La municipalité a tout mis en oeuvre pour permettre un élargissement des créneaux des stades et des gymnases pour les clubs et associations sportives. Une aubaine pour ceux qui ont l’habitude de profiter du week-end pour se dépenser, résignés à ne plus pouvoir pratiquer leur sport.

Certains n’avaient plus mis les pieds au stade depuis des mois. Le rituel reste inchangé, même après trois mois d’arrêt. S’ils ne sont plus jeunes et fougueux, la passion qui les anime demeure la même. « On met juste un peu plus de strapping aux chevilles et on garde le k-way plus longtemps que quand on était minots », rigole Hervé, instituteur de 30 ans en cette fraîche matinée. Dès les premiers touchers de balle, les sensations reviennent vite. « Que c’est bon de reprendre », « j’ai rien perdu ! »… L’ambiance pour cette reprise est optimale. C’est la ville de Marseille, par l’intermédiaire de son adjoint au sport Sébastien Jibrayel qui l’a décidée, pour venir en aide aux clubs et aux associations sportives, et leur permettre d’étaler leurs créneaux. « J’ai souhaité que les Marseillais, pénalisés par le couvre-feu, disposent de créneaux les week-ends afin qu’ils puissent exercer leur sport dans les meilleures conditions sans avoir à se soucier de l’heure. Ces créneaux seront réservés pour les associations sportives et conditionnés au respect des protocoles sanitaires mis en place par les fédérations des disciplines concernés » a détaillé le conseiller municipal. Depuis le 9 janvier, les clubs peuvent donc proposer des séances de 9h à 12h et de 14h à 17h sur tous les stades municipaux. Une aubaine pour cette équipe, dont la plupart des joueurs n’ont pas le temps de se dégager du temps en semaine, surtout depuis le couvre-feu à 18h. « Ça nous embêtait vraiment parce qu’on bosse tous la semaine et c’était juste pas possible de jouer. En plus, la plupart des terrains étaient réservés aux petits, qui ont les entraînements après l’école. Pour nous, qui n’avons pas joué depuis un moment parce qu’on n’avait pas de créneaux, ça fait du bien de pouvoir reprendre une activité physique », se satisfait Hervé.

Une appréhension palpable

Sur le terrain, l’ambiance est joviale malgré les rafales de Mistral à l’origine de quelques passes un peu trop imprécises. Si les masques ne sont pas de rigueur une fois sur la pelouse en synthétique, la crise sanitaire liée au Covid est dans toutes les têtes, et dans toutes les discussions. « Profitez bien de votre bol d’air car ça ne va pas durer selon moi », souffle l’attaquant de l’équipe, entre deux foulées. « À la télé, ils parlent déjà d’un reconfinement la semaine prochaine », poursuit un autre. Les rumeurs et les discussions vont bon train, mais l’espace de deux heures, la vie semble avoir repris son cours. À quelques petits détails près. « On a des attentions, des gestes qu’on ne fait plus et dont on se serait jamais soucié avant », se remémore Hervé. « Se taper la main après avoir marqué un but, aller dans les vestiaires pour se changer, la douche d’après match », énumère-t-il. Il faut donc avoir prévu un t-shirt de rechange et une doudoune pour éviter d’attraper froid par ce temps de grand vent, et patienter jusqu’à la maison pour prendre une bonne douche et se réchauffer. Et espérer pouvoir remettre ça dès samedi prochain.

Léo Khozian