Avant même la sortie de « Flo », le long-métrage est déjà au centre d’un certain nombre de polémiques. À l’image des controverses entourant la série Tapie, les films Bernadette ou Procès Goldman. Le film consacré à la navigatrice décédée, Florence Arthaud, ne fait pas exception. Présenté en avant-première lors du festival de Cannes 2023, l’œuvre a fait l’objet de vifs échanges entre la réalisatrice Géraldine Danon et Marie Arthaud, fille unique de la « petite fiancée de l’Atlantique ». 

Les biopics sont un genre cinématographique basé sur la réalité qui peut induire une touche de fiction, de romance et de créativité. Lorsqu’il s’agit de personnes décédées, la liberté de création est étendue pour le personnage principal. En Droit, la mort est synonyme d’extinction de la personnalité juridique. La protection des droits de la personnalité contre les diffamations s’éteint après le décès. Si l’image d’une personne est protégée durant son vivant, la Cour de cassation refuse systématiquement l’existence d’un droit à l’image des défunts. Marie Arthaud, fille de Florence, s’inquiète que le film donne une « mauvaise image » de sa mère. En avril 2023, un référé (procédure permettant de trouver une solution à une situation d’urgence) est intenté par l’héritière pour obtenir le scénario du long-métrage. Sa demande est rejetée par le tribunal administratif de Paris. Selon le juge, les éléments produits par la fille de la navigatrice ne permettent pas d’identifier une exposition dégradante de la vie de sa mère pouvant porter atteinte à sa mémoire.  

Les proches désapprouvent les écarts avec le réel et refusent ces reproductions cinématographiques. « Selon moi il ne faut pas inventer des éléments qui n’ont rien à voir avec la vie du personnage principal même si c’est clairement ce qui est fait par les réalisateurs. Je pense même qu’il faudrait écrire le film avec un proche du personnage » , déclare Antoine Bert étudiant en Master « écriture documentaire – Cinéma et audiovisuel à Aix-Marseille Université ». 

Les cinéastes face aux questions de propriété intellectuelle 

La loi du 7 juillet 2016 prévoit la liberté de la création artistique. Elle énonce, modestement, « La création artistique est libre ». L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit d’un droit inaliénable sur celle-ci, du seul fait de sa création (article L111-1 du code de propriété intellectuelle). La famille Arthaud a déjà autorisé Yann Queffélec, romancier, à écrire une adaptation de la vie de la skippeuse. L’équipe chargée de la réalisation du film « Flo » n’a pas obtenu cette autorisation. Elle a racheté les droits d’auteur de la biographie, leur conférant un droit immuable de création. C’est par ces moyens, que la réalisatrice Géraldine Danon a pu produire ce biopic. En tant que réalisateur, Jean Lacaille donne son point de vu sur la question : « Le biopic pose un problème important quand il essaye de retracer la vie entière d’une personnalité en prétendant à une vérité historique ».  Il ajoute que « Les films comme « Bohemian Rhapsody » ou « Flo » tentent de reconstruire toute une carrière en la mêlant avec des événements personnels et je trouve ça confus voire malsain. Les scénaristes se concentrent sur des traits de caractère pour en faire des caricatures ». Qu’ils soient géniaux ou caricaturaux, les réalisateurs peuvent remercier la liberté de création artistique.

Massyl BENELHADJ