Le verdict est tombé mercredi 5 février : Donald Trump restera le président des Etats-Unis, au moins jusqu’à la fin de son mandat. Un acquittement attendu et qui renforce même l’image du milliardaire, d’ores et déjà en campagne en vue des prochaines élections américaines.
« Ce magnifique mot, je n’ai jamais pensé qu’il sonnerait aussi bien, ce qu’on appelle un acquittement total » s’est réjoui Donal Trump jeudi, lors d’une allocution à la Maison Blanche. Accusé d’abus de pouvoir et d’entrave à la bonne marche du Congrès, il a été acquitté au terme d’un vote très partisan. 52 voix contre 48 pour la première accusation et 53-47 pour la seconde.
Le Sénat américain, connu pour son indépendance et son impartialité, autrefois qualifié de « plus grand organe délibératif du monde » par James Buchanan, n’a pas fait honneur à sa réputation. Seul Mitt Romney, sénateur républicain, est un peu sorti des rangs pour la première accusation, jugeant Donald Trump coupable d’abus de pouvoir : « la corruption d’une élection pour se maintenir au pouvoir est peut-être la violation la plus abusive et la plus destructrice du serment prêté avant de prendre ses fonctions que je peux imaginer » a-t-il déclaré.
Comme on pouvait s’y attendre, il n’y a pas eu de délibération, républicains et démocrates ont campé sur leur position. Déjà pendant le procès, les partisans de Donald Trump avaient donné le ton, s’opposant à la convocation de témoins cruciaux. Au lieu de se concentrer sur les mises en accusation du Président américain, ils ont préféré attaquer la procédure, jugée « la plus bâclée, la moins juste et la moins approfondie » par Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat.
Mais pourquoi les démocrates ont-ils lancé cette procédure de destitution en sachant pertinemment qu’elle n’aboutirait pas ? Déjà parce qu’ils jugeaient que les faits le méritaient. Donald Trump avait suggéré l’ouverture d’enquêtes contre certains de ses adversaires politiques par l’Ukraine, en échange d’une invitation à la Maison Blanche et du déblocage d’une aide militaire gelée. Mais sans doute qu’ils espéraient aussi, en vue des élections présidentielle de novembre prochain, nuire à l’image de l’actuel président.
Reste à savoir quel camp saura profiter au mieux de cette procédure de destitution. Les derniers sondages montrent que, pour l’instant, c’est Donald Trump qui en sort grandi. L’institut Gallup a annoncé qu’il avait atteint en février 49% d’opinions favorables, le score le plus élevé de son mandat. Les démocrates quant à eux ont maintenant un autre problème à régler : faire émerger une candidature de rassemblement. La multiplication de candidats rendant illisible l’investiture démocrate.
En attendant peut-être d’autres révélations concernant l’affaire ukrainienne, Trump apparaît pour l’instant comme le grand gagnant, au sortir de cette procédure de destitution. Un parti démocrate divisé, un acquittement et un soutien sans faille de son parti (94% des républicains le soutiennent, contre 88% le mois dernier)… Il peut désormais se concentrer sur sa réélection.
Hugo Chirossel