur de voir les gens se déplacer. Mais sincèrement on aurait pu être 10, ça aurait été quand même un bel hommage » extériorise Toulé, membre de la famille. À 14 heures, le cortège commence son trajet dans le calme avec, en première ligne, la famille de Soucayna. Plus le cortège avance, plus il grossit. Quelques applaudissements rompent le silence lorsque des passants se joignent à la marche blanche, signe de la solidarité entre Marseillais. Parmi eux, Frédéric, le voisin de la défunte : « J’ai tenu à être présent pour cette fille. Il faut être digne et humble. J’ai une nièce de 23 ans. J’ai beaucoup pleuré. » 

Une fois à la préfecture sous le beau temps provençal, le cortège s’arrête et une voix s’élève. Les discours des proches se relaient avec une caractéristique commune : une voix tremblotante. Les nombreux journalistes présents attendent le discours de la mère de Soucayna, mais, trop émue, elle confie le porte-voix à l’organisatrice de ce rassemblement. « Cette marche commémorative est en l’honneur de Soucayna mais aussi en l’honneur de toutes les victimes indirectes du trafic de stupéfiants à Marseille » indique Karima Meziene, porte-parole du collectif des familles des victimes. Son propre frère à d’ailleurs  été tué par les narco trafiquants. « Il faut alerter l’opinion publique. Les mesures prises par l’autorité publique ne sont pas suffisantes. Il faut agir sur le long terme sur le terrain mais aussi sur le plan judiciaire. Toutes les familles des victimes voient leur demande de réparation du préjudice se conclure par une ordonnance de non lieu”.

L’étudiante en deuxième année de droit est tristement devenue la 43ème personne tuée sur fond de faits liés au narcobanditisme. Une ambiance dans la cité phocéenne hostile au bon développement des jeunes. La présence d’élus locaux lors de la marche blanche en est le témoin. Hervé Menchon, adjoint à la mairie de Marseille et membre du Printemps Marseillais conclut la séquence : « Soucayna incarnait l’espoir de la réussite sociale à Marseille. Elle a été touchée par un tir de Kalachnikov, ça démontre un véritable abandon de la cité. Le nombre d’incivilités augmente et il faut réagir. Il faut que l’école reprenne sa place, que les logements soient entretenus. Et c’est le travail des élus de protéger ses habitants ».

Vers 15h30 le millier de personnes s’est dispersé dans le calme, loin de la violence dénoncée par la famille de la victime. 

 

 

Début de la marche blanche à la Porte d’Aix

 

Tee-shirt porté par les participants

Arrivée du cortège à la préfecture

Louis Langlois