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Au cœur de la saison de sports d’hiver, la rédaction a rencontré Némo Mantero, une véritable tête brûlée qui dévale en ski freeride les pentes les plus difficiles des Alpes. Le Suisse, âgé d’à peine 20 années, enchaîne les victoires en compétition et multiplie les sponsors dans une discipline plutôt périlleuse et pas forcément accessible. Une ascension dans le monde du freeride à travers ses descentes impressionnantes qui a débuté depuis son plus jeune âge.

Comment en êtes-vous venu à vous lancer dans cet univers ?

« Avant tout, ce sont mes origines et ma famille qui m’ont permis de goûter au plaisir du ski. Ma famille est Suisse et a toujours pris l’habitude d’aller dans les Alpes dès que la neige était suffisante. Mon père m’a fait baigner dans ce monde depuis tout petit et je ne l’ai jamais quitté. Avec le temps j’ai compris que le ski à haut niveau plus classique me correspondait moins. Je me suis donc tourné vers le freeride ».

Votre discipline est dangereuse : comment dépassez-vous cette peur en haut de la piste ?

« En vérité il n’y a pas que la peur. En haut de la piste on se sent vivant. C’est la meilleure description que je peux donner. Un mélange de stress, d’adrénaline qui monte, de concentration et de liberté. Je pense que le fait de plonger dans cet univers dès mon adolescence m’a permis d’apprivoiser l’appréhension. J’ai toujours été assez casse-cou, et c’est sûr qu’il ne faut pas avoir peur de se blesser. Mais la satisfaction que l’on ressent après avoir réussi un parcours difficile ou effrayant vaut largement le coup ».

D’ailleurs, la pratique de ce sport extrême s’accompagne souvent de blessures : est-ce votre cas ?

« Le freeride c’est faire des figures acrobatiques et des sauts de plusieurs mètres, donc naturellement c’est assez commun de se blesser. Je me suis fait les ligaments croisés après une chute de 15 mètres que je n’ai pas bien réussi à amortir, une blessure classique chez les sportifs mais qui est très redoutée. J’ai dû arrêter ma saison, et j’ai mis presque un an avant de pouvoir reprendre le freeride. Forcément j’avais peur de relancer les mêmes figures qu’auparavant à cause de ce genou fragilisé, mais ma témérité a vite repris le dessus. Aujourd’hui je n’y pense même plus. Cela ne m’a pas empêché de remporter la deuxième place au Freeride World Tour Qualifier fin janvier ! ».

A quel point la victoire est importante pour vous dans votre discipline ?

« D’une part, le ski freeride offre la possibilité d’être libre, de prendre le chemin que l’on souhaite et de passer où l’on veut. La victoire n’est donc pas au cœur de mon intérêt pour cette discipline. Mais d’autre part, je vous avoue que je suis assez mauvais perdant… J’aime la compétition. Durant les quelques jours de tournoi j’ai l’impression de m’améliorer autant qu’en plusieurs semaines tout seul. Se frotter aux autres skieurs talentueux est le meilleur moyen de se dépasser. Je suis fier de la deuxième place, mais bien sûr que je ne m’en contente pas ».

Pensez-vous pouvoir ou même vouloir vivre de cette passion ?

« C’est une question difficile pour moi. Je ne me considère aujourd’hui qu’à un niveau semi-professionnel. J’ai tout de même des sponsors, principalement de marques d’équipements, mais pas de nature à pouvoir en vivre pour l’instant. J’ai une vie étudiante le reste de l’année, et je ne sais pas si je pourrais tout lâcher pour me consacrer à une éventuelle carrière professionnelle. Mais ce serait évidemment un rêve pour moi ».

Mathis Aublin