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Malgré la tempête médiatique autour de la soirée « Dahmer is back », le Complex Club d’Aix-en-Provence maintient l’événement ce lundi soir à partir de minuit. Face à ce sujet brûlant, étudiants et jeunes adultes aixois réagissent et donnent leurs avis. 

Une vidéo furtive, un partage maladroit et un réseau qui se nourrit de polémiques… En quelques heures, la boîte de nuit le Complex Club d’Aix-en-Provence se retrouvait sous le feu des projecteurs, mais surtout des critiques le 13 octobre dernier. Pour rappel, la discothèque située dans le quartier du Pont de l’arc a décidé d’organiser une soirée d’Halloween, ce lundi 31 octobre, consacrée au succès de la série « Dahmer-Monstre ». Problème : l’un des clients de la boîte de nuit publie de brèves images des vraies victimes de Dahmer dans un montage. Une publication repartagée par le Complex. S’en suit alors un déferlement d’insurrections sur Twitter. 

Pour essayer d’éteindre tant bien que mal l’incendie, Fabrice, patron du club depuis cinq ans, s’exprime rapidement au micro de France Bleu Provence : « On a fait une connerie, mais on l’a faite par maladresse. Loin de nous l’idée de glorifier le tueur et ses actes. Cela ne mérite pas le déferlement de haine (…). Les menaces de mort sont venues de la France entière. » Depuis le gérant a refusé toutes nouvelles sollicitations de la presse.

En dépit de ces multiples messages de haine, l’équipe du Complex maintient la soirée avec le même thème. Sans la présence d’images réelles du tueur ou de ses victimes, mais simplement avec un « décor un peu glauque », affirme Fabrice à France Bleu Provence. 

« Une stratégie pour faire le buzz »

Si plusieurs festivités sont prévues dans le centre-ville, le Complex reste l’un des lieux les plus prisés par la jeunesse lors des soirées Halloween. Mais pour Chiara, 20 ans, pas question d’y mettre les pieds. « C’est un scandale. Je trouve que faire une soirée dans une boîte de nuit sur le sujet de Dahmer, c’est un manque de respect aux victimes. C’est horrible d’afficher des photos de cadavre. Aucune autre boîte de la région n’a eu l’idée de faire une telle soirée. »

Même constat du côté de Laura, 23 ans. « Proposer une soirée avec un thème qui a sensibilisé et meurtri des dizaines de familles est une chose, la maintenir après la vague que cela a provoqué en est une autre. Je pense qu’il est important de dissocier fiction et réalité, on parle d’une soirée sur le thème d’un véritable tueur en série. On peut interpréter ça comme une envie de faire le buzz, avec la sensation qu’ils veulent allumer le feu. »

C’est sur ce dernier aspect qu’Aubin, 22 ans, veut mettre l’accent. Pour lui, le Complex était totalement conscient de l’impact d’un tel agissement. « Je soupçonne une stratégie pour faire le buzz. » Une opinion que partage Lucie, 21 ans, qui remet également en question l’objectif réel de la discothèque. « J’y vois aussi une stratégie sensationnaliste pour faire le buzz. C’est à mon sens une mauvaise stratégie marketing, bien sûr, mais ça n’est que la partie visible de l’iceberg. Faut aussi se demander pourquoi une entreprise a pu se dire que montrer des photos de vraies victimes serait attrayant pour les jeunes… »

Du point de vue de Raphaël, 23 ans, l’analyse est plus pondérée. Si cela reste une « énorme erreur du Complex, les menaces de mort reçues par le patron sont du même niveau ».

« Cela ne me choque pas du tout » 

Un bilan plutôt accablant donc, mais qui ne fait toutefois pas l’unanimité. C’est le cas de Florian, 24 ans, qui ne voit pas cet événement comme une provocation. « Cela ne me choque pas du tout. Ce n’est pas la première fois que l’on surfe sur la vague du moment. L’année dernière, c’était Squid Game. Une série Netflix, cela a toujours un énorme impact. C’est une erreur du Complex bien sûr d’avoir partagé ces images. Mais ça ne m’étonne pas du tout une soirée Halloween avec ce thème. » 

Un avis que valide Isac, 27 ans, qui remet en cause le tribunal médiatique de Twitter : « Aujourd’hui dès qu’il y a un pas de travers, les réseaux sociaux s’emportent et condamnent fermement. Et cela crée un effet boule de neige. La boite a partagé pendant trois heures seulement ces images choquantes. Après, elle les a supprimées. Je comprends qu’ils n’annulent pas. Ce n’est pas la première fois qu’un club utilise un personnage glauque pour imaginer une soirée. »

Le Complex Club d’Aix-en-Provence n’a en tout cas jamais fait autant parler de lui que ces dernières semaines. Buzz ou bad buzz ? Le nombre d’entrées réalisé par le club aixois sera un premier élément de réponse. 

Lucas Emanuel