Depuis le début de l’année, les Aixois profitent d’un climat doux et ensoleillé. Déjeuner, café ou apéritif sont partagés et appréciés sur les places de la ville. Le temps est bon, le ciel est bleu, et dès 16 heures, les premiers restaurateurs allument des petits chauffages au-dessus des têtes de leurs clients, pour les maintenir bien au chaud. Pourtant, la ville de Rennes a interdit l’utilisation de ses équipements depuis le 1er janvier, afin de réduire leur impact environnemental. Pour Thierry Salomon, co-fondateur de l’association Negawatt, les terrasses chauffées représentent un grand gâchis d’énergie. D’après une étude réalisée par l’association, « une terrasse de 75m² chauffée de 8h à 22h pendant huit mois émet plus de 13 tonnes de CO2 en un hiver, soit autant qu’une belle voiture neuve faisait trois fois le tour de la Terre ».
Après une année de mobilisation pour le climat, des prises de parole et des manifestations monstres, tout reste à faire. De nouvelles initiatives sont prises tous les jours, à toutes les échelles. Depuis l’interdiction des terrasses chauffées à Rennes, de nombreuses villes se questionnent sur la nécessité de suivre le pas. D’après le Journal du dimanche, on compte plus de 15 000 terrasses chauffées dans la capitale et des milliers d’autres dans toute la France. Toutes réchauffent l’extérieur, pour le simple confort de la clientèle.
L’interdiction des terrasses chauffées inquiète les gérants de bar et les restaurateurs, à l’image de Johanna, responsable du restaurant Aix Presso situé sur la place de l’Hôtel de ville : « il y a des efforts à faire au niveau environnemental mais l’interdiction changerait beaucoup de choses au niveau commercial ». En effet, dans une ville comme Aix-en-Provence, où de nombreux cafés et restaurants ne vivent que grâce à leur terrasse, le retour en arrière paraît difficile, car les clients s’y sont habitués et apprécient ce petit luxe. « Si je n’installe pas les chauffants, les clients ne s’installent pas et vont consommer ailleurs » assure Johanna, « les gens aiment être au chaud, je les comprends ».
Pour Katie et Petri, un couple de Finlandais de passage dans la ville, chauffer les terrasses « n’est clairement pas nécessaire, car il ne fait pas si froid ici ». « Je me souviens, il y a plusieurs années, ce genre de dispositifs existait en Finlande, ils ont fini par les interdire pour des raisons environnementales. Si même dans un pays aussi froid que la Finlande on l’a fait, on pourrait faire de même ici », confie le client installé sous un radiateur sur la terrasse de l’Aix Presso.
Pourtant, des solutions sont possibles : on pourrait choisir de n’allumer ces chauffages qu’après une certaine heure ou en dessous d’une certaine température. Les allumer à 16 heures sous 15°C peut paraître complètement insensé, mais ce sujet ne semble pas soulever beaucoup de questionnements dans les alentours et ne fera probablement pas partie des débats des prochaines municipales.
Lenna GWISS