© Magistère DJC

Le vendredi 28 octobre 2022, le Paranormal Festival a interprété sa deuxième édition au Palais des Sports de Marseille. D’origine niçoise, l'événement dédié à Halloween s’est étendu dans six villes différentes, dont la cité phocéenne. Cette année, c’est l’histoire du “book of Darkness” qui a transporté les festivaliers tout au long de la soirée. Au total, neuf artistes ont performé

Il est à peine 20 heures. La foule patiente sagement dans la file d’attente devant le complexe sportif. Déguisé en personnages morbides ou fantastiques, le public se distingue facilement au milieu des passants. Le festival commence relativement tôt, le monde peine à arriver à l’heure d’ouverture. Cependant, une fois passer les 21h30 l’espace commence à se remplir. 

De lourds frémissements font trembler entièrement les corps. La foule se tait. La scène est plongée dans le noir afin que chacun ressente cette sensation, pas toujours agréable et pour le moins étrange. Dans l'obscurité pesante, les vibrations représentent l'enfer et les éclairages viennent sauver les spectateurs. Une technique imparable pour attirer l’attention du public avant de lancer sur les cinq écrans géants le livre des ténèbres.

“Unissons-nous, une nouvelle fois face aux ténèbres (...) Il est temps ! Le prochain invité est ici pour vous transmettre une protection spirituelle." C’est ainsi qu’est récitée la parole sainte de l’ouvrage. Son objectif est de guider le public secoué à sortir de la pénombre. Les projecteurs s’allument. L’artiste est en plein milieu de la scène, prêt à faire son show. Chacun a sa propre personnalité, c’est donc une ambiance différente qui se crée toutes les trente minutes lors du changement de DJ. 

L’évènement se poursuit par l'arrivée surprenante d’un animé représentant un super héros accompagné d’un piment rouge. La musique du Roi Lion retentit, une silhouette se dessine dans le noir. Shad, le DJ d’origine réunionnaise apparaît les bras levés vers le ciel soulevant son fidèle acolyte le piment rouge. La mélodie de notre enfance est alors remixée, ce qui marque un changement d’ambiance. La foule se réveille. Elle chante et saute au rythme de la musique. Le spectacle luminaire accompagne le public tout le long de l’histoire. 

“Belial, Behemoth, Belcebu, Asmodeo, Satanas, Lucifer…” Les paroles sataniques résonnent lors de l'entrée de Raw. Personne ne représente aussi bien Halloween que ce personnage macabre. Ses cheveux longs tombent sur son visage telle la fillette dans The Rings. Avec sa combinaison et ses mitaines, il n'hésite pas à faire des doigts d’honneur à son audience. Après cette touche d'électro, DJ Bens entre en scène. Ses sons nettement plus commerciaux rassemblent la foule. Il ramène les spectateurs dans la lumière et communique par des touches d’humour avec eux. Sa représentation dure deux fois plus longtemps que les autres. Tout comme celui du guest Vladimir Cauchemar. La tête de mort tatouée d’un cœur tant attendu se montre enfin à 00h30. Tous les téléphones se lèvent. L’artiste monte sur le devant de la scène avec une musique qui tient en haleine. Il jette le foulard qui cachait son masque et le clou du spectacle débute. 

 

De membre d'un BDE à producteur de musique et de festival, il n’y a qu’un pas

 

Pierre Abbate, 31 ans, directeur et producteur du Paranormal Festival nous dévoile son parcours. 

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de fonder ce festival ? 

Quand j’étais plus jeune, de 2008 à 2012, j’étais investi auprès du Bureau des étudiants (BDE) de la faculté de droit à Toulon. J’ai fait un master en Droit. On organisait énormément de soirées. 

J’ai également lancé ma carrière musicale. Elle a explosé en 2021 avec un gros single qui m’a propulsé en radio. Cela m’a permis de rencontrer beaucoup de monde dans l’industrie. Mais j’ai voulu reprendre un peu l’organisation et la production donc j’ai décidé de créer le Paranormal Festival qui regroupe ces deux aspects.

Pourquoi le Paranormal Festival ? 

Pour Halloween, il y avait très peu d’offres en termes de festival. Il y avait aussi un intérêt commercial : les gens veulent profiter en se costumant et en allant consommer à l’extérieur de la fête et de la rencontre. J’aime particulièrement Halloween, j’adore cet univers dark. Lorsque j’étais au BDE, c’était vraiment l’événement pour lequel je m’investissais le plus.

Que proposez-vous de plus que les autres festivals ? 

Le déguisement. On est vraiment presque tous déguisés, dans un Zénith. On propose aux festivaliers une histoire, celle du “Book of Darkness ». Le public est transporté durant la représentation, tout au long de la soirée dans un thème et une histoire. 

Vous collaborez énormément avec les BDE, est-ce par rapport à votre histoire ? 

Absolument, il y a de nombreux festivals qui collaborent avec les BDE mais nous proposons un système allégé. Nous n’imposons rien aux associations. Elles sont totalement libres. C’est ce que j’aurais souhaité lorsque j’y étais. Il n’existe pas d’obligations de vente, ni de revenu minimum. Puis je trouve que c’est un bon relais. On les invite gratuitement, ça leur permet de découvrir autre chose et d’en faire profiter les étudiants de leurs promotions.

Gérez-vous d’autres événements ? 

On gère un festival qui s’appelle la Kermesse. Je précise que ça n’a rien de catholique, on a gardé uniquement le nom. C’est un événement qui se joue à Nice, où la programmation est exclusivement « années 2000 ».

Et quels sont vos projets futurs ? 

Nous aimerions augmenter le nombre de déplacements du Paranormal Festival. Au départ, nous avions qu’une seule représentation, alors que cette année nous en faisons six. Pourquoi pas en faire douze ou seize l’année prochaine.

J’aimerais beaucoup créer un événement de rock ou de métal. Aujourd’hui on a le Hellfest mais on n’a que ça en France. On aimerait créer ça mais dans le sud. À réfléchir, ça reste une autre organisation, un autre budget.

 

Emmanuelle Audibert