Photo © Magistère DJC
 
Le nouveau procès d’Harvey Weinstein s’est ouvert lundi 10 octobre à Los Angeles. Il comparait pour viols et agressions sexuelles. Diane Richard, coordinatrice de l’association nationale « NousToutes », décrypte les enjeux et conséquences d’un tel procès.

Le 10 octobre, il a comparu à Los Angeles pour agressions sexuelles et viols. En 2020, Harvey Weinstein avait déjà été condamné pour ses agissements. Dans ce procès qui devrait durer 2 mois, il devra faire face à cinq de ses accusatrices et risque jusqu’à 140 ans de prison.

« Il s’agit d’une libération de l’écoute, les femmes ont toujours parlé, mais désormais la société se rend compte de l’ampleur du problème », explique Diane Richard. Pour elle, un tel procès permet de faire entendre la parole des femmes. Elle indique aussi qu’il peut inciter les victimes à aller porter plainte « si le procès est bien couvert et bien encadré ».

Pour autant, elle nuance son propos. Tout ne peut pas se résoudre avec un procès. Parfois, même, cela empire les choses, notamment dans un procès aussi médiatique que celui de l’affaire Weinstein.

« C’est à double tranchant »

La justice, c’est avant tout un modèle. Les répercussions d’une décision sont colossales. Qu’il s’agisse des victimes qui intentent le procès ou non. Pour celles qui sont en train de vivre le procès il s’agit d’une « deuxième violence ». Diane Richard explique que cette agressivité se joue à deux niveaux. Dans le tribunal, la victime devra revivre l’événement traumatique. A cela s’ajoutera, à l’extérieur, la violence des réseaux où va se « déverser toute la haine contre les victimes et laisser s’exprimer la misogynie et le sexisme à leur encontre ».

Ainsi, une victime qui s’engage dans une procédure en justice sera confrontée à la violence qu’elle sous-tend. De ce point de vue, Diane Richard indique que le procès n’est peut-être pas la meilleure idée, ou en tout cas qu’il « n’est pas un aboutissement en soi ».

Toutefois, elle mesure sa pensée : « Cela dépend de ce que chaque victime veut. Par exemple, on ne va pas lui dire d’aller porter plainte mais on ne va pas non plus dire de ne pas le faire ». Pour la militante féministe, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Il faut que chaque victime fasse son choix et soit en accord avec celui-ci « Peut-être qu’elle trouvera des réponses dans le système judiciaire, mais il faut qu’elle sache que ça peut être une deuxième violence ».

Mais un autre problème se pose, plus général, et il concerne le fonctionnement interne du système : « Il faudrait réformer la justice ». Elle met en parallèle la situation aux Etats-Unis avec celle de la France. Diane Richard explique qu’à l’échelle nationale, le système judiciaire va mal. Elle chiffre par exemple le nombre de viols condamnés à 0,6%.

Ainsi, le procès d’Harvey Weinstein risque de poser plusieurs difficultés, allant des traumatismes que revivent les victimes au traitement médiatique de cette affaire.

 

Noémie Letellier