Jeune artiste berlinois, Konstantin arpente les villes du monde avec ses instruments et le sourire aux lèvres. Je l’ai accueilli quelques heures, le temps d’un concert. Portrait.
Konstantin est de passage à Marseille pour une semaine avec son ami Nicolas. Le programme est chargé : jouer de la musique et visiter la région dans l’espoir de trouver des lieux appropriés pour se produire. Habitué des voyages, il fait tout pour rencontrer des locaux et se faire accueillir, pour une ou plusieurs nuits. « J’ai voyagé dans beaucoup de pays et ce que j’en retiens le plus, à la fin, ce sont les personnes que j’ai rencontrées, elles enrichissent mes voyages ». Grand utilisateur de l’application Couchsurfing, qui permet de proposer un hébergement gratuit aux membres du service, il poste un message pour savoir si quelqu’un accepterait de les héberger dans les alentours, en échange d’un concert privé. Message envoyé, il répond qu’une solution pour le logement leur a été offert, mais propose tout de même de donner un concert.
Les colocataires sont prévenus, nous accueillons les deux musiciens le temps d’une soirée. Konstantin nous invite à convier du monde pour profiter du concert, « une vingtaine de personnes, comme ça on pourra passer un chapeau et récupérer quelques pièces ». Ils arrivent tôt ce qui nous laisse l’occasion d’échanger. Les deux musiciens viennent de Berlin, où ils se sont rencontrés en jouant de la musique dans la rue il y a deux ans. Depuis, ils ont parcouru quelques kilomètres ensemble. Leur musique s’inspire des rencontres et des influences de leurs voyages. Konstantin se souvient d’expériences incroyables « je suis allé à Istanbul en auto-stop avec mon frère, on a pris 7 jours et plus de 30 voitures différentes, c’était fou ! J’ai aussi partagé une soirée musicale très intime avec les habitants d’un tout petit village du Mozambique, j’en rêve encore ».
Le chanteur et saxophoniste n’a pas fait d’études mais se considère toujours élève à 29 ans. L’élève de la vie, qui s’instruit de ses expériences, ses voyages, ses rencontres. Il a vécu quelques années aux Etats-Unis et au Brésil et parle sept langues : allemand, anglais, français, portugais, italien, espagnol et letton. Il en apprend d’autres, comme l’arabe et le tchèque. Les yeux pétillants et le sourire aux lèvres, Konstantin pourrait parler de ses ambitions pendant des heures, mais le devoir l’appelle : il doit préparer ses instruments. 30 minutes plus tard, ils sont prêts, le concert commence dans une ambiance décontractée et chaleureuse. Plus d’une heure de sonorités différentes, mélange entre musique électronique, musique douce et musique festive. Les invités applaudissent, se font passer le chapeau qu’ils remplissent.
Le musicien à l’air heureux, et fier d’avoir pu partager sa passion avec de nouvelles personnes. Dans un français un peu hésitant, il remercie les convives de s’être déplacés et en profite pour demander leur avis sur la prestation. Il leur propose des albums, qu’il vend « à prix libre ». Il explique que pour lui, la musique c’est la liberté : « quand je voyage, je suis toujours impressionnée par le nombre de personnes bienveillantes et sympas que je rencontre. Il n’y a pas que des monstres sur cette planète, même s’il y en a beaucoup. Cela me donne confiance et me rappelle qu’on est libre de nos choix et de nos envies ». Dans son coin avec son ami Nicolas, il additionne les pièces reçues, une trentaine d’euros, au total. « On ne fait pas ça pour se faire de l’argent, on le ferait sans rien gagner. Mais c’est sûr, ça fait plaisir. C’est de cette manière qu’on essaie de payer nos voyages ».
Konstantin et Nicolas nous remercie chaleureusement, en nous offrant chacun un album. « Il faut les écouter en boucle et les faire partager » disent-ils avec un grand sourire. Ils quittent Marseille deux jours plus tard, le temps d’aller faire un tour dans les calanques et rencontrer de nouvelles personnes. Prochaine destination : l’Angleterre puis l’Irlande du Nord, où ils espèrent trouver un coin de canapé pour dormir et, si possible, un salon pour réaliser une petite performance.
Lenna GWISS